Le Manuscrit Ronzier de Vern

Nous avons regroupé sous le titre "Manuscrit Ronzier de Vern" l'ensemble de textes issus des papiers de famille conservés dans son château de Vern par Paul-Albert Robert, érudit cévenol, qui les utilisa pour sa thèse, publiée à Nîmes en 1911 sous le titre "L'affaire du Pont-de-Montvert". Nous ne connaissons pas précisément les ascendants de monsieur Robert, et quels liens de parenté l’ont uni à la famille Ronzier ;.constatons simplement qu'un sieur Antoine Robert du Chambon est cité dans une des lettres publiées ici. Madame Aubin, fille de Mr Robert et seule descendante directe de la lignée, adhérente du Lien des Chercheurs Cévenols, me signala que l'abbé Roux avait une photocopie de ces documents. J’ai eu la chance de pouvoir photocopier à mon tour cette photocopie peu avant le décès de notre regretté ami.Une partie de ces papiers consistent en une copie faite par Monsieur Robert de mémoires et lettres, dont le mémoire d'Antoine Ronzier de Vern qui suit. Une autre partie est la photocopie de lettres originales, avec lesquelles nous avons complété le texte recopié par Mr Robert. Ces lettres sont malheureusement souvent assez dégradées et de lecture difficile, ce qui explique quelques manques dans la transcription (nous ne désespérons pas de retrouver un jour les originaux pour reprendre cette transcription). Le complément que nous avons ajouté au document initial de Mr Robert à partir de ces lettres est en italique dans le texte qui suit. Le lecteur verra que ces lettres sont d'un intérêt considérable, montrant l'ambiance qui régnait dans ces villages majoritairement catholiques de la région de St-Florent pendant la guerre des camisards. L'organisation en milices des habitants, le rôle du curé de Ste-Cécile d'Andorge dans l'attaque du village protestant de Branoux en réponse aux dégats des camisards dans sa paroisse, le sort de la femme de Moïse Bonnet (exécuté pour le meurtre de l'abbé du Chaila) apportent de nombreuses informations inconnues jusqu'alors. Notons pour terminer cette (trop) longue introduction, que le manuscrit Ronzier de Vern a été très bien exploité, pour ses aspects concernant l'organisation des "florentins" (milices anticamisardes propres à cette région située autour de la bourgade actuelle de St-Florent-sur-Auzonnet), par Chrystel Bernat dans son mémoire de maîtrise soutenu à Toulouse II Le Mirail en 1997, intitulé : Une révolte et sa contre-révolte.


 

Mémoires concernant les troubles causés en Cévennes en 1702 1703 1704 par les protestants révoltés dits camisars.

Extrait de certains papiers originaux que j'ai à mon pouvoir concernant les troubles causés en Cévennes en mil sept cens deux, trois, et quatre par les protestants révoltés dits camisars.

Robert

Memoire écrit de la main de Sr Antoine Ronzier de Vern

Ce mardi 25e juillet 1702 la nouvelle est venue qu'on a assassiné Mr l'abbé du Chayla au pont de Montvert lequel fut cruellement tué avec son valet par des gens inconnus qui tuèrent aussi le rentier de madame d'André. Cela arriva dans la nuit pendant qu'ils prechaient et chantaient des psaumes. Le lendemain matin ces cruels mutins s'en allèrent à Frugères où ils tuèrent aussi Mr le curé et le maitre d'école et mirent le feu à la maison claustrale laquelle brûla ensemble la porte de l'église comme aussi la maison à madame d'andré où logeait feu l'abbé du Chayla.

Cette cruelle sédition a inspiré de la terreur et donné lieu de nous assembler attendu qu'il n'y a point de troupes étrangères, mais seulement quelques compagnies de bourgeoisie qui ne peuvent pas survenir à détruire cette assemblée nombreuse qu'on dit d'environ six cens personnes.

Le mercredi 26e dud mois Mr de Tarabias et moi nous trouvames a Dieusse et résolumes avec les habitans de nous tenir sur nos gardes et de poser des sentinelles aux avenues pour garder les passages attendu les instances de ces malheureux qui voulaient venir bruler les églises et tuer les prêtres de ce païs.

Le lendemain jeudi 27e nous étant encore trouvé aud Dieusse, Mr de Tarabias eut avis de Mr de Corniaret de s'assembler à Malenotres (?) pour délibérer et prendre les expediens pour empecher ces scelerats de se satisfaire entierement ou étant il fut délibéré d'aller le lendemain à Vialas ou on s'était vanté de venir à sept heures du matin faire leurs prières et chanter les psaumes dans l'église dud lieu.

Le vendredi 28e nous fûmes aud Vialas étant environ deux cens hommes armés desquels je commandais environ trente de Vern Dieusse et le Martinet neuf et nous étant campés au-dessus de l'église, je fus prié par Mr Sollier secondaire dud Vialas de l'escorter avec six de mes hommes choisis pour aller tirer les ornemens habits sacerdotaux et vases sacrés de lad église ce qui fut exécuté, on mit le tout en deux ballots qu'on fit porter par deux hommes à Genolhac ou led Sr Sollier s'alla réfugier. Mr Bros curé s'était réfugié au Peras chez Mr de Corniaret. Ayant fait cette action, les ennemis furent avertis de notre marche, ils se dispersèrent, mais pourtant nous ne fûmes pas les attaquer. Dans le lieu de Vialas on nous donna à boire et à manger.

Ayant resté aud lieu jusques à midi nous retournames sur nos pas tambour battant et marchant en bataille ayant encore appris qu'on avait tué Mr le prieur de St André de Lancize.

Ces malheureux n'étant pas contents s'en furent à la maison de Mr de la Camp la Deveze de Barre où ils tuèrent ledit sieur de la Camp, la dlle sa femme et tous les autres qui furent dans la maison dont je ne sais pas le nombre; ils brûlèrent le château et s'étant ensuite campés au devant où ils mangeaient et buvaient, il survint Mr de Pouls capitaine d'une compagnie franche avec sa compagnie ou partie d'icelle qui tira dessus et en tua trois et fit trois prisonniers notamment le nommé Pierre Esprit qui avoua être un des chefs de cette cabale.

On a fait brûler led Pierre Esprit au Pont de Montvert au mois d'aout 1702, enesemble Moise Bonet coutellier de Peiremalle a St André de Lansuscle pour avoir été l'un des meurtriers de Mr le prieur dudit lieu, lequel fut pris à Peiremalle par Mr Coste capitaine comme aussi le nommé Nouvel de Nojaret pour être de la cabale de ces malheureux lequel avait été pris au devant de la maison du sieur de la Camp par led sieur Pouls.

Mr Coste capitaine d'une compagnie franche qui lui fut donnée en considération de ce qu'il avait défait une grande assemblée qui se fit proche de Chamboredon au-dessous de l'Issartol, led sr Coste avec sa compagnie dont mon frère de Bordezac à l'honneur d'être lieutenant étaient logés à Peiremalle ou casernés au fort, d'ou il manda deux soldats à Branous, attendus qu'ils sont vides pour payer la contribution, et étant chez le sieur Verdier consul, entrèrent environ cinquante hommes armés en criant tue tue mais à la prière de la mère dud sieur Verdier on leur donna la vie se contentant de les désarmer au même temps on dit qu'on avait désarmé en trois endroits à St Just, aux Plans et au mas de Lamouroux de Portes.

Le 9e août 1702, Mr de Cabrières capitaine de Chamborigaud étant au Collet de Deze en garnison on lui vint dire qu'il se faisait une assemblée là tout proche: il y alla avec sa compagnie pendant qu'il fut voir cette feinte, vinrent dans la nuit audit Collet environ deux cents hommes qui allèrent à la maison de Mr le curé lequel ayant été averti peu de temps avant eut le temps de se retirer; cette troupe de gens fit beaucoup de ravages dans la maison dud curé et ailleurs prenant les armes de ceux qui en avaient. Mr de Dèze meme fut obligé de leur bailler un fuzil et une paire de soulliers. Se retirant ensuite du côté de St Michel ils allèrent camper à un endroit appelé Champ Domergue dans la paroisse de St Frezal proche St Andéol. Sur quoi led sieur de Cabrières avec sa compagnie, la compagnie des Aires et de St Germain, un détachement avec Mr Pouls les suivirent n'étant pas plus de 65 soldats, allèrent aborder cette grande troupe à proportion des soldats, lorsqu'ils virent venir lesd soldats ils avancèrent leur faisant signe avec le chapeau d'approcher et firent une grande décharge sur les soldats qui venaient par défilé desquels il n'y eut de blessé qu'un lieutenant qui fut blessé au bras et un autre du nom desquels je ne me souviens pas et les soldats commandés par led sieur Pouls tirèrent dessus et en tuèrent sur la place et en les suivant comme ils prirent la fuite environ vingt cinq; on dit que la compagnie de Chamborigaud fit plus qu'aucune; ils ont apporté des fusils des habits des soulliers et de l'argent; le chef de ces sélérats est un nommé Laporte de Branoux.

Ce 21e 7bre 1702 on a fait rompre à Alais un nommé Salles de Pertus, le nommé Donnadieu de la Viale paroisse du Colet et le nommé Jean Heral de St Denis proche Rivière qui s'était mis de cette bande.

Lettre du Sr Maurice Ronzier de Bordesac au Sr Antoine Ronzier de Vern son frère (manque original)

A Pierremalle ce 10e 8bre 1702

.....

Vous avés aparemment sçû la mort du prieur de St Martin de Bobaux et le brûlement de son église et de celle de Soustelle et de Lamelouse et la mort du sieur Jourdan de Bagars voila a gros avis les nouvelles que j'ai a vous donner. Je suis tous les jours en détachement a cause qu'une partie de ces sélérats est dans les bois de Rousson. Voila de quoi je vous avertis comme étant mon très cher frère de meme que toute la famille, votre Ronzier

Ordre donné par Mr Ronzier de Vern inspecteur le 2 décembre 1702

Jean Pierre Castanier, Jean Deleuze, Jacques Arnal de Vern, Antoine Dumas, Pierre Guibal plus jeune, Barthélémi Besse, Antoine Herail et Pierre Polge de Dieusse joindront Mr Jean Dumas dud Dieusse aujourd'hui pour s'en aller passer la nuit a Sénéchas avec leurs fusils et autres armes pour faire garde à l'église et maison claustrale dud Senechas s'y rendront avant la nuit et resteront jusques après la sainte messe sous le commandement dud Dumas à peine de l'amende portée par la délibération sur ce passée et rapporteront un certificat de Mr le Prieur ou de Mr son secondaire d'avoir fait lad fonction. Ce 2 Xbre Ronzier inspecteur

Copie de la lettre écrite par Monsieur Ronzier de Vern à Mr le prieur de Sénéchas,àu sujet des troubles causés par les camisards

Vern le 4e février 1703

Copie de la lettre écrite par sr Antoine Ronzier à mr le prieur de Sénéchas auquel il apprend la chasse donnée aux barbets desquels il y a eu environ quatre vingt de tués et autres choses au sujet de la guerre des camisards

Monsieur, après avoir beaucoup attendu secours nous l'avons eu de Mr de Marcelly qui a chassé pour une heure seulement les barbets de Genolhac où il y en eut environ quatre vingt de tués tant hommes que femmes; on a pris un grand butin de mulets qu'on a emmené; mon frère de Bordezat qui vint aider à nous défendre ou il a resté six ou sept jours dans la paroisse avec une compagnie y a contribué. Mr de St Julien de Tarabias avec sa compagnie y a été et a gagné le tambour qui avait été pris de la bourgeoisie dud Genolhac. J'ai eu l'honneur d'en être avec une compagnie ou je n'ai pas eu occasion de bien faire, mais par la grace de Dieu aucun n'a pas été tué ny blessé des notres, mais bien cinq de Mr de Marcelly morts ou blessés. J'ai voulu prier led sieur Marcelly de nous laisser quelques compagnies pour aider à nous défendre, mais ma prière a été fort inutile. M'a seulement promis de nous envoyer encore du secours, sur ce que je lui ai représenté que nous étions plus en danger que avant sa venue, il m'a répondu qu'il ferait de son possible pour nous aider tant par l'inclination qu'il en a que pour faire plaisir de Mr de Morangiès. Je vous prie Monsieur de le solliciter un peu s'il vous plait. Nous sommes toujours assemblés environ deux cents hommes compris ceux de mon frère et encore une compagnie d'Aujac et de Malbosc commandée par Mr Veyrines d'Aujac et dans la résolution de nous bien defendre et comme nous avons besoin de 20 livres de poudre et autant de plomb que les nouveaux consuls sont chargés d'acheter par contribution et qui nous est fort necessaire. Ledit consul m'a dit vouloir venir la quérir ou d'envoyer quelqu'un pour cela, mais comme on ne voudrait pas la leur bailler attendus qu'ils ne sont pas connus, ils ont trouvé à vous Mr pour que vous ayez la bonté de le leur faire bailher. Il serait bon qu'il y eut plus de poudre que de plon parce que plusieurs peuvent avoir quelques bales. Ils payront le prix du tout. Je leur ay meme bailhé un louis d'or que je me suis trouvé attendu qu'ils m'ont dit qu'ils n'avaient pas d'argent. Escusés de la liberté que je prends envers vous mais la necessité présente du fait m'oblige a me rendre importun, dieu nous fasse la grace de pouvoir vaincre les mechans et de nous voir un jour en paradis, je le souette avec autant de désir que je le puis et suis monsieur votre très humble et très obéissant

Alais le 16 février 1703 Mr Dupuy, prieur de Sénéchas à Mr Ronzier de Vern,

Monsieur

Vous ne devez pas douter que je ne prenne beaucoup de part à tous les désordres qui arrivent tous les jours dans le pays. Je loue votre courage et votre vigilance. Si tous les habitants étaient si ponctuels à faire la garde que vous la paroisse ne serait pas peutetre en si grand danger qu'elle est; cependant je vous dirai que dès que j'ai eu reçu votre lettre j'ai été parler à Mr de Julien commandant des troupes, que j'ai trouvé chez Mr l'abbé de Morangiès ou il dinait avec Mr de Marcelly colonel. Je leur ai exposé la necessité qu'il y a d'envoyer des troupes au pays, je leur ai meme lu votre lettre mais ils ont répondu que les troupes étaient un peu fatiguées à cause qu'elles venaient de faire une course de huit jours pour combattre les barbes qu'ils ont entièrement défaits au nombre de huit ou neuf cents. Cependant vous verrez venir des troupes dans le temps que vous n'y penserez pas, peut etre meme demain, mais cella doit etre secret; en attendant cet heureux moment, il faut veiller s'il vous plait plus que jamais et exhorter tous les habitants à en faire de meme, car ceci va prendre fin a cause de la multitude de troupes qui viennent dans la province; il arriva hier au soir dans cette ville quatre compagnies de dragons, et Mr le marechal de Montrevel avec cinq mille hommes. Au premier jour il est déjà arrivé a Montpellier; puisque vous en avez tant fait de conserver jusqu'ici la paroisse, je vous prie de continuer afin que vous en ayez toute la gloire, dans peu de temps j'espère d'avoir l'honneur de vous voir et de vous témoigner que je suis sans réserves, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur Dupuy pr a Alais ce 16e febv 1703

7 mars 1703

Mr Chabert fils sur la blessure de son frère à Mr Ronzier de Vern son oncle

A Portes ce 7e mars 1703

Nous ne doutons pas que vous ne preniés toute la part qu'un bon ami doit prendre à ce qui nous regarde, Monsieur mon très cher oncle et surtout à la chute de mon frère qui nous chagrine beaucoup surtout ne pouvant savoir quel évenement il y aura et sur ce que vous me demandés de savoir de quelle manière il fut blessé je vous dirai que dimanche en nous retirant du Colet où nous quittames Mr de Julien avec toutes les troupes qui s'en allaient à Alais où ils sont encore, étant à la jointure des chemins du Colet et de Coudouloux l'on vint nous dire que Chayla du Maine s'était réfugié chez son neveu au Teyrac il voulut contre mon sentiment y aller avec une vingtaine d'hommes qui l'abandonnèrent comme je lui avais dit qu'ils feraient, c'est-à-dire que lorsqu'il fut chez Chayla ayant posé quelques sentinelles au dehors de la maison et lui étant entré avec quatre ou cinq hommes au dedans et aperçu le coquin qu'il cherchait, il descendit de dessus le Teyrac une troupe assez nombreuse qui donna l'épouvante et firent fuir tous ceux qui étaient dehors si bien qu'ils abandonnèrent mon pauvre frère qui fut blessé de trois balles à la jambe droite à l'endroit de la cheville; Les quatre l'emportèrent comme ils purent jusques à la maison de Chabrol du Gravas ou ils furent poursuivis par ces bandits à coups de fusil. Mr de Salze rallia ces lâches et les obligea d'aller chercher mon frère à l'endroit où il était et le fit emporter ici où il est présentement bien affligé de douleur; vous voyez l'exemple des bourgeoisies, profitez en je vous en supplie et ne vous cometez pas que lorsque vous ne pourrez pas l'éviter.

Au reste, nous avions eu la nouvelle de la mort de ces cinq personnes que vous me marquez, voilà un second exemple a ne pas se commettre sans grosse précaution joint que d'ailleurs il est fortement deffendu aux bourgeois de s'attroupper ni sortir pour aller piller ni ravager. Mr Jullian que j'eus l'honneur de voir hier matin à Alais protesta que si celà arrivait il en ferait faire un exemple. L'on attend d'un jour à l'autre l'arrivée de Mr de Chantaruejols qui a été nouvellement fait brigadier d'armées à Allais avec sept bataillons, et mon père qui vous salue et me charge de vous écrire celle ci a eu une lettre de Mr Champetier qui marque qu'ils ont eu avis d'Uzès qu'il doit arriver 40 bataillons qui viennent du Milanais dont il en viendra 22 en province et le reste doit rester en Dauphiné. Les grands coups de fusil qu'on tirait hier du côté d'Allais nous donnaient à penser: je commença à les entendre de Sauvagnac en continuant jusques ici. Nous avons sçû aujourd'hui que c'était les miquelets qui folatraient. Au nom de Dieu conservez vous tant pour vous que pour votre famille que je salue bien fort et croyez moi à mon ordinaire d'un profond respect, Monsieur mon très cher oncle votre très humble et très ... serviteur Chabert

21e avril 1703 Mr du Rastel à M Ronzier de Vern auquel il donne des nouvelles des camisards et apprend l'escarmouche arrivée entre eux et les troupes du roi au passage de la rivière de Cassagnas

Au Rastel ce 21e avril 1703

Je vous prie Monsieur avoir la bonté de m'apprendre si vous aves des nouvelles de Mr Masmejean au sujet de l'affaire de Madlle de Lanteires et s'il est dans le sentiment de la payer pour que je vous envoie la quittance et au cas ou le sr Masmejean ne vous ai fait aucune réponse je vous prie avoir la bonté de lui envoyer un message que je payerai pour mlle de Lanteires. Je ne trouve personne qui veuille y aller, cependant je me suis chargé de cette affaire ou j'ai besoin de votre secours. On vient de me dire qu'on vous avait donné l'alarme que les camisards devaient être ici ils nous feront un gros plaisir de se tenir loin. Tout ce que jen sais qu'ils furent avant hier jeudi diner à St Andeol et dans le voisinage au nombre de trois ou quatre cens et furent coucher au Castanet de Dèze. C'était les mêmes qui s'étaient battus avec les troupes qui étaient à St Germain, au Pradal proche Cassagnas où ils perdirent quelques hommes du nombre desquels je ne suis pas certain: les officiers ont dit à Alais qu'ils en avaient tué soixnte ou quatre vingt, d'autres gens disent qu'il n'en est demeuré que cinq à six sur la place, ainsi je ne vous baille rien de sûr sinon qu'il se fit de grosses décharges de part et d'autre. Ce furent les camisars qui attaquèrent les troupes du roi au passage de la rivière de Cassagnas dans le temps qu'ils se retiraient après avoir pillé Cassagnas et brûlé le Pradal. Il s'est perdu quelques soldats. Si j'apprends quelque chose, vous pouvez compter que je vous avertirai, je vous prie d'en faire de même pour que j'eusse le temps de me tirer de devant, quoique quelque malheureuxcoquin dit hier à Portes à des gens qui s'en allaient à la foire de Pradelles que j'attendais les camisars de diner chez moi, qu'ils me l'avaient écris, c'est quelque jean-foutre qui cherche à me faire des affaires et à tout le village; il sera heureux que je ne le découvre pas. S'il est découvert, il ne le portera pas loin, ou bien je ne trouverai pas le moyen de le joindre. Si je ne vous cognusse pas tant de mes amis, je ne vous ferais pas part d'une matière pareille. Je vous souhaite le bonjour et suis avec attachement Monsieur votre très humble et très obéissant serviteur du Rastel

Depuis ma lettre écrite, il est venu une troupe de bourgeois partie de Senechas et partie de Bourdezac; ils ont enlevé une partie du troupeau du lieu au bout du pont et en firent quelques postes et de gens qui sont réfugiés a Allais. Vous savez Monsieur que les ordres du roi ne sont pas tels et qu'il y aura des plaintes et que si cela continue tous les habitants vont deserter. On a beau supposer que les attroupés son refugié dans notre lieu, la vérité se saura. ; Je sais de leur hargne (?) depuis lafaire de Chamborigaud. Ils n'y ont plus approché Je vous marque cela pour que vous ayez la bonté d'en informer Monsieur de Tarabias et monsieur votre frère qui pourraient faire rendre ce qui a esté pillé avant que la chose....crée (?); ce sont des gens de leur troupe qui sont venus sans aucun ordre de leur part ni autre.

(lettre manquante en original) Lettre de Mr Dumoulin gouverneur au château de Portes à Mr Ronzier de Vern

Du château de Portes ce 24e avril 1703

J'avais écris Monsieur ce matin à Mr votre frère de venir secourir Mr de St Florent, mais du depuis j'ai appris que les sélérats ont couché aux Mages au nombre de six cens hommes lesquels ont passé à dix heures au Pradel ayant tué sept à huit personnes et pris le chemin des Salles et Branoux ce qui me fait vous prier Monsieur, d'avertir Mr Ronzier votre frère qu'il ne bouge pas, c'est la grace qu'espère celui qui est parfaitement Monsieur votre .... Dumoulin

(lettre manquante en original) Lettre de M' Chabert fils à Mr Ronzier de Vern

A Alais ce 25e avril 1703

J'ai cru vous devoir donner avis monsieur mon très cher oncle comme la troupe qui passa hier au Pradel et de là à Branoux qui est composée d'environ 500 hommes est celle de Chevalier et du frère de Mr de St Chaptes qui va selon toutes les apparences joindre celle de Joany qui est du côté de Castagnols pour apparemment faire quelque tentative sur votre paroisse ou autres voisines, c'est pourquoi vous méfier d'eux, mettre le plus de gens que vous pourrez sur pied et prendre garde de ne pas tomber dans le piège que quelques habitants du Pradel et des Salles sont tombés. S'étant mêlés avec ces malheureux dans la croyance où ils étaient que c'étaient des troupes du roi parce qu'ils ont une compagnie de grenadiers habillée des habits qu'ils ont enlevés aux soldats, laquelle ils font marcher à la tête. Les bourgeois du Pradel qui sont au nombre de 20 ou 25 qui ont été tués lorsqu'ils aperçurent cette troupe se détachèrent pour les reconnaître croyant que c'était de la garnison d'Alais quand ils furent au qui vive ces malheureux répondirent Ternait à ceux du Pradel et Rouergue aux Salles. Sur cette réponse ces pauvres gens se mêlèrent avec ces bandits qui les désarmèrent et les égorgèrent. Flourit qui vient vous apporter cette lettre expres a ordre d'en faire voir à mon père et à mr de Salze en passant afin d'éviter et faire éviter le même danger. Je vous salue bien humblement et suis de même qu'un cousin votre frère que je salue aussi et toute votre famille

Lettre du Sieur Courtois de St Ambroix

A St Ambroix le 27 avril 1703

Monsieur mon bon ami

Je vous prie de me faire la faveur, la présente reçue, me vouloir expédier un certificat de la mort de Raymond Masson, mari de Françoise Bondurant de Génolhac rebelle au roi passé par les armes à Sénéchas, et vous prie Monsieur d'y mettre le jour de sa mort et le mois et le faire signer à Mr Layde votre secondaire, s'il vous plait à cause que ce lieu menace d'etre entièrement ruiné par leur rebelion, je veux présenter requete à Mr l'Intendant et m'assister ..... vu que je suis donataire de feu Jean Bondurand, l’autre je suis le plus proche et suis fidèle au roi et de la religion catholique comme le fait apparaitre un bon certificat de messieurs les pretres de moy et de mon fils et ma belle fille anciens catholiques autorisés de monsieur l'abbé, mr le vicaire général de Genolhac m'écris qu'il me faut le certificat de la mort de Massonet que sa femme Françoise Bondurant est désobéissante aussi bien que feu son mari. Je vous prie m'envoyer ce que je vous demande par cet exprès s'il vous plait, lad affaire presse ce que j’attends de votre amitié et bonté je vous suis et serai toute ma vie avec soumission et un profond respect Monsieur votre très humble et obéissant serviteur Courtois

Je vous envoie en vrac toutes choses tant de hozards que pour le camp volant lundi sur la nuit arriva à Mileis, les Mages, la badie, le mouna terre de St Jean de Valeriscle 1200 hommes, tambour battant s'est contenté de manger et boire et se retirèrent le mardi matin on tua trois hommes anciens catholiques savoir le fils de Bonaire de St Salvière [St Sauveur?)... Galibert de Courry qui allait à Ales vendre du blé ou a ce matin les peres sont passés à St Ambroix je leur ai parlé, venant de les enterrer.

De la les hosarts sont allés au Pradel l'on y a tué dix a douze hommes.

Toute notre ville est remplie des familles des villages voisins on charie nuit et jour et c'est une grande désolation. Dans ma maison j'ai logé Mr de Chalbos prieur de StEstève et Mr Comby secondaire de St Victr de Malcap et j'ai quitté mon lit pour le leur balher avec joye.

Et ce soir des commissaires du roi ont pris toutes les mules de St Jean de Maruejols, St Denis, Rochegude, Roineres et autres lieux pour porter les tentes et autres choses du Camp volant qui se fait à la plaine de Nouatelle (?) ce camp il y a pres de mil hommes et c'est une chose assurée, vous devez bien croire que je le sais.

Le Roy fait décharger beaucoup de blé qui vient du côté de Piémon et de la Bourgonne pour nourrir les troupes et que la province ne souffre de rien; ce blé est déchargé à Beaucaire, Comps, l’Ardoise, Coudoulet le St Esprit et le tout viendra par charette là ou on en a besoin. A la vérité à Orange il n’y a pas de service des protestants depuis peu de temps. Mon compliment à mr Layde, excuse ma liberté. Je suis averti de me tenir sur mes gardes moi et mon fils et ma belle-fille. Si j’ai moins à faire je viendrai à Sénéchas pour m’aller mettre en poste sûr avec assistance et ordre s’il plait à Dieu

Tout présentement sont entrés dans la ville 38 charges d’effets (de blé ?) de madame de la Calmette de St Jean, un de mr le marquis de Rochegude, mr le baron d’Alès notre gouverneur a retiré mr le marquis de Montalet et son fils avec lui. Enfin la ville est pleine.......... d’autres qui viennent de tout le.... Mr de la Planche ...... logé pour son bonheur mr de Malbosc ....... chez son parent mr de Miremont de la ......... de civilité dans notre ville tous les soirs on monte à la garde 000 hommes.

Aujourd’hui sont passées 60 mules chargées de munition au pont d’Auzon qui vont décharger à la plaine de Nasselles la ou on fait le camp volant, les messieurs de St Florent font beaucoup de ravages à la terre de St Jean de Valeriscle, ils tuent et pillent les paisibles femmes ... on a tué à St Jean un enfant de Ribot et blessé sa femme ....et a fini de même aujourd’hui Dieu soit ...le péché du puple qui nous a attiré ce fléau de la ... contre nous. Je vous prie monsieur ............ un de ses petits fils s'il vous plait

Toutes les portes de la ville sont murées à chaux et sable sauf celle du Pont. Aujourd’hui on a doublé la garde de la porte, on y met 12 hommes d’ordinaire armés........... pour flanquer les murailles de la ville........ défendre s'il plait a Dieu les portes et autres

(lettre manquante en original) Lettre de Mr Lafont consul de Genolhac à Mr du Rastel

A Genolhac ce lundi 25 7bre 1703

Monsieur, j'ai eu avis tout présentement de la part de Mr le commandant de Vialas comme hier au soir l'on acheva de brûler le Colet et que ces malheureux attrouppés sont venus à dix heures du matin à la portée de fusil de la sentinelle. Il m'a chargé de le faire savoir aux paroisses voisines. J'en ai informé Mr du Chambonnet et les messieurs de Sénéchas et les ai prié de nous secourir. Comme vous avez eu la bonté Monsieur de dire à mon frère que vous obligeriez ces messieurs à venir ici pour nous donner du secours, je vous écris celle ci pour vous prier de nous faire venir s'il se peut une trentaine d'hommes ce soir car le sieur commandant m'a écris que ces chemisars avaient résolu ce soir de nous achever de brûler ce lieu. vous en sera a jamais obligé et moi en mon particulier qui ai l'honneur d'être de tout mon coeur Monsieur votre etc Lafont consul

30 septembre 1703. Ordonnance de Mr du Villar rendue le 30e septembre 1703 sur la garde de la paroisse de Senechas qui doit être faite par les habitans à l'ordre de Mrs Tarabias, St Jullien et Ronzier

Du Villar Lieutenant colonel chevalier de l'ordre de St Louis commandant pour le service de sa majesté à Genolhac et aux environs

En suitte des ordres que nous avons de Monseigneur le Maréchal de Montrevel commandant en cette province, nous ordonnons aux habitans de la paroisse de Senechas de faire la garde qui leur sera ordonnée pour la seureté de leur paroisse. ...Messieurs de Tarabias, St Jullien et Ronzier, que nous avons chargés de veiller à la conservation de ladite paroisse et d'empêcher qu'il ne se glisse parmi eux aucun rebelle, le tout pourtant sans troubler le travail desd habitants tout autant que faire se pourra. Fait à Genolhac ce trantième septembre mille sept cens trois. Du Villar. Jay l'original St Jullien

(lettre manquante en original) Lettre de Mr le curé de Ste-Cécile à Mrs de Tarabias et Ronzier de Vern

A Ste Cécile ce 11 8bre 1703

Messieurs, vous êtes trop de mes amis pour ne pas participer au malheur général qui est arrivé dans ma paroisse: ainsi j'ose vous prier, puisque les troupes du roy ne se donnent aucun mouvement quoiqu'on les avertisse, elles qui auraient pu empêcher la désolation qui m'est arrivée si elles eussent accepté la prière que je leur fis le jour d'auparavant, de venir demain matin ici avec votre troupe, si vous le pouvez, pour nous aider à mettre le feu à Branoux et au Castanet; j'ai écris aux mrs de St Florent de m'accorder la même grace, ceux de Portes sont ici depuis ce matin. Dans le sentiment de vous suivre, supposé que vous puissiez venir, j'attends un mot de réponse et suis de tout mon coeur messieurs votre .... Vidal curé

Octobre 1703 (pas en original)

Copie du dénombrement des nouveaux convertis de la paroisse de Sénéchas diocèze d’Uzès fait en conformité de l’ordonnance du roi du 11 7bre 1703 et de la lettre écrite aux consuls de lad paroisse en exécution de lad ordonnance par mgr de Basville conseiller d’état ordinaire intendant de cette province de Languedoc du 20e dud mois de 7bre

Cette copie écrite de la main du sr Antoine Robert du Chambon

Sr Pierre Roure, son père et son grand-père sont habitants de Nîmes

Baptiste Martin

Jeanne Chaberte (absente)

Paul Allegre

Suzanne Chamboredonde

Françoise Allègre

Jeanne Maurelle

Jaques Reboul

Antoine Blancard (absent)

Henriette Blancard

Baltesard Chamboredon

Marguerite Chamboredonde

Jeanne Draussine veuve de François Fabre

Pierre Fabre

Antoine Fabre

Jaques Fabre

Judith Fabresse

Espérance Fabresse demeurant pour servante à Peyremalle

Isabeau Fabresse demeurant aussi pour servante à Peyremalle

Magdeleine Fabresse

Jacques Collet agé d’environ 45 ans (absent)

Jaques Sabatier (absent)

Jaques Felgeirolles

André Benoit

Jean Benoit agé d’environ 22 ans (absent)

André Benoit agé d’environ 16 ans (absent)

Joseph Pons

Jaques Arnal agé d’environ 25 ans

Suzanne Benoite veuve de feu André Vignes

Marie Felgeirolles veuve de feu Jaques Arnal

Dans ledit état n’a pas été compris le sr Lafont de Malenches agé de 57 ans ou environ, sa femme agée de 50 et sa famille composée de deux filles agées l’une de 22 ans et l’autre de 18 et un garçon nommé Pierre ni un autre garçon qui demeure à Nîmes depuis cinq ans chez mr Polge procureur parce que led Lafont et sa famille se sont convertis longtemps avant la conversion générale du 1er octobre 1685 et sont déclarés anciens catholiques par trois ordonnances de mgr l’intendant du 26e janvier 1687, 11e Xbre 1702 et 11 janvier 1703 en conformité de la déclaration du roi de l’année 1686 qui les déclare tels.

Nous soussignés consuls de lad paroisse de Sénéchas certifions le susdit dénombrement véritable et d’avoir fait afficher la susd ordonnance à la porte de l’église le dimanche quatorzième de ce mois ne l’ayant reçue que le 13, fait ce .... octobre mil sept cens trois

16 novembre 1703. Mr du Villar ordonne aux habitants de Senechas de faire faire la garde chaque jour par deux hommes sur les hauteurs de Bellepoile.

Du Villar Lieutenant-colonel chevalier de l'ordre roial de St Louis commandant pour le service du roy à Genouillac et aux environs,

ensuitte des ordres particuliers que nous avons de Me le Maréchal de Montrevel, nous ordonnons aux consuls et habitants de Sénéchas de fournir deux hommes tous les jours pour faire garde sur la hauteur de Belle Poille depuis la pointe du jour jusqu'à la nuit qui se retireront à la plus proche maison de Malconches observant de ce poste en lieu d'où ils puissent découvrir tout ce qui se passera au grand chemin et aux environs et de m'en donner advis, s'il parait une troupe de gens armés ils tireront deux coups de fusil ce qui ferra le signal pour que les habitants prissent leurs armes et à moi pour marcher à eux; comme il se pourra que les coups de fusil ne soient pas entendu de Genouillac, ils viendront m'avertir de ce qu'il y aura et ne donneront l'alarme que bien à propos, et surtout prendront garde que personne ne soit insulté dans le grand chemin, s'il passait des gens qu'ils crussent suspects, ils les arrêteront sans leur faire aucun mal et me les amèneront. Priant Mr le prieur et Mr de Tarabias de n'employer à cette garde que d'honnetes gens afin qu'il ne s'y fasse aucune friponnerie. Fait à Genoulliac ce 16 novembre 1703 Du Villar

Le lieu de Sénéchas et Tarabias étant obligés de faire garde du coté ou ils sont je les exempte de la garde de bellepoille et ordonne que tous les autres hameaux de lad paroisse fourniront lad garde chargeant Mr Ronzier de la faire faire avec exactitude. Fait à Genouillac ce seizième novembre mil sept cens trois. du Villar

(lettre manquante en original) Lettre de Mr Ronzier de Bordezac à Mr Ronzier de Vern

Je vous suis bien obligé mon très cher frère des nouvelles que vous avez la bonté de me donner au sujet du malheur qui est arrivé au pont du Rastel. Je vous assure que je plains bien nos pauvres voisins. Le bon dieu les console et nous donne la paix. Je suis bien aise que l'on naye pas fait beaucoup de désordre dans votre maison. Je vous prie de vous conserver et quand il y aura lieu que je pourrai vous être de quelque utilité, ne m'épargnez en rien c'est la grâce que je vous demande puisque je suis et à toute votre famille mon très cher frère votre humble et très obéissant serviteur Ronzier

A Bordezac ce 16e Xbre 1703

(lettre manquante en original) Lettre de Mr du Villar commandant à Genouilhac a Mr Ronzier de Vern

A Genolhac ce 26e janvier 1704

Je vous prie Monsieur de faire assembler toute la nuit tous les habitants de votre paroisse et de faire en sorte que vous puissiez être tous en état deux heures avant le jour à Bellepoille; il faudra me faire avertir par quelques hommes lorsque vous y pourrez être afin que je vous fasse joindre par un étachement des troupes du roy. Je suis votre... Du Villar

(lettre manquante en original) Lettre de Mr du Villar commandant a Genouilhac a Mr Ronzier de Vern

Je vous prie Monsieur d'avertir tous vos habitans de se tenir prêts pour samedi matin. Il faudra que vous soyez tous à la Bellepoille à la pointe du jour. J'espère qu'ils reviendront aussi bien chargés que la dernière fois. Je suis Monsieur entièrement à vous Du Villar.

A Genouilhac ce 14e février 1704

Lettre de Mr Roure l’avocat à son fils le cadet au Chambon de Senechas

A Nimes le 18e fevrier 1704

J'ay reçu vos lettres dont la dernière est du 8ème de ce mois; pour ce qui est de la garde de portes quoy qu'il n'y ai point de reco (?)nessances qui nous y obligent; les seigneurs dans un temps de guerre comme celuy-ci ont droit d'obliger leurs vassaux au guet et garde de leurs chateaux. Mais quand ils n'y auraient aucun droit, ce ne serait pas à nous à le contester surtout dans un temps tel que celui ci, il faut seulement veiller que vous ne soyez pas surchargés et sinon fesés le représenter doucement à Mr le gouverneur qui ne manquerait pas à nous faire raison c'est une personne qui a paru toujours être dans nos intérets et qu'il faut ménager vous aurez peut etre besoin qu'il vous donne retraite et à nos principaux effets du moins si on en use vers nos quartiers comme on fait à anduze, je viens tout à l'heure d'en recevoir une lettre de Mr Boniol notre fermier qui m'apprend la désolation de leurs pays; il a été obligé de retirer trois de nos fermiers de la campagne avec tous leurs effets, bétail gros et menu, et toutes les denrées et meubles, tous les paysans on eu ordre de s'y retirer ou dans les autres bourgs clos avec tout ce qu'ils avaient dans leurs maisons, sur tout il leur est défendu sous peine de la vie d'y laisser rien qui serve à la nourriture des gens ou des bêtes, comme foin, paille et toutes sortes de grains; il leur est aussi enjoint sous la même peine d'abattre les fours et moulins, si pareil cas venait à nous arriver songez à vous gouverner avec prudence et par l'avis de vos bons amis, surtout ayez soin des papiers, et surtout ceux qui sont de la famille; je ne doute en rien d'Alegre parce qu'il est ici et nous a dit que l'assignation n'a été que pour empecher la prescription, je vous ai écris la dessus assez au long ci-devant, il n'est pas necessaire que vous nous rendiez les papiers; seulement si vous trouvez quelque comodité vous pourrez nous envoyer une copie que vous ferez de la ratification du decret et une copie du role de ce que mon père a fourni, mais comme je vous dis il n’est pas necessaire de le mander que par commodité et pour les obligations il y a cinq ou six dans les liasses, prenez garde de ne brouiller pas les papiers, car ce serait après un cahot. Prenez bien garde à toutes choses et surtout au pillage, et pour le domestique, ne nous fier qu’à nos yeux. On nous assure que Margot se va marier au premier jour à un homme de Chamborigaud et qu’il se fait un double mariage de sa fille et du fils de cet homme, si cela est songez à ce que rien ne s’écarte et à n’être pas dupé. C’est des choses et plus violent que parait. Mais il ne peut pas durer longtemps dans cette violence, ainsi mon père pourra monter au premier calme. Cependant comme mr de Larnis (Louis ?) ainé a besoin d’argent nous lui écrirons qu’il voye de concert avec vous d’en faire du ..... de rentrer tout ce qu’il pourra de Guillaume Polge et de Claude de Conobatet (?) pour les .... il faut les garder pour un ... (trou) .... pour d’autres charges qui sont à payer; ainsi ce que vous en pourrez retirer gardez le sans le divertir ailleurs.

Nous devons nous assembler demain à la maison de ville pour payer notre portion des cent mille livres de quession (caution?), notre ville est taxée pour cela 10000 livres c'est à dire les nouveaux convertis, je vous apprendray ce qui sera résolu, si cela peut tirer a conséquence pour nous; je suis surpris cependant que notre paroisse qui a eu deux décharges de toute contribution ait été taxée, pour celle là peut etre que le nom de Peyremale est équivoque et que cela regarde la paroisse de Pierremale et non pas celle de Peyremales que je ne crois pas etre une paroisse comme on la qualifie dans la copie de l'ordonnance que vous m'avez mandée, si j'ai le temps j'en écrirai un mot à mr de Tarabias, j'écrirai aussi à Mr le prieur pour voir s'il n'y aurait pas moyen de décharger sa paroisse, attendu qu'elle a déjà deux ordonnances de décharge, qu'il n'y est arrivé aucun désordre, que les camisards n'y ont pas mis le pié, que le nombre des nouveaux convertis y est très petit, qu'une partie d'iceux ont pris les armes pour la défense commune conjointement avec les anciens catholiques, et surtout je crois que la chose ne manquerait pas de réussir, si mr le prieur était content d'eux, et que l'on en voulut donner un bon certificat, si cela était je crois qu'il faudrait qu'Alègre fit encore un voyage a montpellier, qu’il fut muni des ordonnances et attestations susdites et de quelque ..... et nous lui dresserons ici la requète pour mr l’intendant, ou bien on le ferait à Montpellier mais il faudrait un peu plus recourir les soins de mr de ..... . Ce n’est ici comme vous dites que commencement d’embarras, et les choses iront plus loin si Dieu n’y met ordre. Je serais bien aise d’avoir une ordonnance générale pour toute la paroisse, par ce moyen personne ne se pourrait plaindre, au lieu qu’une particulière peut attirer beaucoup d’ennemis; et cependant il fallait venir à la demander ....... plus habitant du Chambon, que vous n’y êtes allés que pour exiger nos rentes ..... dont seuls deux vous pourriez avoir de bonnes attestations .... avec les catholiques mais je crains que ce dernier certificat devrait être de celui qui commande cette bourgeoisie; mais comme vous devez comprendre, il serait mieux de faire l’affaire générale pour ne pas entrer dans un débat qui peut avoir des suites facheuses; cependant si vous pouvez aussi les choses (?) qui nous concernent vous pourriez les mander et nous verrions si nous devrions les mettre en usage, cela même pourrait nous servir pour avoir la liberté du port des armes, mais puisque vous les portez actuellement je ne crois pas qu’il y a tant de necessité que vous le dites de le demander, je crois même qu’il sera difficile de .... encore au retour de mr le maréchal. J’essayerai de faire la tentative si je vois le bureau favorable. Vous avez bien fait de bailler les 5 livres pour le soldat de Portes puisque le cousin Robert l’a fait, il ne faut pas se distinguer. Surtout prendre soin de conserver les papiers qui étaient dans les .... du coffre que je fermais à ma chambre et les autres qui étaient au cabinet ou j’écrivais ..... partie au coffre que nous avons chez Louis Polge .......

On nous assure qu’Antoine de la Roque fut celui qui fit .... notre cave l’année dernière en qualité de consul et qu’il prit ou fit prendre le vin. Si cela est, nous en pourrons avoir quelque remboursement, Alègre nous dit aussi que le même fut dans la maison il y a quelque temps et qu’il prit et attacha dans la maison même Marie femme du coutelier qui fut exécuté et qu’il la fit fusiller, aprends moi ces deux articles et pour cause

Pas d'original

14 mars 1704

Ordre de mr du Villar commandant à Genouillac et aux environs

Du Villar lieutenant colonel chevalier de l’ordre royal de St Louis commandant pour le service de sa majesté à Genouillac et aux environs

il est ordonné à tous les habitants de la paroisse de Sénéchas de marcher à main armée et en troupes toutes les fois qu’il leur sera ordonné par les sieurs de Tarabias et Ronzier que nous avons nommés pour leur commander et auxquels nous adresserons les ordres qu’il conviendra au bien du service et pour la sureté de la paroisse et de leurs voisins ordonnant par exprès à tous les habitants d’obéir aud sr de Tarabias et Ronzier en tout ce qu’ils leur commanderont pour le service du roi à peine de punition exemplaire. Fait à Genouillac ce dix-sept mars mil sept cens quatre du Villar

Nous lieutenant colonel chevalier de l’ordre royal St Louis commandant des troupes pour sa majesté qui sont à Genolhac et aux environs

Il est ordonné aux porteurs du présent billet d’aller chercher tout présentement le corps du sieur Jaussaud du Redarès qui a été tué par les rebelles attroupés aux limites de la paroisse de Castagnols et celle de Genolhac, prions tous ceux qui sont à prier de les laisser passer et repasser sans empêchement fait à Genolhac ce 20 mars 1704 Du Villar

Pas d'original

Mémoire des noms des officiers des quatre compagnies de bourgeoisie formées dans la paroisse de Sénéchas et des lieux que chacun desdits officiers commanderont, fait ce 30 mars mil sept cens quatre

1° Mr de Tarabias capitaine

Sr Antoine Robert du Chambon lieutenant

Sr Jean Dumas de Dieusse sous-lieutenant

Sergents Pierre Dumas du Martinet neuf, Antoine Reboul du mas Escudier

Commanderont les lieux de Tarabias, Chamboredon, Chareneuve, Cornac, les Bousiges, le Chambon et le Martinet neuf

Mr Ronzier de Vern capitaine

Sr Jean du Barry dud Vern lieutenant

Sr Louis Herail Bouissonade dud lieu sous-lieutenant

Sergents, Jean Dumas du Caissol, Jean Castanier de Vern et Pierre Polge dit Jubissière

Commanderont les lieux de Vern, Dieusse, Chambovernis, le Tailhier, le Rigal et Grissou

Le Sr Balmes des Fontanilles capitaine

Sr Antoine Chamboredon de Sénéchas lieutenant

Sr Pierre Fabrègue des Brugèdes sous^lieutenant

Sergens, Antoine Aberlenc de Rouils, Michel Polge de Sénéchas et Jean Antoine Reboul des Brugedes

commanderont les lieux de Sénéchas, Fontanilles, Rouix et Brugedes

Sr Jean Nicolas de Chalapt capitaine

Sr Antoine Polge greffier des Martinenches lieutenant

Sr Antoine Polge des Champs sous lieutenant

Sergeznts Jean Polge dit Pupille de Chalap, Jean Polge des Malenches et Bertrand dit Coulettou de Chalap

Commanderont Chalap, Martinenche et Malenches

Du Villar lieutenant colonel chevalier de l’ordre royal St Louis commandant à Genolhac et aux environs, certifions avoir ordonné que les compagnies dont les noms des officiers sont ci-dessus seraient établis dans la paroisse de Sénéchas, ordonnons aux habitants de lad paroisse d’obéir exactement à tout ce qui leur sera commandé pour le service du roi par leurs dits officiers et d’être exacts à se rendre au rendez vous qu’ils leur donneront pour s’assembler en cas d’alarme à peine de punition exemplaire. Fait à Genouillac ce dernier mars 1704 Du Villar

Lettre de mr du Villar commandant à Genouillac et aux environs à mr Ronzier de Vern

A Genouillac ce 13e avril 1704

Quand il tomberait des alebardes, je compte monsieur de trouver au pont du Rastel à minuit votre troupe en bon état et vous à la tête. Quand vous ne serez au pont de Rastel qu’à 1 heure après minuit, cela suffit

Je suis monsieur votre du Villar

Tout ce qui est avant a été vérifié

A Nîmes ce 18e avril 1704

Nous venons de recevoir votre lettre du dernier du mois passé, je suis surpris que vous n’ayez pas reçu la mienne qui était datée environ du même temps, mr de Felgeyroles l’adressa dans la sienne à mr de Tarabias ou au cousin Robert, elle répondait à toutes vos précédentes; je suis surpris que vous nous écriviez avec du papier si petit, on a peine à déchiffrer ce que vous y mettez tant à cause du papier que de l’encre qui ne vaut rien. Vous nous marquez autant que j’en ai pu lire que vous devez faire bailler de l’argent à mr de la Fabrège, vous faites fort bien de tenir la main que Cousaret lui paye les 65 livres qu’il doit pour la capitation puisque les autres l’ont payée vous ne pourrez pas vous dispenser d’en faire autant, et si nous ne sommes pas trop taxés, il ne faut pas se faire plus tirer l’oreille, voyez aussi qu’il s’en puisse trouver pour vous un peu de temps car nous en aurons besoin attendu les grandes dépenses que je suis obligé de soutenir; j’espère que mon père pourra bientôt monter, il semble que les affaires se préparent à changer de face, il se donna hier et avant hier des grands combats dans la Vaunage ou l’on dit qu’on a défait un très grand nombre des camisards, on croit qu’il y en a plus de mille de tués, et qu’on en tient encore un nombre considérable d’investis; on en a envoyé donner la nouvelle au roi par un des officiers du premier rang; si cela est comme on n’a pas lieu d’en douter le calme pourrait revenir, nous attendons cependant monsieur le maréchal de Villar qui vient commander et qui restera dans Nimes en famille, de meme que mr l’intendant qui doit arriver ce soir, nous étions à la veille de faire une nouvelle enceinte à notre ville, et le prix fait en est déja donné, mais peut etre que cette défaite changera les choses et nous épargnera la dépense des nouvelles murailles qui auraient agrandi la ville de plus du double, pour ce qui est de la dépense de la ha... je ne crois pas que vous la deviez faire fort grande, il ne faut faire que le necessaire et dont on ne peut pas absolument se passer, pour ce qui est de mettre l’eau au bea... si elle coute cher il n’y faut entrer pour rien, puisque c’est une dépense presqu’inutile et qui n’a jamais été de mon gout, mais s’il ne s’agit que de quelque journée pour nous il ne faut pas s’attacher à peu de choses, pour ce qui est de la muraille qu’on veut faire dans l’écluse, nous permettons bien qu’elle se fasse, mais à cette condition que nous la fairons démolir quand il nous plaira, stipulez bien cela car il n’y a pas apparence que le moulin reste longtemps comme il est. Toute la famille vous salue, nous saluons tous nos parents et amis, je suis toujours votre père bien affectionné Roure

Lettre de Mr du Villar commandant pour le roi à Genouillac et aux environs à mr Ronzier de Vern (manque original)

A Genouillac ce 20e avril 1704

Je compte Monsieur que vous aurez informé mr le prieur et mr de Tarabias que mon intention est que vous marchiez demain avec toute votre bourgeoisie et celle de Chamborigaud qui vous joindra au Pont de Rastel une heure avant jour et que vous alliez tous ensemble occuper les hauteurs de Tremièges, Fegirairolles, le Crespon et autres d’ou vous pourrez découvrir les rebelles qui se sauveront du côté de Vialas ayant disposé des troupes qui doivent battre Nojaret, Gourdouze, Polimes, Solerairolles et Tourières, les miquelets viendront par l’Aubaret, le Massefert, le villaret et Castagnols, ainsi tout ce qu’il y aura en cette paroisse de cette canaille ne saurait nous échapper pourvu que chacun fasse son devoir comme je m’assure que vous et votre paroisse le ferez; partez sans attendre d’autre ordre, il faut que vous ayez occupé les hauteurs marquées avant que je parte d’ici, aussi il faut que votre troupe soit au pont du Rastel une heure avant le jour. J’écris à mr de Salze de vous y joindre avec sa troupe; quand ils n’y seraient pas, marchez toujours, faites savoir à tous nos amis que la troupe de Cavalier a été entièrement détruite et lui blessé, on avait même cru l’avoir tué ayant eu son cheval et son manteau. Il est resté six cents de ses gens sur la place, dont toute sa cavalerie est du nombre. Mr le maréchal de Montrevel a fait cette expédition et mr de Lalande est à la poursuite des fuyards. Faites passer cette lettre à mr le prieur et à mr de Tarabias. Pendant que ces scélérats sont en désordre, il faut les écraser, vous ferez brûler toutes les maisons où ces coquins peuvent se giter, exceptée celle du sr La Motte qui a commencé de la faire découvrir; j’entends celles qui sont de la paroisse de Castagnols, il ne faut rien faire à Altairac ni dans la paroisse de Genouillac. Je suis monsieur votre etc Du Villar

29 avril 1704, mr Pic du Collet à mr Ronzier de Vern capitaine de bourgeoisie

J’ai vu Monsieur la lettre que vous avez écrit à mr Chabert notre beau-frère au sujet du bétail a laine et chèvres que messieurs de la bourgeoisie m’enlevèrent au-dessus de ma métairie de Fontbonne et qu’on trouva dans une cabane qu’il y avait en une pièce de Chastanet appelée le grand bos et ce n’est pas une supposition mais bien une vérité constante; Si j’avais l’honneur Monsieur, d’être connu plus particulièrement de vous comme je l’étais de feu monsieur Castanier votre oncle et de feu mr Leyris votre beau-^père qui étaient mes intimes amis, ils m’auraient fait cette justice que je ne suis pas une personne à me plaindre sans sujet ni à demander que ce qui m’appartient justement; il faut avouer monsieur que je suis bien malheureux j’ai été pillé par trois fois par les scélérats et bandits qui m’ont aussi brulé trois maisons au Collet compris celle de mon beau-frère en telle sorte qu’on m’a réduit à la dernière misère, et de voir encore que la bourgeoisie au lieu de me protéger m’enlève ce qui me reste, cela m’est bien sensible d’autant plus par rapport à tout ce que j’ai fait pour la religion et pour l’état depuis le commencement de ces malheureuses affaires de quoi mgr de Basville est pleinement persuadé ainsi Monsieur je vous prie de contribuer à me faire faire justice et me mander par cet expres du moins une partie de mon bon bétail. Il y avait dix moutons que je n’aurais pas baillé moins de 60 livres. J’étais parti de Portes dans le dessein de me donner l’honneur de vous aller voir. Mais comme je suis à pied la montée avec le chaud m’ont fait du souci, c’est pourquoi je vous envoie mon reçu de trente bêtes à laine ou chèvres parce que j’espère de votre bonté que vous me ferez justice comme ayant l’honneur d’être d’un parfait attachement, Monsieur votre très humble et très obéissant serviteur Pic

a Chamborigaud le 29e avril 1704

Chamborigaud le 29 avril 1704. Quittance du sr Pic aux bourgeois de Sénéchas du bétail qu’ils lui avaient enlevé

Je soussigné confesse avoir reçu en conséquence de l’ordre de mr de Villar colonel d’infanterie et commandant les troupes qui sont en quartier à Genouillac de monsieur Ronzier de Vern capitaine de bourgeoisie trente betes à laine moutons brebis et chèvres que les soldats de la bourgeoisie de Senechas et Vern m’avaient pris et emmené de ma métairie de Fontbonne m’appartenant en propre de quel bétail je les quitte

A chamborigaud le vingt neuvième avril mil sept cent quatre Pic

Pas en original

Lettre de mr du Villar commandant à Genolhac et aux environs à mr Ronzier de Vern

A Genouillac ce 14e mai 1704

Les rebelles ont enfin imploré la clémence du roi et en attendant que sa Majesté ait réglé leur destinée, il y a ordre de ne faire sur ces malheureux aucune course ni acte d’hostilité sous peine de la vie, faites je vous prie que vos peuples soient exacts à se conformer à cela, sans rien diminuer de votre exactitude pour la garde accoutumée pour la sureté de votre canton, je suis monsieur entièrement à vous du Villar

Pas en original

Mémoire du sr Antoine Ronzier de Vern écrit dans son journal. Nota : je n’ai pris de ce mémoire que ce qui concerne les troubles occasionnés par les religionnaires dits camisards.

Nous, Antoine Ronzier fils et héritier de feux Jean Ronzier et Suzanne Castanier pour rendre graces à Dieu de m’avoir conservé ma famille et mes voisins du grand danger ou nous avons été exposés par les malheureux rebelles appelés camisards fanatiques qui le second de février de l’année mil sept cent trois après avoir fait plusieurs autres désordres brûlèrent l’église de Chamborigaud et la maison claustrale dud lieu et le dix septième dud mois ou brûlèrent la plus grande partie des maisons dud lieu et de la Rebierette, notament les maisons de sr Pierre Chabert notaire mon beau frère dont ils tuèrent le cuisinier, les maisons de feu sieur Leyris mon beau père, de Louis Ronzier mon frère de Banne, tuèrent ma belle-soeur sa femme, sa rentière et environ vingt huit hommes, femmes et enfants, jusques à un enfant de trois mois qu’ils attachèrent à un arbre où ils lui tirèrent plusieurs coups de fusil et avaient dessein de fondre sur nous et notre paroisse, mais par sa grace Dieu nous a conservé et donné le courage d’aller contre ces rebelles accompagné de nos voisins et autres de cette paroisse qui me fesaient l’honneur de me suivre pour nous opposer aux passages et mauvais desseins de ces malheureux tant de notre mouvement qu’en exécutant les ordres que nous avons reçu de sr de Marcelly colonel d’infanterie, de M Julien maréchal de camp, de mr du Villar, de mr des Bordes, tous commandants à Genouillac et aux environs comme on pourra voir dans les ordres qu’ils m’ont adressé tant pour la conservation de cette paroisse que pour les suivre dans les détachements pour aller chasser les rebelles dud Genouillac et pour aller dans les paroisses voisines pour détruire ces malheureux, j’ai promis de faire dire annuellement à environ la Saint Antoine une messe dans l’église de Chamborigaud en action de graces de ce que Dieu nous a conservés et préservé de ces méchants et pour la prospérité des vivants de ma famille et autres mes parents et amis, priant mes héritiers de suivre ma volonté après ma mort et d’exhorter les leurs à en faire de même voulant que le présent que j’ai écrit et signé de ma main ce vingt cinquième septembre mil sept cens quatre leur serve de mémoire Ronzier

Fin des papiers originaux Robert

Prise de Rolland un des chefs des rebelles

Copie de la lettre écrite par mr de Parat à mr de Lalande

d’Uzès ce 14e août 1704

Je crois monsieur que vous serez bien aise que j’ai l’honneur de vous donner avis que nous sommes en possession du cadavre de Rolland et de cinq vivants des principaux de sa troupe, ils étaient 9, 3 se sont sauvés, Catinat est du nombre; il y a six semaines que je machinais la prise de ce fameux rebelle et de sa suite; aujourd’hui à deux heures du matin j’ai été informé qu’ils étaient dans le chateau de Castelneuf, malgré mes sueurs et ma faiblesse, je me suis jeté hors du lit pour faire marcher tous les officiers d’infanterie, ne comptant pas sur l’expérience et la vigilance des dragons, je ne saurais trop donner de louanges à mr de Costebadi et à tous les officiers du régiment de Charolais qu’il commande.

Je puis vous assurer monsieur que le gros de la troupe de Rolland est à Lasalle, il est à croire que cet échec la déroutera, la faiblesse dans laquelle je suis m’empeche de vous en dire davantage.

Soumission de Cavalier l’un des principaux chefs des protestants révoltés

Copie des nouvelles données par mr de Basville à mgr l’éveque d’Alais

De nîmes le samedi 17e mai 1704

Cavalier chef des rebelles s’est entièrement soumis et sans aucune condition il vint hier dans cette ville conduit par un gentilhomme nommé de Dalies et par mr de Lalande pour se mettre entre les mains de mr le maréchal de Villars sans autre condition que d’implorer la clémence du roi; il doit assembler toute sa troupe le premier juin à Calvisson et y attendre l’ordre du roi soit pour sortir du royaume ou pour servir dans ses armées si sa majesté l’a agréable ou faire tout ce qui lui sera ordonné, il répond de tous les autres chefs. Mr le maréchal de Villard a envoyé un second courrier pour recevoir les ordres du roi sur la destinée de ceux qui sont entièrement soumis.

4 aout 1699

mr Chabert notaire de Chamborigaud sur la prise d’un ministre protestant faite par sr Maurice Ronzier

Voici mr mon très cher beau-frère une lettre que je viens de recevoir dans ce moment de laquelle vous apprendrez le sujet du voyage de mon cousin votre frere qui a fait une action des plus hardies qu’on puisse parler mais par la faute et imprudence du sieur Dumas lieutenant de prévot à la maréchaussée de Nîmes elle n’a pu enl’effet qu’on eut 1 mort. Il n’y a pas de sa faute et il y a lieu.....qu'il .....sera bien récompensé, du moins il le mérite bien car ils ont risqué de leur vie pour le soutien de la foi et de l'estat on le leur fait espérer, elle ne sera pas si grande que je leur souhaite comme vous pouvez croire le sieur Leyris de la Croix-Rouge qui m’a rendu la lettre de mon neveu Blazin qui vient de St Geniès m’a dit plusieurs particularités qui seraient trop longues à vous exprimer je le ...(trou)... demain avant la messe si vous prenez la peine..... un peu matin comme je vous le prie car je .... de vous voir. Je trouve hier une lettre de Chabert du .... de ce mois qui me marque que mr de Tourières y était allé a tout nié (?) qu’il en devait revenir le lendemain que c’était le 6 de ce mois qu’il y avait apporté notre proces (?) pour s’en instruire et elle lui faisait espérer que dès son retour je le raporterai et qu’il avait connu de faire bonnes intentions pour nous et monsieur de ...lui en fasse la grace et à moi de vous pouvoir témoigner de quel zele et attachement je suis monsieur mon très cher beau-frère votre très humble et très obéissant serviteur

Chabert

Ce 14 e aoust 1699

Je souhaite le bon jour à ma soeur et à toute la famille a qui je vous prie de faire de cette nouvelle et d’une envoyer ma lettre

Je soussigné prêtre et curé de l’église de St Jean Baptiste de Malbosc dans le diocèse de Viviers, certifie a tous qu’il apppartiendra que sieur François de Pages advocat et Jeanne de Leyris mariés (dans la marge : anciens catholiques Lobier pretre et curé) sont habitants dans cette paroisse depuis le temps de leur mariage qui fut le septième jour de février 1703, lad de Leyris habitante cy devant et originaire du lieu de l’Apostoli paroisse de Génolhac, ny ayant habité ny même ne pouvant pas y habiter a cause des troubles et brulements qui furent faits de sa maison paternelle et autres deux maisons l’une appelée l’Aubaret et l’autre Montclar, icelles situées dans le diocèze d’Uzès, lesd mariés habitant aud Malbosc dans la maison du père dud sieur Pages, ou tous conjointement payent capitation aud diocèse de Viviers, en foi de ce ai fait le présent certificat pour leur servir en ce que de raison fait aud Malbosc ce vingt cinquième juillet mil sept cens cinq Lobier pretre et curé de Malbosc

Nous vicaire général de monseigneur l’illustrissime et reverendissime Eveque et comte de Viviers certifions à tout qu’il appartiendra que le sr Loubier pretre qui a signé le susdit certificat est... de Malbosc au présent diocèse de Viviers et qu’en cette qualité foy peut et doit estre adjoutée a son seing ... en foy de quoy nous avons fait le présent certificat vingt sept juillet 1705

Signature illisible


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Projet de « Chemins camisards »

ou "Chemins de la résistance protestante" ou "Chemins Huguenots"

Le dimanche 16 octobre 2005, la commission d'action du Club Cévenol était réunie à Florac essentiellement autour du thème : "Chemin des premiers camisards".
Roger Lagrave a tout d'abord exposé le projet directement inspiré du livre d'Henry Mouysset "Les premiers camisards" : baliser un chemin de randonnée allant de Barre-des-Cévennes au Pont-de-Montvert via Saint-Julien-d'Arpaon. Trois panneaux explicatifs, placés au départ, à l'arrivée, ainsi qu'aux Trois Fayards, donneraient des informations historiques aux randonneurs leur permettant de mieux comprendre les tragiques événements de juillet 1702 qui provoquèrent le début de la guerre des camisards.
Henry Mouysset a ensuite pris la parole en précisant qu'il était d'accord pour participer activement à la concrétisation de ce projet mais qu'il lui paraît important de ne pas exclure la possibilité de créer plusieurs "chemins camisards" dans les Cévennes.
Daniel Travier est alors intervenu pour faire un historique de l'utilisation du concept "camisard" dans le développement culturel et touristique des Cévennes. Il considère que la mémoire protestante cévenole est un bien commun dont personne n'a le monopole et qu'il convient d'organiser la découverte de cette mémoire par des itinéraires sur l'ensemble du territoire, après avoir largement consulté les populations concernées et obtenu un large consensus. Il se dit favorable à la création d'une commission "Chemins de la résistance protestante".
Suite à ces trois interventions, s'est alors engagé une discussion passionnée, mais très constructive, parmi les nombreuses personnes présentes à cette réunion. En effet, pourquoi un seul "chemin camisard" ? Ne serait-il pas utile d'envisager la création de plusieurs "chemins camisards" à travers les Cévennes lozériennes et gardoises et d'informer toutes les personnes susceptibles d'être intéressées par la concrétisation de tels projets ?
En définitive, l'idée de créer la commission "Chemins des camisards" est retenue par l'ensemble des participants. Première réunion de cette commission : très certainement fin novembre 2005.
A suivre….

Intervention de Daniel Travier

ITINERAIRES TOURISTIQUES PROTESTANTS :

L'intérêt touristique de l'histoire protestante cévenole n'est pas nouveau et le Club Cévenol l'a évoqué dès ses origines.
Robert Louis Stevenson n'a-t-il pas choisi les Cévennes pour découvrir le "Pays des Camisards" dont il avait découvert l'histoire à la lecture de Michelet, histoire lui rappelant celle des Covenenters écossais que sa nourrice lui racontait dans son enfance ? N'avait-il pas emporté dans ses bagages pour seul livre Les pasteurs du Désert de Napoléon Peyrat, le premier ouvrage protestant réhabilitant les camisards encore controversés dans le protestantisme officiel.

Bref rappel des principaux guides ou propositions d'itinéraires protestants en Cévennes :
Jacques PORCHER, "Le pays des camisards", dans la série Les étapes d'un touriste en France, Paris, 1894.

Henri BOLAND, "Au pays des camisards, les Cévennes des Gardons", in L'Echo des touristes, Novembre 1907, et dans Causses et Cévennes, 1907, n°4. Henri Boland a été un des grands responsables du tourisme en France : Directeur du service voyage au Touring Club de France, Pt du Club Cévenol, c'est lui qui a fait la refonte des guides Joanes.

Charles DHOMBRES, Six jours en Pays Camisard, Paris, 1926.

Gaston TOURNIER, Au pays des Camisards, Musée du Désert, 1931.

Note de la préfecture du Gard "sur le tourisme religieux en Cévennes" : Projet de financement d'une étude sur les possibilité touristiques offertes par les souvenirs de l'histoire du Protestantisme Cévenol, 23 mars 1965, 8pp. Destiné à la Mission Interministérielle et à la SEMAG (Société d'Economie Mixte d'Aménagement du Gard), ce rapport n'a semble-t-il pas eu de suite officielle, mais André Bernardy qui en était à l'origine dans le cadre des SI du Gard a rédigé avec le pasteur Lhermet un ouvrage en forme de guide.

A. BERNARDY et R. LHERMET, Itinéraires protestants dans le Gard et les Cévennes, Uzès, 1969.

Roger LAGRAVE (dir.) "Dans les Cévennes sur la trace des Camisards", in la revue Chemin, n°2, 1983. Il s'agit d'une proposition plus particulièrement adaptée à la randonnée pédestre.

Daniel TRAVIER, "Itinéraire camisard, trois jours en terre cévenoles", in Historia, novembre 1992.

Signalons au passage en 1993 le dépliant Paris et Aux environs de Paris, les protestants hier et aujourd'hui, réalisé par l'Equipe Régionale Protestante en Ile de France et la SHPF, avec le concours de la FPF, de la Caisse Nationale des Monuments Historiques et des Sites et de l'AFIT (Agence Française de l'Ingénierie Touristique).

Colloque d'Alès des 27 & 28 mai 1994 : "Quel tourisme pour les Cévennes de Demain", deux interventions : Flavienne DUMAS, "Itinéraires protestants en Cévennes" et Daniel TRAVIER, "Les itinéraires culturels" in Causses et Cévennes, 1995, n°4, (actes du colloques).
En 1995 l'équipe Accueil-Tourisme-Témoignage de l'Eglise Réformée de France en Cévennes-Languedoc-Roussillon sous la responsabilité du Pasteur Christian BOUZY et de Philippe CHAMBON, mandatée par le conseil régional de l'Eglise réformée a engagé une importante réflexion sur la mise en place de "circuits protestants". Bien que n'appartenant pas à L'Eglise réformée j'ai été associé à ce travail à divers titres : j'y représentais le Club Cévenol, j'y apportais ma propre réflexion et mon expérience sur les itinéraires culturels, enfin j'y étais aussi en tant que protestant appartenant à une église autre que l'ERF. Pendant plus d'un an ce groupe s'est réuni, a mené des consultations auprès des paroisses et des personnalités intéressées par cette thématique et a beaucoup appris sur la manière dont les protestants engagés dans les paroisses appréhendaient ces itinéraires. Ce travail a abouti à un ouvrage collectif édité au Presses du Languedoc, rédigé par un groupe d'historiens (Philippe Joutard, Patrick Cabanel, Camille Boudes, Jean Paul Chabrol, Philippe Chambon, Jacques Poujol, Pierre Rolland, Jérôme Sabatier, Daniel Travier) dont la plupart étaient proches du Club Cévenol, mais avec une large participation des paroisses, des érudits locaux et autres personnes qui s'étaient intéressé au projet en essayant de ne laisser personne au bord de la route. C'est environ une cinquantaine de personnes qui a collaboré à cette œuvre intitulé Itinéraires protestants en Languedoc XVIe-XXe siècles dont le premier tome consacré aux Cévennes est sorti en 1998.

Sur les traces des Huguenots des Cévennes à la Méditerranée, est une petite brochure proposant 4 itinéraires, publiée par la Maison du protestantisme à Nîmes en 1996.

Notons que sous la direction le Laurent PUECH a aussi été publié en 1997 Languedoc protestant, XVIe-XVIIIe siècles, Itinéraires huguenots, Languedoc, Cévennes, Rouergue.

Chez nos voisins ardéchois paraissait en 1998 Chemins huguenots de l'Ardèche, itinéraires et promenades.

Enfin en 1998 aussi, Etienne Passebois, maire de St-Frézal-de-Ventalon, proposait des randonnées pédestres, à partir de 11 lieux de mémoire protestants des hautes Cévennes (dans le triangle Pont-de-Monvert, Génolhac et le Collet de Dèze). La première édition était modestement éditée sous le titre En Cévennes : Randonnée Huguenote sur les pas des camisards. Une seconde édition imprimée par le PNC est parue en 1999.

Que faire aujourd'hui ?
Aujourd'hui nous est proposé un itinéraire des Premiers camisards reprenant les lieux évoqués dans le remarquable ouvrage d'Henry Mouysset publié en 2002 pour le tricentenaire et intitulé Les premiers Camisards juillet 1702, qui nous restitue presque heure par heure les évènements des premiers jours de la "Guerre des Cévennes".
D'autres projets sont dans les cartons. Le CDT de la Lozère a un projet en gestation sur le canton de Pont-de-Monvert. Un comité s'est créé et y réfléchit dans la direction d'un programme de trois jours avec accompagnateurs pour les groupes et fiches guides pour les individuels.

Les consultations que nous avions été amenés à faire en 1995 avec l'équipe Accueil-Tourisme-Témoignage de l'Eglise Réformée et la connaissance qu'elles nous ont donnée du sentiment que "des produits touristiques" inspirent aux protestants cévenols nous amènent à faire quelques remarques et à proposer quelques pistes de réflexions.

Le phénomène camisard en Cévennes a été fondateur d'une prise de conscience identitaire tardive (fin du XIXe siècle) mais extrêmement forte. Même dans les bastions catholiques et par opposition, ce phénomène a largement participé à la structuration de l'identité minoritaire. Mais quand on parle du phénomène camisard en Cévennes c'est dans une acception extrêmement large. Toutes les enquêtes orales montrent que les Cévenols emploient indifféremment les expressions "temps des camisards" et "temps des persécutions". Généralement quand ils parlent des Camisards, il englobent toute la résistance huguenote cévenole. Limiter donc la démarche touristico-culturelle à la seule guerre des camisards serait une fâcheuse erreur. Même si l'appellation "Camisard" s'avère porteuse auprès des publics. La mémoire cévenole porteuse de l'identité, s'enracine sur plus d'un siècle, sur toute l'histoire de cette résistance au totalitarisme d'état pour la liberté de conscience. Le cévenol ne dissocie pas la révolte armée de 1702 de l'héroïque résistance pacifique de la clandestinité qui malgré les persécutions a permis de conserver la foi des pères sur quatre générations.
Cette mémoire, les cévenols la vivent dans leur tête, dans leur cœur et dans leurs tripes. Et s'ils lui reconnaissent une dimension culturelle touchant à des valeurs universelles (droits de l'homme), pour beaucoup elle conserve toujours une essence religieuse, spirituelle et donc sacrée qui touche à leur foi personnelle. D'une manière générale les protestants cévenols sont fiers et très jaloux de leur appartenance historique. Et s'ils sont favorables à faire connaître cette histoire, à partager cette mémoire avec les visiteurs qui la respectent, ils ne tolèrent pas qu'on la dénature, notamment en occultant sa part spirituelle, et surtout qu'on l'utilise à des fins commerciales et mercantiles. Et c'est pour cela qu'il est difficile de créer de véritables produits touristiques sur ce thème. Le mot même de produit que l'on vend est dans ce cas inconvenant. Combien de fois ai-je entendu "les camisards ne sont pas à vendre".

Pour bon nombre de protestants encore actifs dans les paroisses, cette mémoire s'enracine certes dans le passé, mais elle le transcende. Ils ne peuvent la dissocier de leur présent et de leur futur. Parler le la mémoire camisarde pour eux c'est aussi évoquer leur foi et leurs engagements présents. Beaucoup souhaitent que parlant de l'histoire on puisse aussi engager avec les visiteurs des échanges sur le sens de leur vie aujourd'hui.

Enfin l'attachement à cette histoire, à cette mémoire est ce qu'il y a de plus partagé dans ce pays. Il en est partout imprégné. Ne mettre en place qu'un dispositif unique sur un secteur privilégié, serait ailleurs vécu comme une injustice et susciterait de lourds ressentiments.

Pour toutes ces raisons il convient
Ø d'agir avec une grande prudence, dans le respect des uns et des autres,
Ø de ne pas se précipiter, de consulter les populations, notamment les paroisses, et d'associer ceux qui le souhaitent à la réflexion qui débouchera sur une offre structurée.
Ø Ces offres doivent pouvoir couvrir l'ensemble du territoire cévenol, être créés partout où s'en manifeste le désir,
Ø Elles doivent intégrer toute l'histoire protestante, jusqu'à aujourd'hui et non le seul épisode camisard. Il ne faut pas occulter le XIXe, à 2 exceptions près tous les temples cévenols ont été construits à cette époque, et surtout le rôle refuge des Cévennes protestantes pendant la seconde guerre mondiale
Ø Ces offres ne doivent pas avoir de connotation commerciale,
Ø Elles doivent être souples, pouvoir s'adapter à la demande très variée dans le domaine, entre un groupe paroissial protestant ou catholique et un comité d'entreprise la demande n'est pas forcément identique.
Ø Il est souhaitable qu'elles intègrent une part d'actualité protestante, et qu'elles utilisent pour cela des personnes ressources prises dans les paroisses,
Ø Ces itinéraires nécessitent des outils de circulations, des clefs pour faciliter la compréhension et l'interprétation de sites sur lesquels, souvent il n'y a rien à voir mais seulement à se laisser imprégner par une histoire. Pour les individuels c'est une documentation adéquate écrite ou sonore, pour les groupes un guide accompagnateur compétant s'impose.
Ø L'exigence de qualité est indispensable :
- la rigueur scientifique doit être exemplaire, et donc les accompagnateurs doivent être d'un bon niveau et particulièrement bien formés, y compris avec un minimum de connaissances en matière religieuse car bien des publics, très ignorants, questionnent sur le fonds. On peut vite déraper et faire des contresens.
- La documentation doit être soignée tant dans la forme que sur le fonds
- Les prestataires y compris hébergeurs et transporteurs doivent être liés par une charte de qualité et avoir un minimum de connaissances, n'importe qui ne peut faire n'importe quoi.
- Cela implique certainement un label sur lequel on puisse communiquer.

Sans doute avant tout faut-il imaginer une structure représentative et reconnue sur l'ensemble des Cévennes, pouvant s'appuyer sur un comité apportant une caution scientifique et éthique au contenu des produits comme de la documentation. Ce comité comme celui du site camisards.org pourrait rassembler les historiens du protestantisme cévenol, les représentants des structures spécialisées et au premier chef le Musée du Désert, des représentants des églises protestantes. Le club Cévenol, par son ancienneté, par le fait qu'il est reconnu sur l'ensemble du territoire, a certainement un rôle à jouer. Il en va de même du Parc national des Cévennes qui peut apporter un concours technique comme il le fait pour les sentiers autour de Parc. On pourrait imaginer une nouvelle série de sentiers d'interprétation sur la thématique huguenote.

Un tel dispositif a ponctuellement bien fonctionné en 2002 pour les manifestations du tricentenaire du début de la guerre des camisards. Le club Cévenol en a été à l'initiative, il a désigné ses responsables qui avec le PNC ont mis en places les manifestations qui sont entrées dans le programme du Festival Nature en travaillant avec tous ceux qui souhaitaient y participer : individus, associations et collectivités. Cependant, le bas pays de Gardonnenque qui n'y a pas vraiment été associé, en a gardé un certain ressentiment. Dans un second temps il a mis en place ses propres manifestations commémoratives. Cette expérience est me semble-t-il assez exemplaire. Ses enseignements nous seront utiles tant pour les aspects positifs que pour les négatifs à ne pas renouveler.

Les Trois Fayards

par Henri Mouysset

Aux Trois Fayards, ce très important lieu du souvenir protestant, se sont rassemblés les "révoltés" que l'on allait bientôt appeler camisards, réunis là afin de marcher sur la maison où l'abbé du Chaila tenait prisonnier des fugitifs cévenols. Cette descente sur le Pont-de-Montvert, au chant des psaumes, aboutit au meurtre, prémédité ou non, de l'abbé du Chaila, symbole de la persécution papiste dans les Cévennes. Henry Mouysset, auteur de "Les premiers camisards", nous raconte les recherches qui allaient aboutir à redécouvrir ce lieu. Une réunion "commémorative" s'est tenue aux Trois Fayards le 24 juillet 2002, et nous espérons que les quelques photos présentées ici en restituent l'atmosphère très émouvante. P. R.

Depuis de nombreuses années, j'étais à la recherche du célèbre lieu " Les Trois Fayards ", en français " Les Trois Hêtres " ou en occitan " Los Tres Faus ". En effet, c'est là où s'étaient rassemblés le 24 juillet 1702 les premiers " attroupés " avant d'aller au Pont de Montvert libérer les prisonniers retenus dans la maison André et tuer l'abbé du Chaila. Selon les témoignages d'époque de Jean Rampon et d'Abraham Mazel, ainsi que d'après la tradition orale, ce lieu de rendez-vous se trouvait à l'extrémité de la forêt d'Altefage, proche du sommet du massif du Bougès (Lozère).
Il y a trois ou quatre ans, dans le cadre des recherches effectuées pour la rédaction de mon livre " LES PREMIERS CAMISARDS " (Presses du Languedoc - juillet 2002 -), en consultant le Plan Ancien de Cassagnas de 1822 aux Archives Départementales de la Lozère, j'ai découvert sur la parcelle N°130 …un petit dessin composé de trois arbres représentant le lieu-dit " Les Trois Faus ". Par ailleurs, Mr Guin, originaire de Mijavols et ancien berger, m'avait conduit à la source dite des " Trois Fayards " qui se trouve à la limite sud-est de cette même parcelle N°130 entièrement recouverte d'une épaisse forêt de résineux.
Fort de ma découverte historique, dans le cadre des cérémonies de commémoration du tricentenaire du début de la guerre des camisards, ayant obtenu les accords du directeur du PNC et du directeur départemental de l'ONF (à qui appartient cette parcelle), il ne me restait donc plus qu'à concrétiser mon projet : faire replanter trois hêtres à l'endroit précis indiqué sur le Plan Ancien de Cassagnas.
Rendez-vous fut donc fixé sur le Bougès, très exactement le 11 août 2001, avec des techniciens de l'O.N.F. pour planifier, sur le terrain, les modalités techniques de cette plantation. Mais - ô très grande surprise - à l'endroit précis, nous avons découvert trois énormes cépées de hêtres, sans aucun doute issues des trois gros hêtres coupés lors du reboisement de 1909, cachées jusqu'à ce jour par la forêt de résineux !
Passionné par l'histoire des camisards, devenir réinventeur de ce lieu de mémoire fut pour moi un intense moment d'émotion ! Inutile donc de replanter trois jeunes hêtres : la cérémonie commémorative pourrait se dérouler autour des trois cépées existantes, une fois le lieu requalifié par l'O. N. F. .
Ainsi, le 24 juillet 2002 au matin, en ouverture des cérémonies commémoratives, une centaine de personnes se sont regroupées aux " Trois Fayards " pour évoquer la mémoire des Mazel, Rampon, Séguier, Courderc, Mazauric… qui préparèrent à cet endroit précis leur " opération commando " du Pont de Montvert.

Henry MOUYSSET
(le 22 septembre 2002)

Ruffières, lieu d’assemblées

(commune actuelle des Salles-du-Gardon, près de la Grand-Combe)

Ruffières est un grand mas situé au haut d'un vallon au-dessus du village de la Favède, dans la direction de la montagne qui sépare ce village de celui de Lamelouze. C'est un lieu idéal pour des assemblées clandestines : dans un vallon isolé, au coeur d'un pays profondément protestant, pas très éloigné des villages de la Favède, de Branoux (paroisse de Blannaves), de Lamelouze et de la vallée du Galeizon.

Le vallon de Ruffières

Le mas lui-même est habité par la famille Pouget, des protestants à toute épreuve. Deux assemblées s'y sont tenues à une semaine d'écart, mais c'est surtout la seconde qui a laissé des traces dans les archives (AD34 C 182 et183). Elles sont particulièrement importantes, car tenues peu avant le déclenchement de la guerre des camisards, dans la première quinzaine du mois de mai 1702. Plusieurs de ceux qui vont bientôt tuer l'abbé du Chayla pourraient y avoir assisté (en tout cas ils en sont fortement soupçonnés par les autorités) tels Gédéon Laporte ou "Salamon prédicant de Saint-Jean" qui pourrait être soit Salomon Couderc, soit Abraham Mazel de Saint-Jean-de-Gardonnenque. Plusieurs prophètes se sont succédés au cours de cette assemblée : Abraham Pouget dont on peut lire les interrogatoires et une courte biographie sur ce site, Louis Brès qui avait été chantre à Branoux, et surtout Jean Astruc dit Mandagout (voir également son interrogatoire).

Deux espions assistent à l'assemblée, et leurs dénonciations provoqueront de nombreuses condamnations dans les hameaux et communes environnantes.

La Maison natale d’Abraham Mazel à Falguières

La maison natale d'Abraham Mazel en cours de restauration.

Localisation : La Maison natale d'Abraham Mazel surplombe le Hameau de Falguières et le Gardon de St-Etienne-Vallée-Française/Mialet, rive gauche. Pour s'y rendre à partir de Saint-Jean-du-Gard, prendre la direction de St-Etienne-Vallée-Française et au sommet du petit col de Lamira (environ 3 kms) prendre la petite route à droite en direction de Falguières. Traverser le hameau, la Maison se trouve au-dessus, légèrement en amont.

Historique : Ecrit indifféremment au cours des siècles Faugières, Falguière ou Falguières, ce hameau tire son nom de la fougère abondante à cet endroit. Ce hameau était autrefois exclusivement peuplé d'agriculteurs (châtaigniers, mûriers, cultures maraîchères), tous éleveurs et travaillant la laine. Falguières possède aussi une source d'eau chaude (située dans une propriété privée) qui est déjà mentionnée au Moyen Age sous le nom de "Font-Caude". Aujourd'hui ce hameau est habité par quatre familles d'agriculteurs, éleveurs, tandis qu'une soixantaine de personnes y résident de façon permanente ou saisonnière. Une clède encore en activité, aux Pomarèdes, et un moulin permettent la commercialisation de farine de châtaigne. On y récolte aussi du safran.

Perchée un peu au-dessus, la Maison natale d'Abraham Mazel domine le hameau. Le chef (prophète) camisard Abraham Mazel est né dans cette demeure le 5 septembre 1677. Cette vieille bâtisse d'architecture typique d'un habitat cévenol rural a appartenu à la famille d'Abraham Mazel depuis au moins 1548.

Les différentes parties de cette maison (base de tour, dépendances…) montrent qu'elle a été considérablement modifiée et adaptée aux familles qui l'ont successivement habitée. A l'intérieur de la maison on peut voir encore la trappe qui permettait, comme dans toutes les demeures cévenoles, de rapidement gagner la cave pour s'enfuir si cela était nécessaire. Les voûtes intactes de la cave ainsi que la fenêtre de laquelle Abraham Mazel sauta en décembre 1704 pour échapper aux soldats venus l'arrêter, sont les témoins de cet épisode camisard. A la suite de la mort de Mazel (Uzès 14 octobre 1710) et de son jugement (post mortem - 18 octobre 1710), la maison fut incendiée, entraînant la destruction de la partie haute.

Maison natale d'Abraham Mazel : la fenêtre d'où il sauta pour échapper aux soldats qui venaient l'arrêter en janvier 1705

A partir de ce moment, les biens de la famille Mazel ayant "été confisqués", elle changea de propriétaire pour appartenir dès le début du XIX° siècle à la famille Salles originaire de Lozère et venue s'installer dans les Basses-Cévennes. En juin 1995 elle fut rachetée par l'Association Abraham Mazel qui en est aujourd'hui propriétaire et qui y développe un projet de restauration et de préservation des espèces naturelles anciennes et y installe un centre culturel dédié aux résistances. (Renseignements tél: 04 66 85 33 33)
Les différentes parties de cette maison (base de tour, dépendances…) montrent qu'elle a été considérablement modifiée et adaptée aux familles qui l'ont successivement habitée. A l'intérieur de la maison on peut voir encore la trappe qui permettait, comme dans toutes les demeures cévenoles, de rapidement gagner la cave pour s'enfuir si cela était nécessaire. Les voûtes intactes de la cave ainsi que la fenêtre de laquelle Abraham Mazel sauta en décembre 1704 pour échapper aux soldats venus l'arrêter, sont les témoins de cet épisode camisard. A la suite de la mort de Mazel (Uzès 14 octobre 1710) et de son jugement (post mortem - 18 octobre 1710), la maison fut incendiée, entraînant la destruction de la partie haute. A partir de ce moment, les biens de la famille Mazel ayant "été confisqués", elle changea de propriétaire pour appartenir dès le début du XIX° siècle à la famille Salles originaire de Lozère et venue s'installer dans les Basses-Cévennes. En juin 1995 elle fut rachetée par l'Association Abraham Mazel qui en est aujourd'hui propriétaire et qui y développe un projet de restauration et de préservation des espèces naturelles anciennes et y installe un centre culturel dédié aux résistances. (Renseignements, tél: 04 66 85 33 33)

Cette Maison et toutes les montagnes qui l'entourent sont vraiment les lieux de prédilection du chef camisard. C'est là qu'il a vécu jusqu'à son engagement dans la révolte camisarde, à la suite d'une "révélation" qu'il aura le dimanche 9 octobre 1701, au cours d'une assemblée clandestine. C'est là qu'il se retire soit par désir de mener une réflexion personnelle, soit pour chercher le réconfort à la suite de maladies. C'est là qu'on essaye de l'arrêter. C'est dans le château de Marouls, juste en face, qu'on le pourchasse (6 janvier 1705). C'est dans ces vallons qu'il s'oppose au capitaine Poul, (septembre 1702) ou qu'il cache ses troupes. C'est sur les monts environnants (Acam des Aigladines) qu'il donne rendez-vous aux autres chefs (Rolland, Cavalier -septembre 1702) ou que Jacques Savin le retrouve après son évasion de la Tour de Constance (24 juillet 1705).

Lieu de mémoire : Cette Maison et les lieux qui l'entourent, par la série d'événements dont il furent tour à tour le théâtre, correspondent à la définition que Pierre Nora attribue aux lieux de Mémoire. En effet, si elle fut, en premier, le témoin de la résistance des camisards, elle fut aussi refuge pour les maquisards pendant la deuxième guerre mondiale (suivant un témoignage oral que nous a livré - en juillet 1995- le pasteur Pierre Chaptal, aumônier du maquis allemand résistant aux côtés des maquis français, alors qu'il fuyait on l'avait prévenu "qu'il pouvait monter la-haut dans la vieille Maison, qu'il y trouverait refuge". Ce qu'il fit.). Enfin lors de l'opposition des habitants de la Vallée Française au projet de barrage de la Borie, en 1992, cette maison fut choisie comme lieu d'expression de la résistance et de c'est de là en particulier que partit l' "Appel en destination des Pays du Refuge". Voir la biographie d'Abraham Mazel et sa généalogie.

La maison natale de Pierre Laporte et le Musée du Désert

Après la mort de Pierre Laporte au château de Castelnau-Valence, et la reddition des camisards, deux de ses frères s'exilèrent en Hollande, ses parents et ses frères et sœurs demeurant au Mas Soubeyran (après leur libération, pour plusieurs d'entre eux, de la prison de Perpignan). Depuis, la maison natale de Rolland était toujours restée la propriété des Laporte, et régulièrement visitée au 19e siècle.

Le Mas Soubeyran

L'arrière petit-neveu de Rolland, Jean Laporte,y montrait quelques souvenirs pieusement conservés: la Bible de Rolland, une Bible du 16e siècle, une hallebarde. Il montrait également la cachette dont l'accès était dissimulé dans une armoire qui servit d'après la tradition à Rolland.

La "Bible de Rolland"

Des difficultés économiques ayant contraint le dernier descendant de Rolland à hypothéquer sa maison, la Société de l'Histoire du Protestantisme lança une souscription pour lui permettre de terminer ses jours au Mas Soubeyran, et éviter par la même occasion le risque de voir tomber la maison entre les mains de propriétaires peu soucieux de sa valeur symbolique.

Devenue propriété de la Société de l'Histoire du Protestantisme de France, la maison de Rolland devient alors, à l'initiative de Franck Puaux et d'Edmond Hugues, avec l'aide et l'appui de nombreux pasteurs et laïcs cévenols ou non-cévenols, le musée du Désert. L'inauguration a lieu le 24 septembre 1911, et un culte se tient en plein air, comme au temps du Désert. Depuis cette date, tous les ans à l'exception de quelques années de guerre, se tient l'assemblée du Désert, réunissant parfois plus de vingt mille personnes dans une ambiance à la fois recueillie et joyeusement familiale. C'est le premier dimanche de septembre qui a été choisi depuis 1928 pour ces retrouvailles du monde protestant, débordant largement le cadre : de tous les pays du Refuge affluent ce jour-là nombre des descendants des fugitifs des années noires.

Allocution de Franck Puaux à l'inauguration du Musée de Désert

Le matin a lieu le culte, sous les chênes et les châtaigniers, terminé par la sainte Cène, puis, après le pique-nique champêtre, l'après-midi est consacré à des exposés érudits d'historiens touchant l'histoire protestante (André Chamson y prit sept fois la parole), à la visite du Musée, à l'achat de livres ou de souvenirs. La Cévenole, l'hymne composé en 1885 par Ruben Saillens, clôt la journée.

Le Musée s'est considérablement enrichi depuis son ouverture en 1911. Sont évoqués tous les grands noms du protestantisme français, le martyr Claude Brousson, les camisards Cavalier et bien sûr Rolland, les pasteurs Antoine Court et Paul Rabaut. Un bâtiment neuf bien intégré dans les bâtiments anciens est achevé après la guerre de 14-18, et honore la mémoire des prisonniers et prisonnières pour la foi, des galériens, de tous ceux qui souffrirent dans leur cœur et dans leur chair pour continuer à exercer leur religion.

Enfin, il ne faut pas oublier que le Musée du Désert est un lieu de documentation et d'archives, où le chercheur, qu'il soit amateur ou professionnel, est bien accueilli, avec compétence, a sous la main une importante bibliothèque dans ce havre de paix, sous le regard émouvant de la Marie Durand de Jeanne Lombard.

D'après le texte de Patrick Cabanel et Daniel Travier, Itinéraires protestants, tome 1 Cévennes, pages 368 à 375 (Presses du Languedoc)


Le musée est ouvert tous les jours
du 1er mars au 30 novembre de 9h30 à 12h00 et de 14h00 à 18h00.
Du 1er juillet au 1er dimanche de septembre,
ouverture permanente de 9h30 à 19h00

MUSEE DU DESERT
Le Mas Soubeyran F 30140 MIALET
Tél: 04 66 85 02 72 Fax : 04 66 85 00 02
Musee@museedudesert.com

La maison de l’abbé du Chaila au Pont-de-Montvert

par Claire Guiorgadzé, architecte du Patrimoine

L'auteur de cette étude, Claire Guiorgadzé, est architecte du patrimoine, chargée d'étude pour la ZPPAUP du Pont-de-Montvert, et présidente du Lien des Chercheurs Cévenols. Deux de ses études sur le Pont-de-Montvert ont d'ailleurs été publiées dans les numéros 125 et 126 du bulletin de cette association. A signaler encore que Claire Guiorgadzé prépare un important texte de synthèse sur le Pont-de-Montvert pour les actes du colloque historique "Les camisards et leur mémoire" qui se déroulera au Pont-de-Montvertles 25 et 26 juillet 2002. Ces actes seront publiés par les Presses du Languedoc au début du mois de septembre 2002.

 

La maison de l'abbé du Chaila au Pont-de-Montvert était située au confluent du Tarn et du Rieumalet, sur la rive droite des deux rivières, au débouché du pont de pierre. Dans la nuit du 24 au 25 juillet 1702, cette bâtisse fut prise d'assaut par la troupe de camisards venus délivrer de jeunes gens que l'abbé tenait prisonniers dans ses cachots. L'abbé tenta de s'enfuir par le jardin, fut tué à l'entrée de la place du bourg, et la maison fut incendiée ; cet événement marqua le déclenchement de la guerre des Camisards (1702-1710).
Sans que l'on sache précisément ce qu'il reste de la maison réellement habitée par l'abbé du Chaila, son emplacement reste un lieu de mémoire, connu à travers toutes les Cévennes pour cet évènement historique.

PLAN DE SITUATION : Le bourg du Pont-de-Montvert aujourd'hui. En noir : l'emplacement de la maison de l'abbé du Chaila, sur la rive droite du Tarn, au confluent du Rieumalet, et au débouché du pont. Ce quartier a dépendu autrefois de la paroisse, puis de la commune de Fraissinet-de-Lozère ; il a été rattaché à celle du Pont-de-Montvert en 1860. (+ + +) Limite communale actuelle. (…) Limite communale avant 1860

 

Des photographies et des cartes postales des années 1900-1950 montrent la maison telle qu'elle était encore à cette date : une grande bâtisse sous un comble à deux versants, couvert en lauzes, et une maison plus petite à l'angle du pont, également couverte en lauzes. Les deux maisons étaient élevées de quatre niveaux : caves enterrée du côté de la rue et ouvertes sur le jardin du côté du Tarn, rez-de-chaussée de plain pied avec la rue, deux étages carrés et comble. Côté sud, la façade de la grande maison s'éclairait de cinq travées de fenêtres dans les étages ; la petite maison d'une seule travée de fenêtres. Les deux maisons étaient réunies du côté du Tarn par une étroite terrasse en pierre, formant une coursive le long de la façade, portée par quatre arches en plein cintre : ce portique existe encore aujourd'hui. A partir du rez-de-chaussée, les façades actuelles datent de 1954 : elles ont été démolies et rebâties en retrait pour l'élargissement de la rue.

La maison où a été tué l'abbé du Chaila est située à gauche, avec son jardin et ses arcades bien reconnaissables. Cette carte postale, qui date des années 1900-1910, et le plan ci-dessous permettent de bien la situer dans l'ensemble de la commune du Pont-de-Montvert

 

En noir : l'emplacement de la maison de l'abbé du Chaila, sur la rive droite du Tarn, au confluent du Rieumalet, et au débouché du pont.

 

Il existe une description de la maison de l'abbé du Chaila en 1702, faite dans le cadre de l'enquête qui a suivi le meurtre:

"Maison située sur le bout du pont de Montvert au bord de la rivière faisant face au midy, composée de quatre membres à plein pied. Deux desquels n'étaient pas voûtés que par les caves dans la terre et, au-dessus, était le logement du sieur abbé du Chaila, composé de deux étages, deux planchers et un couvert, le tout charpenté de bois de pin. Ladite maison était couverte en pierre plate ; le degré qui montait au premier et au second étage était de charpente. Il y avait deux cheminées dans l'appartement, de pierre de taille".

(AD Hérault C 257, Déposition de Jacques Desfours, architecte de la ville de Montpellier.
H. Bosc, La Guerre des Cévennes, p. 184/note 32.)

La maison apparaît également dans un compoix de Fraissinet-de-Lozère datant de la deuxième moitié du XVIIe siècle : elle appartient alors à Jean André, notaire. Ce gentilhomme huguenot fut arrêté vers 1688 et tué par des soldats, alors qu'il s'était réfugié pour ne pas abjurer dans une de ses métairies, le Mazelet dans la paroisse de St-Germain-de-Calberte. Sa maison au Pont-de-Montvert fut saisie, utilisée d'abord pour loger des soldats, avant d'être offerte à l'abbé du Chaila "pour y loger les missionnaires et pour y faire le service divin"(1) . En 1702, la maison était encore appelée maison d'André, ou château d'André du nom de son ancien propriétaire. Le texte du compoix décrit ainsi la contenance de la parcelle, où l'on retrouve une composition de la maison en quatre membres bâtis :

"Maison fougaigne à trois étages, couverte en tuiles [= en lauzes (2)] , 12 cannes 6 pans, chambre joignant 5 cannes, la maison du four 4 cannes 3 pans, court et passage au-devant 6 cannes, jardin arrosable au-dessous des maisons 3 boisseaux, maison paillère joignant la maison, 12 cannes 6 pans ; autre pailler sur le chemin 19 cannes, ayre et ayriel clos, 24 cannes."
(A.D. Lozère, EDT 066 CC 1, folio 306.)

Cette description ne peut correspondre à la bâtisse que montrent les photographies des années 1920. Il faut donc distinguer au moins trois états successifs et distincts des bâtiments sur cette parcelle:
1/ la "casature" ou habitation rurale du XVIIe siècle, telle qu'elle est décrite par le compoix de Fraissinet et par J. Desfours: la maison d'André, habitée par l'abbé du Chaila (en noir sur le plan).
2/ la grande bâtisse des XVIIIe- XIXe siècles, telle qu'on peut la voir sur les cartes postales du début du XXe siècle (en bleu sur le plan)
3/ les maisons actuelles, qui ont été en partie rebâties en 1954.

1/ La maison d'André (XVIIe siècle)

Cette maison comportait quatre membres bâtis, dont deux possédaient des caves voûtées, enterrés du côté de la rue et ouvertes de l'autre côté sur le lit du Tarn. Un seul de ces membres était élevé de 3 étages : la maison "fougaigne" (12 cannes 6 pans, soit environ 50 m² au sol), abritant le foyer, ayant deux étages de planchers au-dessus d'une cave voûtée, et un couvert en lauzes. Les autres membres abritaient la "chambre", la "maison du four" et une "maison paillère". L'ensemble était probablement réuni par un mur de soutènement du côté du Tarn, comme c'était le cas sur d'autres parcelles en bordure de la rivière (3). Au-dessous s'étendait un jardin (3 boisseaux) entouré par une haie, dans le lit du Tarn. La maison d'André ne possédait ni le portique voûté aux quatre arches en pierre portant la coursive, ni les murs de soutènement en pierre clôturant aujourd'hui le jardin sur le Tarn.

Cette maison fut entièrement détruite dans l'incendie du 24 juillet 1702, à l'exception des "basses voûtes" et d'une partie des "maîtresses murailles". Un procès-verbal de "vérification et estimation des dégâts" établi à la demande des héritiers de Jean André en novembre 1704, décrit ainsi l'état de la maison après les évènements :

"ladite maison brûlée et entièrement détruite à la réserve des basses voûtes qui subsistent encore avec partie des maîtresses murailles, que l'entier couvert de ladite maison qui contient en plafond dix-neuf cannes, et le couvert trente cannes sont entièrement ruinés, n'y ayant pas une seule tuile qui puisse servir, tous les boisages étant consumés, les cabinets en nombre de deux détruits, de même que les portes en nombre de neuf et l'escalier, ensemble deux grandes cheminées et quatre fenêtres croisées et une demi-croisée, et deux planchers."
(A.D. Hérault, C 262)
(Communiqué par Pierre Rolland.)

Le logement de l'abbé du Chaila était probablement situé dans la partie principale, la "maison fougaigne" à deux étages du compoix, puisqu'on sait qu'il comportait deux étages (J. Desfours) : "deux planchers et un couvert, le tout charpenté en bois de pin", et desservi par un escalier en bois. L'appartement comportait deux cabinets, deux cheminées de pierre de taille, quatre fenêtres doubles et une fenêtre simple, selon le procès-verbal de 1704.

La suite du procès-verbal décrit le mobilier que renfermait ce logement alors qu'il était habité par l'abbé du Chaila :

"Il nous a encore été rapporté par lesdits sieurs Pascal et Pons que les meubles qui étaient dans ladite maison appartenant audit sieur de Monfort lors de ladite incendie consistaient en une grande table de cuisine bois noyer où il y avait trois tiroirs fermant à clefs, une grande armoire bois noyer, une grande pille pierre pour faire la liscine, deux pilles à tenir l'huile, trois chalits un desquels était garni de matelas, couverte, draps, traversin et un tour de cadis vert de Montpellier, une table ronde bois noyer, un coffre bois noyer, neuf chaises à bras tapissières, une autre grande armoire bois noyer, six chaises de paille, des greniers à trois étages tenant trente cestiers, une garde-robe bois noyer, une autre table bois noyer pliante pour faire un carré et un rond, deux petites armoires dans la muraille."
(A.D. Hérault, C 262 - Idem).

2/ L'auberge (XVIIIe-XIXe siècles)

La grande bâtisse que montrent les cartes postales des années 1920 a donc été construite entre 1702 et 1819, dans l'intervalle entre l'incendie de la maison d'André et la levée du premier plan cadastral, dit napoléonien. "La France Protestante" (1846) nous apprend qu'elle abritait à cette date une auberge.
Le cadastre napoléonien montre une partition intérieure en plusieurs parcelles, qui correspond peut-être à l'ancienne composition de la maison d'André : les murs principaux et les caves voûtées demeurés debout après l'incendie de 1702 n'ont probablement pas été démolis mais plutôt réemployés par la suite. La grande bâtisse que l'on voit sur les photographies du début du XXe siècle a englobé plusieurs maisons ; leurs murs devaient demeurer dans la distribution intérieure de l'auberge, au niveau des caves et peut-être du rez-de-chaussée.
Le portique en pierre à quatre arches en plein cintre, qui porte la terrasse le long de la façade sud, fut construit au cours du XVIIIe siècle, pour desservir au rez-de-chaussée les pièces des différentes bâtisses réunies. Les maçonneries du portique sont construites contre celles des façades, dont elles ne sont pas solidaires. Les percements des murs ne coïncident pas tous avec les arches : au moins une des fenêtres des caves a été obturée par une pile ; elle a été transformée en soupirail et prend le jour au-dessus de la terrasse.
Les étages supérieurs résultaient probablement de surélévation des anciennes maisons, réunies sous un même toit de lauzes, percé de lucarnes. En 1950, la maison n'abritait plus une auberge, mais les logements de plusieurs familles ; des habitants se souviennent que les étages supérieurs étaient distribués en petites chambres séparées par de fines cloisons de part et d'autre d'un long couloir obscur.
Le virage à l'angle de la maison était tellement exigu qu'il fallait déporter les camions à l'aide d'un cric. L'angle de la maison avait été tronqué pour faciliter la circulation, comme on peut le voir sur certaines photographies. Elle fut frappée d'alignement et démolie en 1954, pour être rebâtie dans sa forme actuelle.

Evolution de la parcelle et de son environnement bâti, d'après la superposition des deux plans cadastraux.

 

  • Le cadastre napoléonien montre l'emprise bâtie de la parcelle au début du XIXe siècle ; la largeur des rues avant leur élargissement en 1954 ; la largeur du pont de pierre sur le Rieumalet (ce pont fut emporté par une crue en 1901, et remplacé par un pont métallique, qui fut à son tour remplacé par l'actuel pont en béton), et les maisons riveraines dont certaines ont été frappées d'alignement au XXe siècle.
  • Sur le cadastre actuel apparaissent l'emprise actuelle des bâtiments de la parcelle, l'alignement des maisons voisines, l'actuel pont en béton et les rues élargies. La petite maison qui était située à l'angle du pont de pierre a été démolie ; sa cave subsiste, en partie sous la voirie actuelle.

3/ Les maisons actuelles (1954).

Sur l'emplacement de la maison d'André il y a aujourd'hui deux parcelles et deux maisons d'habitation juxtaposées. Celles-ci sont élevées de trois niveaux au-dessus des caves et desservies par des escaliers distincts. La maison d'angle possède à l'angle du pont une extension à rez-de-chaussée, couverte en terrasse, abritant une ancienne boutique à l'angle du pont sur le Rieumalet.
Toutes les façades ont été rebâties en 1954, à l'exception du mur-pignon occidental, qui a été conservé en élévation : on peut encore voir sur le côté de la maison ce mur en pierre percé d'une baie ancienne au niveau des caves, et de baies modernes dans les étages supérieurs. La partie droite de la façade sur le Tarn, avec deux travées de fenêtres, dont le parement est masqué par un enduit ciment, a peut-être été conservée également (4). Du côté de la rue, les façades nord et nord-est ont été rebâties de fond en comble au nouvel alignement, en pierre et en béton, dans le style des années 1950 : murs en béton, faux appareil de pierre en façade, fenêtres en bande, encadrements de baies rehaussés par des cadres saillants en ciment moulé, peint en blanc.

 

Etat actuel de la façade ouest de la maison où a été tué l'abbé du Chaila (photo Claire Guiorgadzé)

 

Etat actuel de la façade sur le Tarn de la maison où a été tué l'abbé du Chaila (photo Claire Guiorgadzé)

 

Détail du jardin (photo Claire Guiorgadzé)

 

Etat actuel de la façade nord de la maison où a été tué l'abbé du Chaila (photo Claire Guiorgadzé)

La petite maison qui était située à l'angle de l'ancien pont a disparu. Sa cave voûtée subsiste : elle s'étend pour une partie sous la boutique construite en 1954, et pour une autre partie sous la voirie. L'accès de cette cave a été condamné ; seule une petite ouverture permet d'en voir l'espace intérieur, voûté en plein cintre. C'est peut-être l'un des cachots où l'abbé du Chaila détenait ses prisonniers, ces "basses voûtes" mentionnées en 1704 comme ayant été épargnées par l'incendie de 1702.

En résumé, et le plan détaillé des caves nous permet de bien le comprendre :

Plan schématique des caves. Chronologie de la construction (hypothèse). En pointillés, murs disparus

 

Les arches en pierre qui forment le soubassement caractéristique de ces maisons et qui les signalent au visiteurs, datent du XVIIIe siècle, comme les murs du jardin clos sur le Tarn.
Il ne reste rien en élévation de la maison habitée par l'abbé du Chaila : seul le niveau des caves en recèle encore des vestiges.
- les bases des façades ouest et sud sont anciennes : il s'agirait des murs de différents bâtiments, réunis par un mur de soutènement du côté du Tarn, sur lequel se seraient élevés les façades de la grande bâtisse des XVIIIe-XIXe siècles.
- la seule cave voûtée qui existe encore se trouve en partie sous la voirie, à l'angle du pont

(1) AD 34, C 262.

(2) "couverte en tuiles" signifie ici couverte en lauzes de schiste ("pierres plates" dans le texte de J. Desfours), par opposition aux maisons couvertes "en paille", c'est-à-dire en chaume. Dans la seconde moitié du XVIIe siècle la moitié des maisons du bourg est couverte en "tuiles", l'autre moitié en "paille" (Compoix de Frutgère, 1661).

(3) Exemple sur l'autre rive du Tarn : l'hôtel des Cévennes est aussi une bâtisse des XVIIIe et XIXe siècles, qui a englobé une ou deux maisons plus petites du XVIIe siècle et un jardin ; la façade sur le Tarn a été élevée sur le mur de soutènement du jardin. La grande maison située à droite de l'hôtel, à l'angle du pont de pierre, abritant aujourd'hui la pharmacie, s'est également élevée sur les murs de soutènement de ce qui était au XVIIe siècle un jardin, "le jardin du pont".
A gauche de l'hôtel, la petite "maison-tour" attenante à l'hôtel des Cévennes est restée dans son état du XVIIe siècle : elle est la plus représentative des maisons du bourg à cette époque, telles qu'elles apparaissent à travers les différents compoix de cette époque. Faible emprise au sol, 3 niveaux d'élévation dont une cave enterrée côté rue et ouverte sur le jardin côté rivière, un rez-de-chaussée + 1 étage et comble. Autour, un jardin potager occupe les trois quarts de la parcelle ; il possède un mur de soutènement en pierre, aligné sur ceux des parcelles voisines, le long du Tarn.

(4) Pour le savoir il suffirait de regarder l'épaisseur du mur dans les étages et d'effectuer des sondages sur le parement.

Napoléon Peyrat

L’historien des camisards et des cathares,
par Patrick CABANEL

Napoléon Peyrat est né en Ariège en 1809. Devenu en 1831 pasteur des Églises réformées, au terme de ses études à la Faculté de théologie alors située à Montauban, il ne prend pas en charge une paroisse, mais s’abandonne, pendant douze ans, à sa seconde passion, l’histoire et la littérature. Ce n’est qu’en 1847 qu’il est consacré au pastorat et s’installe à Saint-Germain-en-Laye, où il fonde quasiment de toutes pièces une paroisse protestante très active. L’histoire reste cependant son exigeante compagne, et lui vaut de n’être jamais tombé dans l’oubli, en dépit de périodes d’éclipse. Peyrat est le type même de l’historien romantique, comme le XIXe siècle en a tant connus : il se passionne pour les rebelles, les hérétiques, les vaincus, et raconte leur épopée dans une langue souvent magnifique, qui reste aujourd’hui l’un de ses attraits. L’historien, du reste, était également poète : il a publié plusieurs recueils, dont certaines pièces, inspirées par la légende de Roland ou les psaumes de la Bible, supportent la comparaison avec bien des œuvres poétiques de son siècle. On pourra s’en persuader en lisant une anthologie récente, les Poèmes pyrénéens, chez Lacour (Nîmes, 1999).

Voici, à titre d’exemple, et parce que nous lisons trop peu de poésie aujourd’hui, cette strophe tirée de Ruine de Jérusalem. Le psalmiste y interpelle Dieu sur son silence face à la détresse de son peuple :

Fouleront-ils longtemps ta gloire dans la poudre

Avec ton peuple saint ?

Laisseras-tu longtemps ton bras où dort ta foudre

Replié sur ton sein ?

Peyrat a pratiqué une histoire "généalogique" : il était en quête de ses ancêtres par la foi ou le sang, selon une de ses formules, et entendait les rendre à la vie, contre les oppressions, les massacres et les silences entretenus. Proche du poète anticlérical Béranger, puis de Michelet, qui reconnaissait une dette à son égard, il s’est d’abord intéressé aux protestants du XVIIe et du XVIIIe siècles, et particulièrement aux Cévenols et aux Camisards. Il a puissamment contribué à les réhabiliter, alors qu’une partie des élites protestantes de son temps appréciaient assez peu ces rebelles passés par les troubles du prophétisme et les déchaînements de la violence. Son premier grand livre, paru à Valence en 1842, Les pasteurs du Désert, marque une date dans la réappropriation par les protestants de leur passé camisard. Philippe Joutard y a insisté dans sa Légende des Camisards (Gallimard, 1977). On rappellera que Peyrat a été plus tard, à la veille de sa mort, le premier à inscrire son nom sur la souscription destinée à permettre le rachat de la maison natale de Rolland, devenue aujourd’hui le Musée du Désert.

Derrière les camisards, c’est aux cathares que Peyrat entendait offrir sa vie de chercheur. Ariégeois, il était persuadé de leur être rattaché par une filiation directe. Il leur consacre quarante ans de travaux, et publie à partir de 1870 cinq volumes (le dernier est posthume) consacré à leur religion et à leur tragédie au moment de la croisade contre les Albigeois. C’est Peyrat qui fait du vieux castrum de Montségur le symbole de la résistance, de la fidélité et du sacrifice cathares : en d’autres termes, il invente ce qui est devenu un lieu de mémoire mondialement célèbre. En revanche, Peyrat s’est refusé à s’engager dans des rêveries séparatistes : bien que pratiquant l’occitan (des lettres conservées à Toulouse, au Collège d’Occitanie, en témoignent), il écrit en français, considérant que c’est la langue de la liberté. Ce patriote que la défaite de 1870 a douloureusement marqué, salue la France républicaine, dont il estime qu’elle est l’héritière des vaincus du Moyen Age ou du XVIIe siècle. Cathares, camisards, révolutionnaires, républicains : telle est la généalogie qu’il a cherché à restaurer.

On redécouvre depuis quelques années la vie et l’œuvre de Peyrat, partiellement rééditée chez Lacour, à Nîmes. On trouvera aux Presses du Languedoc, à Montpellier, un ouvrage collectif qui lui est consacré, et qui comprend notamment d’importants textes autobiographiques, sur sa jeunesse comme sur l’année 1870. La bio-bibliographie qui suit est tirée de cet ouvrage (Patrick Cabanel et Philippe de Robert, Cathares et Camisards. L’œuvre de Napoléon Peyrat (1809-1881), préface de Philippe Joutard, 1998, 263 p., 140 F.).

 


Bio-bibliographie de Napoléon Peyrat
(1809-1881)

(extrait de P. Cabanel et Ph. De Robert, dir., Cathares et Camisards, Presses du Languedoc, 1998)

1809 (20 Janvier) Naissance de N. Peyrat aux Bordes-sur-Arize (Ariège)

1811 Mort, en couches, de sa mère, Marguerite Gardel (née en 1776)

1813 Mort de son frère, Narcisse (né en 1811)

1814 Témoin de la Terreur Blanche aux Bordes

1823 (novembre)-1825 Interne à l'institution dirigée par son parent, le pasteur Rosselotty, à Châtillon-sur-Loire (Loiret)

1825 (novembre)-1831 (mai) Étudiant à la Faculté de théologie protestante de Montauban

1826 (août) Baccalauréat ès lettres

1830 Enthousiasme à l'annonce de la Révolution de Juillet

1831 (21 février) Soutenance à Montauban de sa thèse de baccalauréat en théologie, Du Christianisme au XIXe siècle , Montauban, Lapie-Fontanel

1831 (juin) Installation à Paris

1831-1842 Renonce à des études de médecine pour l'histoire en autodidacte. Vie de bohême. Devient un familier du poète Béranger, auquel il dédie son premier poème, "L'Oiseau du Ciel" (publié plus tard dans Les Pyrénées). Divers préceptorats

1832 (mars à mai) Tient son journal: "Deux mois avec Béranger", publié dans Les Lettres françaises, 24 et 31 janvier et 7 février 1952

1833 Premier poème publié, "Roland", sous la signature de Napol le Pyrénéen, dans Ajasson de Grandsagne, Poètes français vivants, Paris, Bibliothèque populaire. Rééditions en 1863, 1872, 1877 (dans Les Pyrénées), 1905, traduction anglaise en 1876

1836-1837 Rencontre Lamennais. Rédaction des Pasteurs du Désert

1837 (août) Voyage-pèlerinage dans les Cévennes lozériennes (de Mende au mont Bougès). Manuscrit conservé à la Bibliothèque de la Société de l'Histoire du Protestantisme Français (mss 355)

1842-1847 Précepteur dans une famille protestante du Bordelais. En 1845-1846, déclaré maître de pension, 37 cours d'Albret, à Bordeaux, en remplacement de Malvezin

1842 Histoire des Pasteurs du Désert depuis la Révocation de l'édit de Nantes jusqu'à la Révolution française, 1685-1789, Paris, Valence, Marc-Aurel frères, 2 vol. (traduction anglaise à Londres en 1852, The pastors in the wilderness)

1843 Entreprend l'histoire des Albigeois

1847 (25 août) Reçoit la consécration pastorale, à Paris. Nommé pasteur-auxiliaire à Saint-Germain-en-Laye

1851 (23 juin) Mariage avec Eugénie Poiré (1833-1891), nièce du maréchal Randon. Dont quatre enfants: Adeline (1852-1866), Marguerite (1853-1931), Louise (devenue soeur Thérèse de Jésus, carmélite à Rome, 1856-1917) et Léon (1858-1922)

1854 Pasteur titulaire à Saint-Germain-en-Laye

1855 Histoire de Vigilance, esclave, prêtre et réformateur des Pyrénées au Ve siècle, Paris, Grassart

1857 "Le capitaine Dusson, ou le siège du Mas d'Azil", B.S.H.P.F., p. 75-114 (repris à la fin du volume L'Arise, p. 259-352). "Histoire de France au XVIe siècle" (compte-rendu de l'oeuvre de Jules Michelet), ibid., p. 232-244

1857 (décembre) Rencontre avec Michelet. Début d'une durable amitié

1860 Les Réformateurs de la France et de l'Italie au XIIe siècle, Paris, Meyrueis

vers 1860 Excursion-pèlerinage au château de Montségur. Récit dans Mme N. Peyrat, À travers le Moyen Age, Paris, Grassart, 1865

1861 Béranger et Lamennais, Correspondance, entretiens et souvenirs, Paris, Meyrueis

1862 Inauguration du temple de Saint-Germain-en-Laye, élevé à son instigation

1863 L'Arise, romancero religieux, héroïque et pastoral des Pyrénées, Paris, Meyrueis

1866 Mort de sa fille Adeline. Allocution prononcée par le pasteur Napoléon Peyrat dans l'Église de Saint-Germain-en-Laye, le 4 avril 1866, aux funérailles de sa fille Adeline, Saint-Germain-en-Laye, imprimerie Toinon

1868 Le Colloque de Poissy et les Conférences de Saint-Germain en 1561, Paris, Grassart

1870 Préface à Mme N. Peyrat, Autour de nous et en nous-mêmes (2): Fantômes et réalités, Paris, Grassart

1870 Témoin du siège de Paris par les Allemands. Tient un journal, conservé aux Archives Départementales des Yvelines (des extraits sont publiés dans le présent volume)

1870-1872 Histoire des Albigeois. Les Albigeois et l'Inquisition, Paris, Lacroix-Verboeckhoven, 3 volumes. Réédition Lacour, Nîmes, 1996

1873 Rédaction d'une Chronique de l'Église de Saint-Germain-en-Laye, restée inédite (archives de la paroisse protestante de Saint-Germain-en-Laye)

1874 La grotte d'Azil, précédée d'une Notice sur Siméon Pécontal, Paris, Grassart

1876 Parraine le groupe naissant des Félibres rouges (L.-X. de Ricard, A. Fourès). Rédaction de ses "Mémoires inédits"; publication posthume par les soins de L.-X. de Ricard, dans Lou Lengadoucian, Toulouse, n° 6 à 12, 1892

1877 Admission dans le Félibrige (Languedoc)

1877 Les Pyrénées, romancero, Paris, Grassart. Réédition de la "Préface" (p. I-XVI) dans Louis Guiraud, Au sujet des félibres rouges. Quelques documents, Nîmes, Bene, 1991. Réédition partielle des trois recueils de poésie (L'Arise, La grotte d'Azil, Les Pyrénées) dans une Anthologie poétique, Lacour, Nîmes, 1998

1878 "Le Mas d'Azil depuis le siège de 1625 jusqu'à la Révocation" et "Le Mas d'Azil depuis la révocation de l'édit de Nantes juqu'à la fin du règne de Louis XIV (1685-1715)", B.S.H.P.F., pp. 145-154, 337-346, 385-392

1880-1882 Histoire des Albigeois, La civilisation romane et La croisade, Paris, Fischbacher, 2 volumes (partiellement posthume). Réédition Lacour, Nîmes, 1998

1881 (4 avril) Mort et ensevelissement de N. Peyrat à Saint-Germain-en-Laye

Jean Maitron

et les camisards

 
"Au total une œuvre sans précédent, le plus grand dictionnaire biographique en langue française. Le thème s'y prêtait : un mouvement durable, puissant, profond, riche, divers. Mais finalement un mouvement minoritaire, régulièrement atteint par la répression, un mouvement de victimes plus que de vainqueurs. Nous tenons peut-être là une des sources de l¹inspiration de Jean Maitron. D'autres minorités ont eu la tentation de sauvegarder leur mémoire en multipliant les biographies et en dressant des listes. Les protestants par exemple. Dès le milieu du XIXe siècle la France protestante consacrait ses notices aux protestants marquants et nommait ceux qui avaient été condamnés au bagne . Le Musée du Désert leur consacra une salle entière,avec un grand mur sur lequel sont inscrits les noms de près de 5000 protestants condamnés aux galères, avec des précisions sur leur état civil
et leur peine qui font penser aux courtes notices que le fondateur du Dictionnaire consacra aux condamnés de la Commune.

Citons deux cas :
- Agulhon (Antoine), de Salgas en Racoules, diocèse de Mende, peigneur de
laine, 36 ans ; condamné à Montpellier pour assemblée pieuse en 1694. Sur le
Fortune à Marseille, en 1698, puis sur l¹Emeraude n° 18560. Libéré en 1713
et retiré à Glaris
- AGUILHON Octave.
Né à Mirebeau-en-Poitou (Vienne) le 26 janvier 1853 ; célibataire. Il fut,
après la Commune, condamné le 20 décembre 1871, par le 19e conseil de guerre
à la déportation simple ; amnistié, il rentra en France par le Tage.
SOURCES : Arch. Nat., BB 24/846. < Arch. PPo, listes d¹amnistiés.
Quel rapport entre le libre penseur Jean Maitron et le Musée du Désert, haut
lieu de la mémoire protestante ? Sa femme, Marcelle Gourdon était née dans
une famille protestante qui comptait parmi ses ancêtres le chef camisard
Rolland. C'est dans et autour de l¹ancienne maison de celui-ci que fut créé
le Musée du Désert bien connu du couple Maitron. Sans doute le directeur du
Dictionnaire a-t-il senti la revanche que représentait l'affichage de ces
milliers de noms. Les persécutions avaient pu les priver de leur métier, les
éloigner de leur famille, leur retirer la liberté, leur infliger un dur
traitement, elles n'avaient pas pu effacer leur nom. Les renseignements
administratifs qui marquaient leur condamnation ont paradoxalement permis la
réalisation de ce livre d'or.

L'entreprise de Jean Maitron part de cette même volonté de détourner l'information policière et administrative de sa vocation répressive, d'en extraire ce qui témoigne d'un être et d'une action : des noms, des dates, des lieux. Et si rien ne permet d'aller plus loin de la livrer comme cela, brute, forte, émouvante même si l'on sait que ce sera une des rares traces
de ce fusillé, de ce déporté de la Commune, de ce meneur de grève". ......

Extrait d'un article paru dans Autrement "Nom et prénom" : "Du fichier au livre d'or".

Bibliographie du Fanatisme renouvelé

Par Daniel TRAVIER

 

1-Edition originale de Toulouse :
[R.P. Jean-Baptiste L’OUVRELEUIL], Histoire du fanatisme renouvelé, où l'on raconte fidèlement les sacrilèges, les incendies, & les meurtres commis dans les Cévennes, & les châtiments qui en ont été faits, Toulouse, Nicolas Henault, in-12, 1703, [6] + 154pp. , [cf. Joutard, p. 406, n° 9 ; M.D., LO585].

Deux tomes en un volume à pagination continue : fin du 1° tome et du mois de décembre 1702 à la p. 78. La dédicace (4pp.) est adressée à Monseigneur de Piencourt, évêque de Mende.

2-Autre édition de Toulouse :

[R.P. Jean-Baptiste L’OUVRELEUIL], Histoire du fanatisme renouvelé, où l'on raconte fidèlement les sacrilèges, les incendies, & les meurtres commis dans les Cévennes, & les châtiments qui en ont été faits, Toulouse, Nicolas Henault, in-12, 1704, [6]+162pp. , [cf. bibliographie Conlon, n°12317, Genève ; Travier, Rel 4-103].

Deux tomes en un seul volume à pagination continue : fin du 1° tome et du mois de décembre 1702 en p. 75. Il s'agit du même texte que l’originale, avec la même dédicace, mais recomposé y compris la page de garde, les bois (page de garde et hauts de pages) sont différents. Erreur de pagination : la p. 158 est numérotée 154 qui se trouve donc deux fois. L'histoire du fanatisme... se termine à la p. 148. Elle est suivie d'une Lettre pastorale de monseigneur l'Evêque de Nîmes, aux fidèles de son diocèse qui s'achève p. 162 avec la mention : Suivant la copie imprimée à Nîmes chez Nicolas DUVAL, le 19 mai 1704.

3-Autre édition d’Avignon dite "seconde édition " :

R.P. L’OUVRELEUIL [Jean-Baptiste] prêtre de la doctrine chrétienne, cy-devant curé de St-Germain-de-Calberte, Le fanatisme renouvelé ou histoire des sacrilèges, des incendies, des meurtres, & des autres attentats que les Calvinistes révoltés ont commis dans les Cévennes ; & des châtiments qu'on en a faits, seconde édition, revue, corrigée, & augmentée d'un second tome, qui contient tout ce qui est arrivé depuis la fin de mai 1703, jusqu'au commencement d'août 1704, Tome I, Avignon, Joseph-Charles Chastanier, 1704 ; frontispice gravé représentant les exactions des fanatiques, signé Lud. Davidinet, daté de 1704 ; [10] + 218 + [tables 14] pp. , [M.D., LO570 T1, Bibliothèque de Nîmes 61285/1].

La dédicace (4pp.), différente de la première est toujours adressée à Monseigneur de Piencourt, évêque de Mende. L'auteur a ajouté une préface (3 pp.). Après la préface apparaît la permission (1p.) du très Révérend Père Inquisiteur du Comté Venaissin. La fin du premier tome correspond dans la chronologie à la fin du moi de mai 1703. Nous n’avons trouvé aucun exemplaire du deuxième tome annoncé. Est-il paru ?

4-Autre édition dite "divisée en trois tomes " :

R.P. L’OUVRELEUIL [Jean-Baptiste] prêtre de la doctrine chrétienne, cy-devant curé de St-Germain-de-Calberte, Le fanatisme renouvelé ou histoire des sacrilèges, des incendies, des meurtres, & des autres attentats que les Calvinistes révoltés ont commis dans les Cévennes ; & des châtiments qu'on en a faits, Divisée en trois tomes qui contiennent tout ce qui est arrivé chaque mois, depuis le commencement de septembre 1700, jusqu'à la fin de la Révolte, seconde édition du tome I, revue, corrigée, & augmentée, Tome I, Avignon, Joseph-Charles Chastanier, 1704, in-12 ; frontispice gravé représentant les "exactions " des fanatiques, signé Lud. Davidinet, daté de 1704 ; [10] + 218 + [tables 14] pp., [cf. Joutard, p. 406, n°12 ; M.D., LO556 T1 ; Travier, Rel 4-7a ; S.H.P.F. ; B.N., 8° Lb37. 4245].

Cette édition est identique à la précédente, pour ce qui est de la pagination, de la composition et des bois, hors mis la page de garde recomposée et un ajout de quelques pages hors pagination. Les pages 117 et 118 ont été recomposées, et entre 118 & 119 trois feuillets ont été intercalés paginés : 117*, 117**, 117***, 118*, 118** & 118***. Les pages 119 sont identiques. La fin du premier tome correspond dans la chronologie à la fin du moi de mai 1703. Avec le même titre, même présentation, et même date suivent les deux autres tomes :

-R.P. L’OUVRELEUIL [Jean-Baptiste], prêtre de la doctrine chrétienne, cy-devant curé de St-Germain-de-Calberte, Le fanatisme renouvelé ou histoire des sacrilèges, des incendies, des meurtres, & des autres attentats que les Calvinistes révoltés ont commis dans les Cévennes ; & des châtiments qu'on en a faits, Divisée en trois tomes qui contiennent tout ce qui est arrivé chaque mois, depuis le commencement de septembre 1700, jusqu'à la fin de la Révolte, Tome II, Avignon, Joseph-Charles Chastanier, 1704, [12] + 233 + [tables15] pp. , [cf. Joutard, p. 406, n°12 ; M.D., LO556 T2 & LO570 T2 ; Travier, Rel. 4-7b, S.H.P.F. ; B.N., 8° Lb37. 4245, Nîmes 61285/1].

La dédicace (5pp.), adressée au maréchal de camp Julien, est suivie de la permission (1p.) et d'une nouvelle préface (4pp.).

-R.P. L’OUVRELEUIL [Jean-Baptiste], prêtre de la doctrine chrétienne, cy-devant curé de St-Germain-de-Calberte, Le fanatisme renouvelé ou histoire des sacrilèges, des incendies, des meurtres, & des autres attentats que les Calvinistes révoltés ont commis dans les Cévennes ; & des châtiments qu'on en a faits, Divisée en trois tomes qui contiennent tout ce qui est arrivé chaque mois, depuis le commencement de septembre 1700, jusqu'à la fin de la Révolte, Tome III, Avignon, Joseph-Charles Chastanier, 1704, [12] + 223 + [tables 13]pp. , [cf. Joutard, p. 406, n°12 ; M.D., LO556 T3 ; Travier, Rel. 4-7c, S.H.P.F., B.N., 6° Lb37. 4245, Nîmes 61285/2].

La dédicace adressée au Maréchal de Villars (7pp.), est suivie d'une préface (2pp.) puis de la permission (1p.).

5- Suite

R.P. L’OUVRELEUIL [Jean-Baptiste], prêtre de la doctrine chrétienne, cy-devant curé de St-Germain-de-Calberte, L'Obstination confondue ou suite du fanatisme renouvelé, c'est à dire de l'histoire des sacrilèges, des incendies, des meurtres, & des autres attentats que les Calvinistes révoltés ont commis dans les Cévennes ; & des châtiments qu'on en a faits, qui contient tout ce qui est arrivé en dernier lieu, depuis la fin de l'année 1704, jusqu'au mois de février 1706, Avignon, 1706, [16] + 168 + [tables 24] pp. , [cf. Joutard, p. 407, n°17 ; B.N., 8° Lb37. 4245, Nîmes 61285/2].

La dédicace, adressée au duc de Berwick, est suivie par la permission et la préface.

6-Réédition au XIXe siècle de l’ensemble :

R.P. L’OUVRELEUIL prêtre de la doctrine chrétienne, cy-devant curé de St-Germain-de-Calberte, Le fanatisme renouvelé ou histoire des sacrilèges, des incendies, des meurtres, & des autres attentats que les Calvinistes révoltés ont commis dans les Cévennes ; & des châtiments qu'on en a faits, Divisée en trois tomes qui contiennent tout ce qui est arrivé chaque mois, depuis le commencement de septembre 1700, jusqu'à la fin de la Révolte, troisième édition d'après la seconde Edition faite à Avignon, par Joseph-Charles Chastanier, imprimeur-libraire, en1704, suivi d'un quatrième et dernier volume : L'Obstination confondue ou suite du fanatisme renouvelé, c'est à dire de l'histoire des sacrilèges, des incendies, des meurtres, & des autres attentats que les Calvinistes révoltés ont commis dans les Cévennes ; & des châtiments qu'on en a faits, qui contient tout ce qui est arrivé en dernier lieu, depuis la fin de l'année 1704, jusqu'au mois de février 1706, précédée d'une introduction par l'éditeur, Avignon, Seguin ainé, 1868, XXIV + 142 + 151 + 136 + 85pp. , [cf. Joutard, p. 412, n°76 ; M.D., L1480 ; Travier, Rel. 4-47 ; B.N., 8° Lb37. 4245.A].