Piémarcé (Alexandre de Brueys)

PIÉMARCÉ (de) (PIEDMARCE, PUYMARCE) Alexandre de Brueys, de Saint Chapte. Frère cadet du baron de St Chapte, tombé amoureux d'une prophétesse de St Chapte, bien qu'ancien catholique, il combattit courageusement avec les camisards, en particulier au combat de la tour de Billot (Marion p 49). La prophétesse qu'il aimait ayant été tuée au combat de Brueis (18 mai 1703), il se rendit le 10 août et dénonça alors ses anciens compagnons, dont 17 furent condamnés aux galères (novembre 1703) et autant de femmes mises en prison au fort d'Alès. "Il (PIÉMARCÉ) leva une compagnie de grenadiers et s'en allant de village en village il prenait prisonnier tous ceux qu'il connaissait être du parti des fanatiques" (Anonyme publié par Tallon p 48 et 77). Accusé plus tard d'avoir tué sa femme, il fut condamné aux galères le 18 mai 1707, peine qu'il n'accomplit probablement pas car nous n'avons pas retrouvé son nom sur les registres des galères. Sources : Bosc I 682, 683 note 5, ADHérault liste Piémarcé C 192.328, ADH C 184, Cavalier p 90, M. Pin Jean Cav. p 209-210, Soeur de Mérez p 26.
(d'après Dictionnaire des camisards)


Complément-erratum :

Alexandre de Brueys de Piémarcé a bien été aux galères !
Mr Mike Morice nous a fait part d'un renseignement retrouvé aux archives départementales du Gard (cote 85J214 du Fonds FALGAIROLLE, petit livre de transcriptions et notes diverses sur les BRUEYS, page 10 de la section intitulée "Notes diverses sur la famille de BRUEYS").
Laissons la parole à Mike Morice :

Concernant le curieux comportement de Alexandre de BRUEYS de Piémarcé, dont vous vous demandez s'il a accompli sa condamnation perpétuelle aux galères du 18 mai 1707, je viens de trouver que :
- "il fut libéré des galères le 12 avril 1728 en vertu d'un ordre du Roi du 31 mars précédent" ;
- sa fille Anne a épousé un David d'ALEYRAC.
Curieusement, on pourrait comprendre que Alexandre serait décédé d'après le contrat de mariage de son fils Jean Félix du 25 février 1723. Cependant il est bien revenu vivre à Saint-Chaptes (Gard) où il est décédé le 17 janvier 1743.

Un grand merci à notre correspondant. Qui retrouvera la trace de ce curieux personnage aux galères ?

Jean Lafond

LAFOND Jean, de Saint Flour en Auvergne (Saint-Martial), surnommé Janot, et plus rarement Capellan, tisserand de cadis. " De la montagne, catholique, prosélyte et prédicateur (Bonbonnoux page 76). Il est élevé dans la religion catholique jusqu'à l'âge de neuf ans, puis placé en Cévennes, à St-Martin-de-Boubaux où on " l'obligea à croire la religion prétendue réformée " dit-il dans son interrogatoire. Dans la troupe de Castanet, puis de " la Rose ", il participe aux combats du Pradal, de la Tour de Billot et de Saumane (il est " dix mois incommodé de ses blessures ", ce qui d'après lui, l'empêche de se rendre. Nous pensons quand à nous qu'il se rendit sous le nom de Chauliac). Il devient ensuite prédicant, jusqu'à sa capture à Milhaud le 25 août 1709 avec " la Rabasse " (Jean abric) et Antoine Cordesse. Il est pendu avec eux à Montpellier le 29 août 1709. Sources : Marion p. 186, AD34 C 189.658 (son interrogatoire, Pap. Court vol. 17 B manuscrit de Codognan f° 213) (d'après Dictionnaire des camisards)

Interrogatoire de Janot Lafont

(AD34, C189.658)

Interrogre

Du 27 e Aout 1709

A nous mandé venir pardevant nous lacuzé sy apres nommé de luy serement pris de dire veritté

Interrogé de son nom surnom age qualitté demeurre et religion
A dit quil sapelle Jean Lafon du lieu de St Marcial dioceze de St Flour en Auvergne agé de vingt six ans tisserand de cadis que depuis quil a la cognoissance il a esté toujours de la Religion Pretendue Reformée
Luy avons prononcé que nous luy faisons le procès en ...(formule juridique pas claire)

Interrogé sil na esté avec les camisards a dit quouy

Interrogé depuis quel temps il y a esté et dans quelle troupe
A dit quil croit quil y a environ six a sept ans ne se souvenant pas precisément du temps quil se mit dans les troupes de la Rose avec lequel il resta très peu de temps parce quil etoit malade que sa maladie fait cause quil ne se remis pas comme les autres

Interrogé qui lobligea daller avec les camisards
a dit quetant au lieu de St Martin de Cansalade travaillant de son mestier chez le nommé Geminard il passa une troupe de camisards commandée par Castanet qui le prirent par force et lamenerent avec eux et luy firent promettre de ne les point quitter ce que luy qui repond leur promit quils lescrivirent sur un rolle et voulurent le faire signer ce quil ne voulut pas faire

Interrogé sy pendant le temps quil a resté avec la Rose il na esté au brullement des eglises et au massacre des pretres
A dit que non et quil ny a jamais esté

Interogé sil ne sest trouve dans des combat qui se soit donnés entre les troupes du roy et les camisards
A dit qu'il se trouva dans un combat qui se donna pres le Pont de Monvert au lieu apellé le Pradal ou Mr de Jullien les batit, et ou lui qui repond fut blessé, quil s'est trouvé encore au combat de la tour du Bilhot ou Salamon, Joanni, Lallemand et Cavalier commandoient

Interrogé ou il a esté depuis ce temps la a dit que depuis ce temps la il se trouva un jour avec Castanet long dun chemin du costé de Saumane quils feurentpoursuivis par les troupes que Mr de Lalande commandoit quils se sauverent a la fuitte et ou il feut encore blessé

Interrogé quon ce quil a fait du depuis
a dit qu'il se retira de la troupe quil demura plus de dix mois incomodé de ses blessures que quand il feut guéri il travailla a laterie (la terre?) en divers endroits

Interrogé pourquoy est ce que sestant retiré il ne se remit à l'obéissance du roy
A dit quil n osa se presenter (?) devant les puissances

Interrogé si depuis ce temps la il na fait le mestier de Predicant
A dit quouy quil y a environ dix huit mois quil fait le mestier de Predicant

Interrogé sy depuis ce temps la il na convoqué des assamblées pour prescher et en quels endroits
A dit quil a demuré dans le Desert que plusieurs personnes ly venoit voir mesme des gens quil ne connoissoit pas que quand ils etoint assamblés ils faisoient la priere et apres leur faisoit une exortation quil a fait cella plusieurs fois dans les Cevennes et pres des lieux de st estienne de st martin de bobeaux et du colet de Deze quil ne peut pas nommer ceux quil y a cognu pour ne mettre pas le peuple en desordre

Interrogé de quoy il vivoit pendant le temps quil demeura au desert
a dit que quand il alla avec les camisards il avoit de largent quon luy en donnoit lorsquil avoit fait les prieres et les exortations quil alloit dans les villages et meteries voisines achchaipter des vivres

Interrogé qui a esté avec luy pendant les dix huit mois
adit quil estoit avec le nommé Jean Abric, Mazelet du lieu de Soudorgues, le nommé Deshons du mesme lieu de Soudorgues qui feut tué que Maselet le quitta ne sachant ce quil est devenu

Interrogé syl na esté avec Claris a dit quil na jamais esté plus de trois jours avec luy

Interrogé en quel endroit il la veu a dit quil la veu deux fois une fois pres de Sauve et une autre fois pres de St Ippolitte quil y a environ dix a onse mois quil ne la point veu

Interrogé ou est ce quil se tient ordinairement Clary
A dit quil nen scait rien et quil prend des grandes precautions pour se cacher

Interrogé sy pendant le temps quil etoit avec Clary ils ne faisoient des projets pour troubler le pais et faire revolter le peuple
A dit que non et quils ne faisoient que prier Dieu

Interrogé di Clari etoit seul et qui etoit avec luy
A dit que le nommé Bonbonnoux quil croit etre de Quissac et le nommé Antoine quil ne connoit point autrement et ne scais dou il est etoit avec Clary

Interrogé si pendant le temps quil courroit dans le bois des Sevenes il ne portoit darmes
A dit que quatre mois apres avoir quitté les camisards il ne portoit point darmes

Interogé sil na connu le nommé Porteeffroy
a dit quil a bien ouy parler de luy mais quil ne le connoit point

Interogé sil na jamais esté a la ville du Vigan
A dit quavan d'aller avec les camisards il y a esté souvant aux foires mais que depuis il n'y a jamais esté

Interogé sil ne se trouva point au murtre du Sr Daudé juge du Vigan
A dit que non ni Jean Abric son camarade aussi, mais que setoit le nommé Fidel qui sapelloit aussi Abric qui se trouva a cet assassin.

Interogé a qui il la ouy dire
Adit quil la ouy dire aud Fidel luy mesme et au nommé Léveillé qui se mit ensuite dans la troupe de Rolland et y feu tué qui etoient tous deux aud assassin(at).

Interogé ou il a resté depuis six mois
A dit quil a toujours esté dans les Cévenes jusques environ trois jours avant quil feu aretté

Interogé avec qui il a resté dans les Cevenes pendant ce temps la
A dit quil a resté avec led Jean Abric et de Cordes qui est du lieu de St Dionisy dans la vaunage;

Interogé depuis quand led De cordes sest joint avec eux;
A dit que c'est depuis six a sept mois quil les rencontra dans un chemin ou ils parlerent ensemble et ayant seu de leur bouche qui ils etoient il dit quil ne vouloit point les quitter

Interogé sils nont esté tous trois ensemble dans la derniere revolte du Vivares
A dit quil en a bien ouy parler mais quil ny etoit pas quil a veu entre les mains dud Cordesse une lettre escritte de ce pais la et envoyée aux puissances que led Decordes luy leut

Interogé si les revoltés du Vivares ne leur avoit escrit de se venir joindre avec avec eux ils navoient fait dessein dy aller
A dit que non ce que depuis environ deux ans quil a commancé daprendre a lire et prescher il a fait dessein de ne porter plus des armes et de se remettre a la volonté de Dieu et des puissances

Interogé pourquoi est ce quil a quitté les Cevennes pour venir en ce pais
A dit que De Cordes vouleut y venir et les y entrrena que luy qui repond avoit fait dessein de ny pas venir depuis lassamblée quil si tint a Nismes

Interogé sy luy qui repond et les autres deux netoient a lassamblée de Nismes
A dit que non

Interogé sy luy qui repond et ses deux camarades netoient venus des Cevenes a dessein de se trouver a une assamblée qui sest tenue pres de Sommieres ses jours passés et syls ny ont presché
A dit que non

Interogé sy le nommé Decordes nest predicant aussi bien que luy qui repond et Abric
A dit que led Cordes et luy qui repond ni led Abric ne sont pas de grands predicants quils se melent seulement de faire des prieres et des exortations

Interogé sy led (Cordesse ?) a fait plusieurs exortations
A dit quil croit quil en a fait deux ou trois fois parce que luy qui repond a esté malade pendent quelques temps et nalloit pas avec eux

Interogé en quel endroit il a resté malade et qui luy donna retraitte pendant ce temps la
A dit quil resta malade dans un roché qui est dans un bois pres de la ville d'Alais et que led Abric luy portoit a manger

Interogé ou est ce quil a esté arreté
A dit quil a esté aretté au lieu de Milhau pres de Nismes dans lescurie dune maison apartenant au nommé Pagès qui est un habitant dud lieu

Interogé syl y avoit long temps quils etoient dans cette maison lors quils feurent arettés
A dit quils arriverent le soir et feurent arretés le lendemain matin

Interogé sils ne connaissoient pas particulierement led Pages et sy led Pages ne les connoissoitaussi
A dit qu'Abric ny luy qui repond ne le connoissoient point que Cordets le connoissoit parce quils avoient breullé ensemble esté au service

Interogé si Cordets ne fit pas confidance aud Pages quabric et luy qui repond etoient des camisards
A dit quil nen sait rien

Interogé sy le soir et avant se coucher ils ne firent la priere et lexortation en présence dud Pagès et de toutte sa famille et quil setoit dit lexortation
A dit que non et que nul des trois ne fit la priere ny lexortation quils se coucherent meme sans manger

Luy avons representé six livres de nouveau testament ou predications et interogé de nous declarer sy ce ne sont pas les mesmes qui ont esté trouvés sur luy quand il a esté aretté
A dit apres les avoir veus et examinés quil na esté trouvé qu'un des six livres sur luy qui commance ces mots sur le livre de Job a finit Pas cest mot leurs accusés les serment fit

Interogé sil na seu les sermons et sil netoit un de ceux qui preschoient
A dit que non quil ne scait point escrire ny lire la lettre de main mais seulement la lettre moulée que de Cord luy avoit baillé ce livre pour aprendre la lettre escritte a la main (en marge: du depuis a dit quil a fait escrire led sermon aud Cordets quil avoit tiré dun livre de sermons imprimés)

Cefait avons paraffé led livre par premiere et derniere page de nous signé led prevenu ne sachant

Luy avons encore représenté un papier plié dans un petit linge ou il a de la poudre grisatre et interpellé de nous declarer quil est cette poudre et a quoy on sen sert
A dit apres avoir veu et examiné cette poudre que cest la meme qui sest trouvé dans sa poche quun jeune garcon quil ne connoit pas layant trouvé dans le bois malade luy donna cette poudre et luy dit que sil en prenoit dans du vin et de leau il se soulageroit quil en a pris et la soulagé que ce garçon luy montra encore d’une certaine herbe qui luy dit etre la meme qu’il la fit sécher et mettre en poudre que cestoit bon pour son mal

Exorté de dire la veritté
A dit lavoir ditte

Lecture faitte a persisté et ne seu signer ainsy quil la affirmé

Recolement

du 28e aout 1709

Jean abric tisserand de sarges natif du lieu de Mandagout pres le Vigan age de vingt quatre ans ou environ et luy serement pris de dire veritté et apres avoir denie lesd generaux interrogatoires et ordonnancesa luy donnés a entendre et scavoir sil est parent allié. serviteur ny domestique daucune des parties a esté recollé a linterogatoire et reponses par luy ...devant nous le 26e du mesme mois desquels lecture luy ayant esté faittte et apres avoir recogneu ses seings cy apposés etre veritables a dit que ces reponses contiennent verité ny vouloir ajouter ny diminuer sauf que quand les troupes etoient a Calvisson ils etoient huit armés ensemble quils passerent au devant le Vigan que Cordesse na fait des exortations que dans le bois depuis quil est avec luy a ceux qui venoient lentendre ajoutte encore que luy abric se trouva au combat auquel le sieur Viala juge du lieu de St Jean de gardonnenque et son fils feurent tués quil feut luy qui fit prisonnier le Sieur Maisonblanche Capne des grenadiers et qua sa priere Rolland luy donna sa liberté quil a esté encore a deux combats qui se donnerent pres de Sumene que pendant le temps de quil a resté avec les camisards il a porté toujours les armes, quil a esté le second soldat a la compagnie de Rolland et que depuis quil a quitté Salette il na pas porté les armes ce quil soutiendra a tous quil aye droit Lecture faite a persisté et signé

Jean Lafon du lieu de St Martial dioceze de St Flour en Auvergne tisserand de cadis agé de vingt six ans de luy serment pris de dire veritté et apres quil a eu denié etre parent allié serviteur ny domestique daucune des parties a esté recollé a linterogatoire et reponses par luy prestés devant nous le 27 dud mois desquels lecture luy ayant esté faitte a dit que ses reponces contiennent veritté ny vouloir ajouter ny diminuer sauf que ces peres et meres etaient antiens catholiques quil a esté elevé dans cette religion jusques a l'age de neuf ans; quil vint dans ce pais et demeura avec des religionnaires au lieu de St Martin de Bobeaux chez le nommé Baduel et autres lieux qui lobligerent a croire la religion pretendue reformée ce quil soutiendra avec le surplus de ses reponses a tous quil appartiendra lecture faitte a persisté et a affirmé ne scavoir signer et du depuis a ajoutté que le nommé Le Prince qui est d'un lieu de la montagne dont il ne sest pas le nom qui est petit de taille cheveux chatains a resté avec luy pendent un an et la quitté depuis dix huit mois ne sachant ou il a passé (note en marge: et que pendant le temps quil luy Lafont a esté dans les troupes on lapelloit Janot). Lecture faitte a persisté et na seu signer ainsi quil la affirmé

Antoine Courdesse fils de Jaques Courdesse habitant du lieu de St Dionisy age de dix neuf ans aud prisonnier iceluy serment pris de dire veritté et apres avoir denié etre parent allié serviteur ny domestique daucunes des parties a esté recollé en l'interogatoire et reponses par luy festes devant nous ce 27e du present mois desquels lecture luy ayant esté faitte et apres avoir recognu ses seings cy aposés etre veritables

a dit ses reponses contenir veritté ny vouloir ajouter nydiminuer et le soutiendra a tous quil appartiendra Lecture faitte a persisté et signé

Antoine Pages travailleur de terre habitant du lieu de Milhaud agé de soixante ans prisonnier et luy serement pris de dire veritté et après avoir dénié etre parent allié serviteur ny domestique d'aucunes des parties a esté recollé en interrogatoire et reponses par luy prestées devant nous le 27e du present mois desquels lecture luy ayant été faite a dit ses reponses contenir veritté ny vouloir ajouter ny diminuer sauf que quand Cordesse ariva et entra dans l'escurie il estoit minuit et qu'un momant apres ils feurent arettés par les troupes Ce quil soutiendra avec ce surplus et des reponses a tous quil appartiendra Lecture faitte a persisté et na seu signer

Marie Bastide famme dantoine Pages travailleur de terre du lieu de Milhau agée de cinquante ans prisonniere serement pris de dire veritté et apres avoir denié etre parente alliée servante ny domestique daucunes des parties a esté recollée en interogatoire et reponses par elle ....devant nous le 27eme du present mois desquels lecture luy ayant esté faitte a dit ses reponses contenir veritté n'y vouloir ajouter ny

Omettre ( ?) les soutiendra a tous quil appartiendra Lecture faitte a persisté et na seu signer ainsi quil la affirmé

Ainsi procédé par nous Loys,

Par monsieur Roumieu

Jean Boulet

BOULET (BOURET, BOURG pour Bosc V.80 d'après lettre de Basville du 1er mars 1705, BOULAYE pour La Baume, BOURY pour Brueys, GOULLET pour le manuscrit de Codognan) Jean, De St-Césaire-de-Gauzignan, né vers 1676, peigneur de laine.
Un " Bouret et ses deux garçons, travailleur de St-Césaire-de-Gauzignan " est fiché sur les Listes des Affaires Etrangères au f° 140. Cavalier dit dans ses Mémoires qu'il l'a connu à Genève avant le déclenchement de la guerre des camisards.
" Petite taille, les cheveux blonds et frisés, a rapporté un fusil " le 10 octobre 1704 : il fait soumission avec Jalaguier de Cassagnolles à Uzès, et est pris d'une " crise de fanatisme " en pleine rue de Nîmes lorsqu'on le dirigea vers l'Intendant.
Parti avec Fidel Abric et quelques autres pour Genève le 3 novembre 1704, il en revient clandestinement en décembre, et se cache dans les bois entre St-Césaire-de-G. et Vézénobre, ce qui le fait soupçonner d'avoir été l'agresseur du curé de Vézénobre Cahuzac.
Il est capturé au moment où il s'apprête à traverser le Rhône pour retourner à Genève en décembre 1704 ou janvier 1705 : " le prévôt de Lyon mena à Nîmes deux prisonniers enchainés qui étaient rentrés dans le royaume, l'un était Jean Boulaye de St-Césaire-de-Caton " (La Baume p 361) ; il est condamné le 21 février 1705 et pendu le 22 à Uzès.Sources : Bosc IV 480, V 41, AD 34 C 273.117, et surtout un mémoire anonyme en C188.70 (d'après Dictionnaire des camisards)

Mémoire sur le camisard Jean BOULET

AD34, C188.70

Mémoire

Jean Boulet du lieu de St Césaire de Gauzignan a esté un des chefs des rebelles et des plus mauvais dès le commencement de la révolte avant l'affaire de Vagnas. Il s'est rendu le dix du mois d'octobre dernier et pris un billiet de pardon de Monsieur le Maréchal de Villars.

Dans le mois de novembre il sortit du royaume avec Jalaguier et Fidel autres chefs des rebelles, fut nourri à Nismes, reçut de l'argent et fut conduit sur une route jusques à Genève aux dépens du Roy.

Pendant son séjour dans cette ville il fit plusieurs voyages en divers lieux des environs dont on ne sait pas le détail du depuis, et dans le mois de décembre dernier, il est revenu en province, s'estant accompagné depuis Genève du nommé Mourgues de Lézan dont le père fut tué par les fanatiques, dragon dans le régiment de Lestrade de la compagnie de Mr de Boucairan lieutenant-Colonel, jusques à Villeneuve d'Avignon où il négocia un passage dans le Comtat pour lui et ceux qu'il devait mener, après quoy il partit pour Nismes.

D'où il est allé par son propre aveu entre St Césaire de Gauzignan et Vézénobre et y a resté quelques jours toujours dans le bois et à la campagne, n'ayant eu commerce qu'avec le nommé François du lieu de Vézénobre, berger de Mme de Calvière. Il est à propos de le faire arrester pour estre interrogé sur la réponse dudit Boulet, ce qui peut donner quelque éclaircissement sur l'assassinat du sieur Caüsel [pour Cahusac, curé blessé par des soldats qui en voulaient à son argent semble-t-il. Pendant quelques temps on crut à une agression de camisards].

Après ce séjour Boulet est revenu à Nismes, on ne sait point tout le manège qu'il y a fait, mais il est constant que les nommés Paul Barry, Henry Paul et Guibal charron dudit Nismes ont eu part à sa conduite.

Il parait clairement que le nommé Boulet était revenu en province avec plus d'un dessein, c'est un émissaire envoyé pour examiner l'estat des affaires, la disposition des peuples pour donner des nouvelles et rallumer le feu de la sédition, et c'est dans cette vue que l'assassinat du vicaire de Vezenobre a esté commis s'il est un des auteurs.

On ne peut du moins douter qu'il ne soit guide puisqu'il l'avoue par sa réponse.

Henry Paul a paru très dangereux et un espèce de prédicant très fanatique, sa fréquentation avec ledit Boulet est prouvée par sa réponse.

Les nommées Jeanne Roque femme d'Izaac Lapierre et Marie Roques sa soeur sont deux anciennes catholiques mais bien plus mauvaises que les plus insignes camisards. Leur dessein était d'aller à Genève ou à Lozane faire une abjuration publique de la religion catholique. Leur réponse est remplie de mensonges et opposée à celle de Boulet et de Pau qui avouent le commerce qu'ils ont eu ensemble, on ne voit qu'une mauvaise foi dans tout ce qu'elles ont dit.

Il y a des preuves que Jeanne Roque a payé le soupé pour les deux jeunes hommes qu'elle nie de connaître, que Marie sa soeur a esté au soupé et qu'ils ont couché dans la mesme chambre, ce qui marque la fausseté de leur réponses sur ces articles.

Il y a aussi des témoins que le nommé Boulet fut à Villeneuve il y a plus d'un mois pour conclure un marché de passage pour une quinzaine des gens suspects qui devaient sortir du royaume.

Comme aussi que le nommé Henry Pau donna de l'argent pour faire passer ledit Boulet et les deux femmes qui ont été arrêtés le six du présent mois de janvier.

Il parait nécessaire d'entendre le nommé Mourgues dragon de mr de Boucairan qui demeure à Lézan et qui a fait le voyage de Genève à Villeneuve avec ledit Boulet qui peut en savoir quelque particularité.

Le nommé Paul Barry ménager de la ville de Nismes demeurant à la Carreterie mérite d'estre incessamment arresté tant par le commerce qu'il a eu avec ledit Boulet que par les raisons expliquées dans la lettre qu'on a eu l'honneur d'escrire à Monsieur de Basville.

On peut tirer quelque éclaircissement du nommé Guibal de Nismes, charron de son mestier, beau-frère de Jeanne Roque qui a eu commerce avec lesdits Boulet et Pau.

Nota que Jeanne et Marie Roques doivent être interrogées sur leurs noms parce qu'il est marqué dans le certificat de mr de Varangle Conseiller du troisième du mois de janvier que Jeanne Roque est femme de Louis Jonquet, et Marie femme d'Izaac Lapierre, cependant Marie a nié dans sa réponse d'estre ni mariée ni fiancée.

Noé Biaux (ou Bios)

BIOS (BIAUX pour Tournier, BIOZET pour Pap. Court vol. 11) Noé, de Générac, né vers 1663, berger. Fils de feu (en 1681) Jean Biou (sic) et de Gabriele Paladan(e). Condamné aux galères à vie le 7 juin 1703 par le maréchal de Montrevel à Alès pour détention d'armes (pour assemblée d'après le document ci-dessous). Sa femme (mariage protestant le 1er juin 1681), Jeanne Bourguet(te), fille de feu François Bourguet et de Marie Rieumande, native de St-Gilles, fut recluse avec plusieurs autres à Perpignan. Libéré en 1716, pensionné en Suisse il meurt d'après Tournier à Lausanne en 1746, sans doute après un remariage, "laissant un fils mineur sans ressources, lequel demanda la prolongation en sa faveur pour un an de la pension allouée à son père". Sources : Tournier III.60, ADHérault C 192.317 listes Montrevel, Pap. Court vol. 11 f° 391, acte de mariage AD34 IIE55/123 (communiqué par Mr Bieau).

 


Noé Biou a esté pris pour cauze d'assamblée condamné et conduit aux gallères, sa femme et sa filhe à Perpignan, taxes en capitation. 11 livresAD34 C258

 


Noé Bios de Générac, âgé de 42 ans
(Etat des particuliers qui doivent estre envoyés aux galères, fort de Nismes, 7 juin 1703. AD34 C192.322)

 


Noel Biozet de Générac en Languedoc, condamné pour l'attroupement des Sévenes le 16 mars 1703
(Papiers Court, BPU Genève, volume 11 f°396)

Jean Astruc

dit Mandagout

Jean Astruc est né vers 1654 ou 1655, à Alès et de parents réformés d'après l'abbé Louvreleuil.

Dans ses interrogatoires, lui se prétend "catholique romain", et il pourrait être de Vézenobre.
Il était maçon, et après avoir "reçu le don de prophétie" (probablement dans le courant de l'année 1701), il quitte son domicile et se consacre dorénavant pleinement à la prédication au cours d'assemblées clandestines.
C'est ainsi qu'il est mise en cause dans l'agitation prophétique de St-Etienne-de-l'Olm en août 1701 (il y est appelé "Pierre Mandagout, maçon" voir les Itinéraires protestants volume II page 187).

On perd sa trace jusqu'au Pont-de-Montvert (voir son interrogatoire) et aux assemblées de Ruffières et de Peyremale en mai 1702. Il échappe à l'arrestation à Nîmes en juillet 1702, et se rend à la foire de Beaucaire, où il est pris le 27 juillet. Conduit à Montpellier il est interrogé par Basville.
Son procès traîne alors en longueur : les propos qu'il aurait tenu à l'assemblée de Ruffières ("il a dit qu'au premier jour il y aurait deux cents personnes rassemblées, qui abattraient les églises et tueraient tous les catholiques") prennent une résonnance singulière avec le meurtre de l'abbé du Chayla.

Astruc-Mandagout est condamné à la potence le 13 septembre 1702 "pour assemblées illicites, phanatisme et port d'armes". La sentence devait être exécutée à Alès le 15 septembre 1702.

Sources : Bost Revue historique CXXXVI p 27, AD34 C183 Pierre ROLLAND

Condamnation de Jean-Pierre Buis

Source privée

Nicolas de Lamoignon etc

Entre le procureur du Roy demandeur en réparation de crime de lèze Majesté au second chef, attroupement, assemblées illicites avec port d'armes, sédition et s'être défendu contre les troupes du Roy d'une part,

Et le nommé Jean Pierre Buy du lieu de St Julien diocèse de Viviers prisonnier deffendeur,

Vu avec les sieurs officiers du présidial de Montpellier les procédures etc

Nous, de l'avis des sieurs officiers du présidial avons ledit Jean Pierre Buy dit St Julien déclaré et déclarons duement atteint et convaincu des cas mentionnés au procès, pour réparation de quoy le condamnons à être pendu et étranglé jusqu'à ce que mort s'ensuive à une potence qui pour cet effet sera dressée à la place de l'esplanade de cette ville*, son corps mort y demeurer vingt quatre heures ; déclarons tous et chacun ses biens acquis et confisqués au Roy, ledit Jean Pierre Buy préalablement appliqué à la question ordinaire et extraordinaire pour avoir révélation de ses complices, le condamnons aux dépens du procès

fait à Montpellier ce 8 juin 1711

signé : Delamoignon,, Bornier président et juge mage, Loy subdélégué rapporteur, Jausserand, Carquet.

*Montpellier

Interrogatoires de Jean-Pierre Buis

mai 1711

AD34 C190.337
De Tournon le onzième mai mil sept cens onze
Interrogatoire et réponses de Jean Pierre Buis dit S. Julien
Avons mandé venir par devant nous un homme portant perruque, vêtu d'un drap obscur, duquel le serment pris. Interrogé de ses nom, surnom, age, qualité, religion et demeure
A dit se nommer Jean Pierre Buis dit St Julien du lieu de Granges paroisse de St Julien la brousse, de la religion pretendue réformée, charpentier, agé d'environ trente années.
Interrogé depuis quel temps il est prisonnier et en quel lieu il a été arrêté
A dit qu'il fut arrêté il y a environ trois semaines par un détachement des troupes du roy entre les villages de Versoix et Coupé
Interrogé si après avoir demeuré longtemps dans le pays étranger il n'en revint au mois de mars de l'année mil sept cens neuf après avoir concerté de contribuer à un soulèvement des nouveaux convertis dans le Vivarais avec Abraham, Biliard et Dupont avec lesquels il s'était donné rendez vous dans led pays
A nié l'interrogatoire et dit qu'ayant servi de muletier le sr de Chazel en Espagne, il revint chez lui dans la paroisse de St Julien au commencement de l'année mil sept cent neuf, niant d'avoir vu Abraham, Biliard et Dupont ni su qu'ils dussent venir en Vivarais
Interrogé s'il n'était avec ces trois hommes lors de l'assass. commis en la personne de mr de Vocance le treise mai de lad année
A nié l'interrogatoire et dit qu'il ne savait pas qu'ils fussent en Vivarais, n'ayant su la mort de mr de Vocance que par un bruit public répendu dans la paroisse de St Julien
Interrogé s'il n'a été dans la troupe de camisards commandée par Abraham, Billiard et Dupont
A avoué l'interrogatoire
Interrogé dans quel temps il s'engagea dans cette troupe
A dit qu'il fut conduit par un tailleur de la paroisse de St Fortunat au chateau des Bos lorsque les camisards y étaient et que dès lors il ne les quitta plus
Interrogé s'il n'était un des chefs de la troupe et de la confidence d'Abraham
A nié l'interrogatoire et dit qu'Abraham ne se fiait qu'au fils ratier (?) Garnier et Serpoulet
Interrogé s'il n'était un des brigadiers de lad troupe des camisards et s'il ne fut chargé du détail de la distribution du pain aux soldats de la brigade
A avoué l'interrogatoire
Interrogé s'il ne fut dans la bataille contre les Suisses au lieu de la Bastie paroisse d'Issamoulenc et si les chefs de cette troupe n'avaient des intelligences avec les sergents des Suisses
A avoué le premier article de l'interrogatoire et dit sur le second qu'il ne sait pas si les Suisses avaient des intelligences avec les chefs des camisards, mais que la première troupe qui était sur la hauteur de la montagne ne voulut pas se battre ni tirer
Interrogé s'il ne fut dans la bataille donnée sur la hauteur de St Fortunat par un détachement de trente Suisses et deux compagnies du régiment de Duboulay par le sr de Lacaze major du régiment de Duboulay
A avoué l'interrogatoire
Interrogé s'il n'était aussi dans la bataille donnée sur la montagne de Leirisse
A avoué l'interrogatoire
Interrogé pourquoi les camisards furent au devant des troupes et attaquèrent le régiment de Quercy, puisqu'ils l'avaient vu venir d'une lieue et qu'ils avaient le temps de se jeter dans le bois de Pierregourde et d'éviter les troupes du roi
A répondu qu'Abraam ayant aperçu les troupes dit à celle qu'il commandait qu'elle était entourée de tous les cotés de la manière dont monseigneur le duc de Roquelaure avait disposé celles qu'il avait fait venir et qu'il était à propos d'attaquer celle qui paraissait, après quoi il verrait le parti qu'il y avait à prendre
Interrogé en quel lieu se retiraient les camisards qui avaient échappé de cette bataille
A dit qu'ils se retirèrent à la faveur de la nuit dans le fond du bois de Pierregourde tout effrayés de la grande perte qu'ils venaient de faire de leurs plus braves soldats et de la crainte dans laquelle ils étaient d'être poursuivis, la plupart disant à Abraam qu'ils voulaient se disperser, mais qu'Abraam leur dit que s'ils se séparaient ils périraient tous les uns apres les autres et qu'ils devaient aller en corps dans le bois de Rozet où chacun prendrait son parti; sur quoi ils passèrent le lendemain l'Eirieu, se rendirent dans la paroisse de St Cierge, d'où ils rétrogradèrent dans le bois de Pierregourde, prirent la route de la montagne, mais qu'ayant appris qu'il y avait des troupes ils se rendirent dans la maison de Fonréal à dessein de gagner le bois de Rozet et de se dissiper chacun ou il pourrait, parce qu'ils n'étaient plus en état de paroître et tenir la campagne.
Interrogé si le répondant ne fut dans la bataille donnée à Fonréal.
A répondu qu'étant arrivé aux Fonreal avec sa brigade et les autres camisards, il en partit pour aller à Bart voir ses cousines et que comme il en revenait il vit que les troupes attaquaient les camisards et se sauva du coté de Gluiras ou il se tint caché sous un rocher au lieu de Courbines, et y fut joint bientôt après par Abraham et Billard
Interrogé s'ils firent du séjour au lieu de Courbines et quelle route ils prirent ensuite
A répondu qu'ils n'y demeurèrent que trois jours après lesquels ils se rendirent dans le bois de Monnet, paroisse de Serres; d'où après sept ou huit jours pendant lesquels Abraham se faisait penser, le répondant, Abraam, et le nommé Crote dit Coutas partirent ensemble pour les Cévennes sans armes, furent coucher à Villeneuve, la deuxième nuit à Barjac, et la troisième nuit dans une maison seule servant de cabaret près d'un chateau au lieu de Fontcouverte situé entre Uzès et Alais ayant été délibéré entre eux qu'Abraam et Crote resteraient dans les Cévennes ou Abraam était certain de ne pas être découvert et que le répondant reviendrait en Vivarais ce qu'il fit
Interrogé pourquoi le répondant fut envoyé en Vivarais, les conférences qu'il y eut, les personnes avec lesquelles il était en relation et quel y fut son séjour
A répondu qu'il ne fut chargé d'aucun ordre de la part d'Abraam, qu'il ne fit aucune négociation dans le Vivarais, qu"'au contraire il s'y tenait caché dans les bois ou chez ses parents et qu'il y resta quatre ou cinq mois, après lesquels il retourna dans les Cévennes avec son frère nommé Claude Buis, mais que n'ayant pu trouver Abraam il revint en Vivarais et fut chez Jacques Chambon qu'il connaissait parce que les camisards avaient passé chez lui.
Interrogé s'il n'était chargé de la part d'Abraam de parler à Chambon
A nié l'interrogatoire et persévéré de dire qu'il n'avait pu le rencontrer dans son dernier voyage en Cévennes, mais que Chambon pressa le répondant d'aller dire de sa part à Claris de venir en Vivarais et qu'il attendait de ses nouvelles; sur quoi le répondant se mit en chemin pour se rendre à Uzès où s'étant adressé au sieur Saussine que Chambon lui avait indiqué il fut conduit par une parente dud Saussine dans une petite maison appartenant à Saussine située dans une vigne à la portée de fusil de la ville d'Uzès. Il y rencontra led Saussine et Claris auxquels ayant dit qu'il était venu expressément de la part de Chambon pour solliciter Claris de venir en Vivarais et de lui donner de ses nouvelles, Claris partit pour aller joindre Abraam et le répondant se rendit à Uzès avec Saussine dans sa maison, de laquelle ils furent le lendemain tous les deux ensemble chez la nommée Lafonte dont la maison est située assez près de la ville d'Uzès dans laquelle ils rencontrèrent Abraam et Claris et le nommé Coste marchand d'Uzès, lesquels lui demandèrent la situation et les dispositions des peuples du Vivarais. Sur quoi le répondant leur dit qu'il y avait beaucoup de troupes et que chacun les appréhendait, après quoi Claris donna trente louis d'or en pièces au répondant pour remettre à Chambon et de lui dire qu'ils lui livraient par la poste l'usage qu'il devait en faire, Claris ayant encore donné au répondant la somme de dix livres pour son voyage lui recommandant d'être fidèle
Interrogé s'il n'a été chargé dans d'autres occasions d'argent et lettres pour Chambon et pour d'autres personnes en Vivarais
A nié l'interrogatoire
Interrogé si lorsqu'il remis les trente louis d'or à Chambon iceluy ne lui déclara que c'était pour le commencement de la dépense d'un soulèvement qu'il ménageait, et si Chambon ne l'envoya dans plusieurs maisons ou pays de la part d'Abraam et Claris
A nié l'interrogatoire
Interrogé si pendant le séjour qu'il a fait dans la maison de Chambon il n'y a vu des principaux habitants des Boutières
A dit n'y avoir vu que le nommé Salomon de la paroisse de Marcols, Brunel dit Chabrières de la paroisse de St Julien et le nommé Louis de lad paroisse ou de celle de St Fortunat, lesquels Brunel et Louis étaient en toute relation avec led Chambon et ses confidents
Interrogé s'il n'était dans la maison de Chambon lorsqu'il fut arrêté à St Pierreville et si d'abord le répondant, Brunel, le nommé Louis et Reimondon de la paroisse de St Fortunat ne ramassèrent les papiers concernant le projet d'un soulèvement et ne les portèrent dans une cassette au ruisseau qui est à côté de la maison dud Chambon
A avoué l'interrogatoire et dit qu'il a appris que le ruisseau ayant été enflé par les pluies, avait entrainé la cassette
Interrogé où il était lorsqu'Abraam et Coste furent tués
A dit qu'il était chez Chambon même encore lorsque la tête d'Abraam fut portée à Vernoux ou Chambon fut expressément pour la reconnaitre et à son retour il dit au répondant que c'était véritablement la tête d'Abraham
Interrogé si depuis la mort d'Abraam et les exécutions de Claris et de Chambon, il n'a été à Genève pour susciter des chefs à revenir dans le pays pour y renouveler des troubles
A nié l'interrogatoire et dit qu'il n'était allé à Genève que pour se tirer du Vivarais et dans le dessein de demeurer avec Jean Pierre Buis son oncle charpentier résidant à Veuvay en Suisse où il allait lorsqu'il a été arrêté
Lecture à lui faite de ses réponses a dit qu'elles contiennent vérité, repeté par lecture faite y a persisté et n'a su signer de ce requis

Deuxième interrogatoire et réponses de Jean Pierre Buis dit St Julien
De Tournon le onzième may mil sept cens onze
Avons mandé venir par devant nous Jean Pierre Buis dit St Julien duquel le serment pris
Interrogé de ses noms, surnoms, age, qualité, religion et demeure
A dit se nommer Jean Pierre Buis dit St Julien du lieu des Granges paroisse de St Julien la brousse, de la religion pretendue réformée, charpentier, agé d'environ trente années.
Lui avons déclaré que nous lui faisons le procès extraordinairement par recolement et confrontations de témoins pour être jugé par monseigneur de Basville nous commettant avec tel présidial qu'il voudra choisir en dernier ressort et sans appel en exécution de l'arrêt du conseil d'état du 25 février 1703, duquel arrêt lui avons fait faire lecture par notre greffier
Interrogé pourquoi il sortit de la maison de Chambon une cassette pleine de papiers et la porta au ruisseau, si ce n'est parce que ces papiers contenaient le projet de la révolte qu'Abraam, Claris et Chambon voulaient renouveler dans le Vivarais, comme aussi parce que les noms de ceux qui entraient dans ce projet étaient écrits
A répondu que lui, Brunel, le nommé Louis et Reimondon ne sortirent cette cassette de la maison qu'à la prière de la nommée Louise, qui y résidait et qui leur dit que les papiers les plus importants de la maison étaient dans cette cassette et qu'il était à propos de les cacher le long du ruisseau, le répondant ajoute que la cassette était fermée à clef et qu'il ne sait ce qu'il y avait dedans, mais que deux jours après étant retourné sur les lieux pour retirer cette cassette il trouva que le ruisseau avait été si extraordinairement débordé que l'eau s'était étendue beaucoup au-dela de l'endroit où la cassette avait été placée
Interrogé par quel ordre il était retourné sur les lieux pour prendre cette cassette
A répondu que personne ne lui dit d'aller chercher la cassette, et qu'il ne fit cette démarche que par amitié pour Chambon pour conserver les papiers de sa maison et d'en le dessein de remettre la cassette au pouvoir du sr la Caumette de Brueis ancien catholique son voisin
Lui avons représenté qu'il ne dit pas la vérité et qu'il est très probable que n'étant arrivé des Cévennes que depuis peu de jours et ayant remis de l'argent à Chambon de la part de Claris et Abraam il n'était chez lui que pour l'exécution d'un projet de soulèvement négocié par le répondant et pour lequel projet Chambon atteint et convaincu a été ensuite exécuté à mort
Interrogé de quels ordres et commissions le répondant a été chargé de la part d'Abraam et de Claris lorsqu'ils l'ont envoyé à Chambon
A répondu qu'ils ne le chargèrent d'autre commission que de rendre les trente louis d'or à Chambon et de lui dire qu'ils lui livreraient par la poste
Interrogé si le répondant n'a été solliciter plusieurs personnes dans le Vivarais de prendre les armes, même encore s'il n'a eu plusieurs conférences avec les srs de Colognac, de Furne, Ribes, Delarbre, Salomon, Fuzier, Lafont et autres chefs des Boutières
A nié l'entier interrogatoire
Interrogé s'il ne suivait les marchés du pays pour y parler aux gens de sa faction
A répondu n'avoir pratiqué les foires et marchés depuis le temps qu'il prit parti avec les camisards
Interrogé s'il n'est vrai que son emploi principal était de faire des recrues aux camisards
A nié l'interrogatoire
Interrogé s'il n'a conféré avec Brunel et Reimondon et autres à Genève pour revenir en Languedoc et y causer des troubles
A répondu ne s'être occupé à Genève qu'à travailler de son métier et dit que le nommé Louis qui est de la paroisse de St Fortunat ou celle de St Julien le Roux lui fit confidence quelques jours avant que le répondant fut arrêté, qu'il venait du Vivarais et qu'il s'en allait trouver l'envoyé d'Angleterre à Berne, et ensuite passer en Angleterre, d'où il rapporterait tout au moins mille pistoles pour les porter en Languedoc, et qu'il verrait Cavalier
Interrogé si le répondant n'était parti de Genève pour passer en Piémont et prendre des mesures avec des réfugiés pour recommencer les assemblées et les attroupements dans les Cévennes et le Vivarais
A répondu qu'il allait à Veuvay à dessein d'y demeurer avec son oncle et ne jamais revenir dans la troupe des rebelles
Interrogé s'il n'a été en relation avec des habitants du Dauphiné qui avaient formé des projets pour des attroupements
A répondu n'en avoir connu qu'un homme qu'il a vu en dernier lieu à Genève par le moyen du nommé Louis, et duquel il ne sait pas le nom, qui lui dit que puisqu'il était dans la troupe des camisards et dans leur parti ils se verraient bientôt et qu'il allait en Angleterre pour y prendre d'argent et le porter à son retour à des gens qui étaient bien intentionnés pour leur religion
Interrogé s'il n'a des parents à Loriol par le moyen desquels il avait des intelligences en Dauphiné et s'il n'y a passé plusieurs fois depuis le commencement des affaires des camisards
A répondu que Moyse Roure dit Lacombe cabaretier et boulanger résidant à Loriol est son cousin germain, mais qu'il ne l'a jamais employé pour ces sortes d'affaires, ayant passé deux fois de ce côté là sans le voir parce qu'il sait que led Roure son cousin n'approuve pas sa conduite
Interrogé dans quel bac il traversait le Rhône lorsqu'il allait en Dauphiné
Arépondu avoir passé une fois au Pouzin et une autre fois à Beauchastel, sans que personne lui demande de passeport
Lecture à lui faite de ses réponses a dit icelles contenir vérité, repeté après lecture faite y a persisté, n'a su signer de ce requis, suivant l'ordonnance, et a été remmené dans la prison

361
Interrogatoire du dix septième mai mil sept cens onze (probablement à la citadelle de Montpellier)
Avons mandé venir par devant nous l'accusé ci âprès nommé de lui serment pris de dire vérité
Interrogé de son nom, surnom, age, qualité et demeure
A dit qu'il s'apelle Jean Pierre Buy dit Saint Julien du lieu des Granges paroisse de St Julien la Broche diocèse de Viviers menuisier agé de trente ans ou environ, de la religion prétendue réformée
Lui avons prononcé que nous lui faisons le procès en dernier ressort d'autorité de mr l'intendant en exécution des arrêts d'attribution de juridiction
Interrogé depuis quand il est sorti du royaume
A dit qu'il y a environ douze ou quatorze ans qu'il sortit du royaume avec le nommé Rousson son cousin qui est du lieu de St Jean Chambre en Vivarais, qu'ils allèrent tous deux ensemble à Lausanne, qu'il laissa son cousin à lad ville d'ou il n'a bougé du depuis et que lui qui répond alla à Vauvay qui est une ville du canton de Berne où il a un oncle qui s'apelle Jean Pierre Buy menuisier de son métier où il demeura environ neuf ans travaillant de son métier
Interrogé quelles connaissances il fit dans la ville de Vauvay
A dit qu'il connaissait presque tous les habitants de lad ville à cause du long temps qu'il y avait séjourné
Interrogé s'il ne connaissait personne de ceux qui se mèlent en ce pays là des affaires de religion
A dit que dans ce temps-là on ne parlait presque point des affaires de religion
Interrogé pourquoi il quitta lad ville de Vauvay
A dit qu'il alla à Lausanne pour y travailler de son métier dans des boutiques d'autres menuisiers qu'il y demeura un an, qu'après ce temps là le sieur de la Chabane qui est un Suisse du lieu de Mondon du canton de Berne qui est de la religion prétendue réformée et officier dans les troupes du roi le mena avec lui en France servir en Catalogne, qu'il demeura avec lui pendant un mois tout le long de la route, seulement que quand il fut en Catalogne il gagna sa vie à vendre du brandevin, été mis ensuite avec le sieur de Chazel de la ville de Nîmes pour muletier avec lequel il demeura pendant deux campagnes, qu'après l'avoir quitté il s'en revint dans led lieu de Granges en Vivarais où il resta pendant huit mois, que son oncle lui ayant écrit de venir le retrouver; en y allant il trouva à Vernoux un jeune garçon nommé Jean Pierre de la paroisse de St Fortunat qui le persuada de ne s'en retourner pas au pais étranger lui disant que le temps changerait, qu'il le mena dans le bois d'Issarle où il trouva Abraam, Billar et Dupont avec environ soixante hommes ou il resta avec eux
Interrogé combien de temps il resta avec lesd Habraam et autres
A dit qu'il y resta environ cinq semaines pendant lequel temps il se trouva dans divers combats, qu'ayant été entièrement défaits chacun prit son parti; que quelques jours après il trouva Habraam et le nommé Couta avec lesquels il demeura encore quinze jours, qu'Abraam ayant voulu venir dans les Cévennes il l'accompagna jusqu'à Béziers où il le laissa et s'en retourna en Vivarais
Interrogé combien de temps il demeura du côté d'Uzès
A dit qu'il n'y demeura que trois jours
Interrogé qui étaient les principaux habitants du lieu de Vals qui étaient les chefs de la révolte,
A dit que c'était led Justet duquel il a parlé cy devant et son frère, les nommés Jacques, Antoine, et Joathy, ne sachant point le nom de leur famille tous lesquels ont obtenu leur grace, qu'il y en avait encore d'autres du lieu de Vals au nombre de plus de trente, desquels il ne sait pas le nom, qu'ils avaient à leur têtte un gentilhomme nommé Du Claux, qui fut tué, le frère duquel a demeuré long temps à la citadelle, qu'il y avait encore le nommé Rattier des environs du lieu de La Mastre, qui est sorti du royaume a ce qu'il croit et est allé en Piedmont avec un de ses frères ne sachant s'il est officier dans les troupes du duc de Savoye,
Interrogé s'il n'était appuyé secretement par des gens de qualité des environs qui ne voulaient pas paraitre,
A dit que non, et qu'il ne conneut que ceux de la troupe,
Interrogé si dans leur troupe il n'y avait des anglais et des hollandais,
A dit que non,
Interrogé si dans le temps qu'il demeurra à Uzès avec Habraam ils n'eurent des conférences avec diverses personnes de qualité de lad ville,
A dit que pendant le temps qu'il demeura à Uzès avec Habraam, ils demeurèrent enfermés dans la maison de la nommée Lafonte qui a un mari travailleur de terre et deux filles grandes de taille;
Interrogé si pendant le temps qu'il était avec Habraam et Justet, il n'attendait du secours d'argent, d'hommes et d'armes, du côté de Dauphiné et des Cévenes,
A dit qu'il n'en a pas entendu parler,
Interrogé s'il n'a pas vu pendant le temps qu'il était dans la troupe des gens de distinction qui étaient du Dauphiné, du Vivarais et des Cevenes,
A dit que non et qu'il n'en a point vu
Interrogé en quel temps il sortit du royaume pour la seconde fois
A dit qu'il en sortit quelque temps avant la fête de la Noel dernière et puis a dit qu'il y a environ un an que Clary l'envoya à Genève pour savoir si l'ambassadeur d'Angleterre était mort comme on lui avait dit
Interrogé pourquoi est ce qu'il en sortit puisqu'il y était en sureté et que personne ne lui disait rien,
A dit qu'il n'osait pas paraitre, que ce fut la raison pourquoi il s'en alla,
Interrogé si ce ne fut Abraham qui l'envoya à Genève pour tacher d'avoir de l'argent, du secours et des armes,
A dit que non que ce fut Clary comme il a dit cy devant, que quand il fut à Genève il trouva que l'ambassadeur était mort, que la Valette à qui il avait ordre de s'adresser était prisonnier, qu'il s'adressa à sa femme, qu'elle alla parler à son mari et lui dit que véritablement l'ambassadeur d'Angleterre était mort, qu'on en attendait un autre, qu'on ne savait pas encore les ordres qu'il porterait, et qu'elle lui conseillait de demeurer en repos, que ce fut la cause qu'il demeura à Genève pour travailler de son métier
Interrogés'il ne fit réponse à Clary et ne lui manda ce que la femme de la Valete lui avait dit,
A dit que non,
Interogé quelles connaissances il fit à Genève,
A dit que quatre mois après qu'il y fut travaillant de son métier la femme de la Valette le vint solliciter de revenir dans le pays pour dire à Clary qu'on lui envoyerait de l'argent, qu'il fit beaucoup de difficulté d'y revenir s'étant accoutumé à travailler, qu'il se laissa gagner à cette femme, qu'elle lui bailla dix livres pour son voyage qu'il en partit environ le mois d'aout dernier
Interrogé si quelque autre personne que la femme de la Valette ne le sollicita pour revenir en ce pays.
A dit que non
Interrogé si la femme de la Valette ne lui dit que cet argent qu'on devait envoyer à Clary était pour exiter une nouvelle révolte
A dit que non et qu'elle ne lui dit autre chose si ce n'est de dire à Clary qu'il lui envoya une adresse pour pouvoir lui envoyer de l'argent,
Interrogé ou est ce qu'il passa le Rhône, a dit qu'il le passa au lieu de Belcastel près de la Voulte où les soldats qui étaient de garde ne lui dirent rien,
Interrogé où il trouva Clary,
A dit qu'il le trouva à Uzès chez un nommé Sausinnes qui est un homme qui a été marchand et qui ne tient pas boutique, et puis a dit qu'il le trouva dans une petite maison de campagne qui appartient aud Sausinnes
Interrogé qui lui indiqua la maison de campagne ou était Clary avec ledit Saussines
A dit que quand il fut à Uzès il s'adressa à la nommée Lafonte chez laquelle il avait demeuré trois jours avec Habraam que Lafonte le mena à lad maison de campagne ou il trouva Clary avec Saussines, et lui dit ce que la femme dud la Valette l'avait chargé de lui dire,
Interrogé combien de temps il demeura dans lad métairie avec Clary et Saussines
A dit qu'il demeura trois jours que pendant ce temps la Habraam y vint, que quand il y arriva il avait déjà reçu une lettre de la part de la Valette qu'il lui avait envoyé de l'argent ne sachant combien que quand il voulut partir Clary lui bailla trente louis d'or en espèce en présence d'Habraam et de Coste, et le chargea de les remettre à Chambon, qu'il lui bailla encore dix livres pour son voyage
Interrogé s'il n'entendit dire à Habraham Clary et Coste que l'argent que la Valette avait envoyé était pour faire soulever des peuples du Dauphiné, du Vivarais et des Cévennes,
A dit que non et qu'ils parlaient ensemble en secret,
Interrogé s'il ne leur entendit nommer les gens du pays avec lesquels ils avaient commerce et qui devaient être de la partie pour faire soulever les peuples,
A dit que non et que quand il voulut demander à Clary à quoi il avait destiné l'argent qu'on lui avait envoyé, il lui répondit qu'il ne voulait pas que personne sut son secret et qu'il leur a oui dire seulement que Durant et Bonbonnoux qui sont encore dans le pays étaient du secret
Interrogé s'il porta l'argent que Clary avait baillé à Chambon et ou est-ce qu'il le trouva
A dit qu'il le trouva à sa métairie ou il lui bailla les trentes pistoles que Clary lui avait baillé,
Interrogé si Chambon était seul quand il lui bailla l'argent,
A dit qu'il le lui remit en présence du nommé Brunet qui est de St Julien le Roux et du nommé Raymondon qui est de la paroisse de Saint Fortunat ou de la Traverse
Interogé pendant quel temps il demeurra à la métairie de Chambon et quelles personnes il y vit pendant ce temps là
A dit qu'il y vit le nommé Rieufort du lieu de Gluyras qui est un homme grand de taille et noiraud, le nommé Salomon qu'il y vit encore un lieutenant qui est en garnison dans un village tout près
Interrogé s'il ne vit dans la maison dud Chambon le nommé Ricome et Tuvulet
A dit qu'il peut les avoir vu mais qu'il ne les connait pas par leur nom,
Interrogé s'il ne porta a Chambon des nouvelles de sa femme qui est à Berne
A dit que non
Interrogé s'il n'a point posté des lettres de Genève à Clary et à Chambon, écrites avec du lait
A dit que non
Lui avons représenté quatre lettres dont l'une est datée de Genève du septième octobre mil sept cent dix et une autre du onzième septembre mil sept cent dix et deux autres sans date et interpellé de nous déclarer si ce n'est pas lui qui répond qui a posté lesd lettres à Clary et à Chambon
A dit qu'il n'a posté aucune lettre ni a Clary ni à Chambon
Interrogé si pendant le temps qu'il ne demeura dans la métairie de Chambon on ne l'appellait l'homme de la Pache qui veut dire un homme de confiance
A dit que si on s'est servi de ce nom il n'en sait rien
Interrogé s'il était encore à la métairie de Chambon lorsqu'Habraam et Coste furent tués
A dit qu'oui
Interrogé que dit Chambon lorsqu'il sut la nouvelle de la mort d'habraam, Clary et Coste
A dit que Chambon dit que ceux-là avaient fait leur course, qu'il ne fallait pas rester pour cela de bien faire
Interrogé si Chambon ne lui fit confidence de la nouvelle révolte qu'on devait faire dans le Vivarais et s'il ne lui dit qu'il devait venir des troupes qui devaient passer par le Rhône et qui devaient se saisir d'un port qu'il en devait venir d'autres de Roussillon et des Cévennes
A dit qu'il a entendu dire à Chambon qu'on lui promettait du secours mais qu'il fallait l'attendre du secours mais qu'il fallait l'attendre de Dieu, et non pas des hommes,
Interrogé si Chambon ne lui dit d'où devait venir le secours si c'était de Hollande, d'Angleterre ou des Cévennes,
A dit qu'il entendit que led Chambon disait que si le duc de Savoie n'attaquait pas le Dauphiné il n'en viendrait jamais à bout,
Interrogé devant quelles personnes led Chambon disait cela,
A dit qu'il disait cela en présence de lui qui répond, de Brunet, du nommé Louis qui est du lieu de St Julien le Roux et Raymondon, ces deux derniers étant du depuis sortis du royaume
Interrogé si Chambon ne nomma pas les gens du pays qui devaient être de la révolte
A dit que non mais qu'il a oui dire a d'autres personnes que le sieur Descourt qui demeure près du lieu de Saint Pierreville devait être de la partie
Interrogé quel chemin il prit pour s'en retourner
A dit qu'il repassa le Rhône à Beauchastel qu'il passa par Roman, et par Chambéry,
Interrogé si quand il fut arrivé à Genève il vit la femme de la Valette,
A dit qu'oui qu'il l'alla voir pour lui donner réponse de tout ce qu'il avait fait en ce pays ici, et lui donna la nouvelle de la mort de Clary Coste et Habraam
Interrogé si la femme de la Valette ne lui donna pas connaissance des mouvements qu'elle se donnait pour recommencer la révolte dans le Vivarais et dans les Cévennes,
A dit que la femme dud la Valette lui dit qu'elle avait reçu des lettres de Durant et de Bonbonnoux qui lui demandaient de l'argent qu'elle attendait les nouvelles d'Angleterre pour leur en envoyer
Interrogé s'il ne vit à Genève les nommés Louis et Raymondon
A dit qu'oui
Interrogé qu"'est-ce qu'ils faisaient à Genève
A dit qu'il n'y avait que cinq ou six jours qu'ils étaient arrivés que Louis lui a dit qu'il voulait aller en Angleterre, et Raymondon travailler de son métier, que lui qui répond leur dit qu'il voulait aller travailler cheez son oncle, que Louis lui demanda s'!il reviendrait en France avec lui en cas qu'il portat de l'argent d'Angleterre qu'il lui répondit que non et qu'il ne voulait plus retourner en France,
Interrogé s'il n'a pas connu à Genève des gens qui sont fomantés par la reine d'Angleterre et par les hollandais pour exciter une nouvelle révolte dans ce pays-ci,
A dit qu'il y a connu un garçon menuzier qui est du côité de Die en Dauphiné, qui a été en ce pays ci porter de l'argent dans les mouvements derniers du Dauphiné qui se nommait Arnaud
Interrogé comment est ce qu'il avait fait connaissance avec led Arnaud
A dit qu'ils travaillaient ensemble, chacun de leur métier dans différentes boutiques et qu'ils se voyaient souvent
Interrogé si led Arnaud n'a pas eu des conférences avec la femme de la Valette
A dit que non mais que led Arnaud lui fit faire connaissance avec un homme dont il ne sait pas le nom et qui est aussi du côté de Die qui est de taille médiocre portant une perruque chatain nouée à deux queues avec des rubans noirs qui partait pour aller en Angleterre chercher de l'argent pour les révoltés, qu'ils burent ensemble, et qu'il lui dit que s'il voulait attendre son retour et revenir en France ils lui porteront des bonnes nouvelles que le nommé Louis dont il a parlé ci-devant partit aussi le lendemain pour aller en Angleterre
Interrogé s'il n'a pas eu de leurs nouvelles depuis qu'ils sont partis
A dit que non
A lui remontré qu'il doit nous dire la vérité sur tout ce qu'il sait des projets qu'on fait pour renouveler la révolte dans les Cévennes et dans le Vivarais et de nous dire le nom de tous ceux qui y ont eu part principalement les gens de distinction, cette affaire concernant l'état du royaume et de la religion,
A dit qu'il ne sait autre chose que ce qu'il nous a dit ci-devant, si ce n'est qu'on a bien à se prendre garde des ambassadeurs d'Angleterre qui sont à Berne et à Turin qui font tenir de l'argent aux nouveaux convertis révoltés
Exhorté de dire la vérité a dit l'avoir dite
Lecture faite a persisté et n'a su signer ainsi qu'il l'a affirmé

Du 21 mai 1711
Avons mandé venir par devant nous l'accusé ci après nommé Clary serment pris de dire vérité
Interrogé de son nom surnom age qualité demeure et religion
A dit qu'il s'appelle Jean Pierre Buis de St Julien compagnon menuisier de St Julien diocèse de Viviers et est de la religion prétendue réformée
Interrogé s'il n'est pas vrai que Clary l'envoya l'année dernière à Genève pour dire à la Valette de lui envoyer de l'argent
A dit qu'environ le mois de mars de l'année dernière mil sept cent dix Clary l'envoya à Genève pour savoir si l'ambassadeur d'Angleterre était mort comme on lui avait dit mais non pas pour lui dire de lui envoyer de l'argent
Interrogé s'il n'en revint le mois d'août suivant et par quel ordre
A dit qu'oui et que ce fut la femme de la Valette qui l'obligea de revenir
A dit qu'elle lui donna ordre de dire à Clari de lui envoyer des adresses à qui elle peut bailler de l'argent pour lui faire tenir
A lui remontré qu'il ne dit pas la vérité puisqu'il n'était necessaire que d'une simple lettre pour donner avis a Clari
A dit qu'elle ne savait point l'adresse de Clary et qu'elle avait peur que la lettre ne fut interceptée
Interrogé s'il ne vint trouver Clary de la ville d'Uzès
A dit qu'oui
Interrogé ou est ce qu'il le trouva et ou il lui parla
A dit qu'il le trouva au mas de Saussines
Interrogé s'il ne trouva Clary à une petite métairie qui est à la descente d'Arpallargues ou le cadet Arnaud et Crotte étaient avec lui
A dit que non et que Clari était seul avec Saussines dans la métairie
Interrogé s'il ne portait deux pistolets de poche qu'il avait acheté à Lausanne
A dit qu'il en avait un qu'il avait acheté à Lausanne et que Clary lui avait baillé l'autre
Interrogé si pendant le temps qu'il demeura à Uzès ou aux environs il n'a été ... à la métairie qui est à la descente d'Arpaillargues ou à celle de la dame Voline (Doline ?)
A dit qu'il a été dans la ville d'Uzès chez led Saussines et dans la maison de Lafonte qui est hors de la ville une portée de fusil
Interrogé si pendant son séjour à Uzès Clary ne l'envoya chez Chambon d'où il revint quinze jours après
A dit qu'oui mais qu'il n'y resta qu'environ dix jours
Interrogé à quel sujet Clary l'envoya chez Chambon
A dit que Clari l'envoya à Chambon pour lui dire qu'il avait de l'argent et lui bailler qu'il envoya quelqu'un pour le prendre ou qu'il le vint chercher lui-même
Interrogé si pendant le séjour qu'il fit à Uzès ou aux environs il ne fut à une assemblée qui se tint à la bergerie du sr Bargeton entre Malaigue et Arpaillargues ou Durand prêcha ou lui qui répond portait toujours des pistolets
A dit qu'oui mais qu'il ne sait pas si c'était à la bergerie du sr Bargeton
manque une page
d'Uzès avec led Flottier qui portait un fusil qu'il avait acheté
A dit qu'il ne se souvient point d'avoir été avec Flottier portant un fusil
Interrogé si Clari ne luy bailla six cents livres pour porter à Chambon
A dit que Clary lui bailla trente pistoles pour bailler à Chambon et qu'il les lui délivra
Interrogé a quel dessein Clary envoya cet argent à Chambon
A dit que Clari lui donna ordre de dire à Chambon d'en donner à ceux qui en auront besoin et de garder le reste pour l'employer suivant les ordres qu'il lui donnerait
Interrogé si Clari ne lui envoya cet argent pour acheter des armes de la poudre et du plomb
A dit qu'il n'en sait rien que cela pourrait pourtant être vrai et que par ses lettres il lui marquait ce à quoi il voulait qu'il destina son argent
Interrogé si Chambon n'avait fait achats de fusils de poudre et de plomb et en quel endroit il les avait acheté
A dit qu'il n'en sait rien et que si quelqu'un le savait c'était le nommé Brunel
Interrogé si pendant qu'il a demeuré chez Chambon il n'y a vu des armes
A dit qu'il n'y a vu qu'un vieux fusil
Interrogé si Chambon ne lui fit confidence ou il avait caché les fusils la poudre et le plomb
A dit que non que c'est Saussines qui sait tout cela parce qu'il écrivait toutes les lettres qu'il sait bien que Clary en avait mais qu'il ne sait pas où il les avait mis
Exhorté de dire la vérité a dit l'avoir dite lecture faite a persisté et n'a su signer

Le 8 juin 1711, Jean-Pierre Buis est pendu à Montpellier, après avoir subi la question.

Jean-Pierre Buis

dit St-Julien

BUIS Jean-Pierre, de Saint Julien Labrousse en Vivarais, (les Granges), surnommé St Julien ou Carabin, né vers 1681, menuisier. Parti à Lausanne avec son cousin avant 1700, il en revient et d'après Bosc s'engage au côté des camisards en Cévennes. Il est pensionné à Genève comme camisard du 15 février 1705 au 30 septembre 1705 (Pap. Court vol 33). Il revient ensuite en France et s'engage dans les troupes royales et sert en Catalogne. Il participe à la tentative de soulèvement du Vivarais d'Abraham MAZEL (juillet 1709), accompagne celui-ci en Cévennes après l'échec et CLARIS le renvoie en Suisse, d'où il revient en août 1710 à la demande de la femme de la Valette (celui-ci était alors en prison) pour dire à CLARIS qu'on lui enverrait de l'argent. Il rencontre Abraham MAZEL près d'Uzès à cette occasion, puis repart en Vivarais pour donner de l'argent à CHAMBON (dans le cadre de la dernière tentative de soulèvement en liaison avec la prise de Sète, le complot dit de RIFFIER. Il retourne en Suisse avant Noël 1711. Basville le fait prendre grâce à la trahison d'un réfugié de Genève : il est arrêté sur le lac de Genève en face de Coppet et transféré sur le sol français le 20 avril 1711 (Bosc V 1067). Conduit à Tournon le 11 mai, puis le 17 à la citadelle de Montpellier, il est pendu le 8 juin 1711 après avoir subi la question. Sources : Bosc V 953 et 1062, ADHérault C 190 ses interrogatoires.
Voir sa condamnation par Basville.