Antoine Chassagne et Laurent Beraud

Deux Cadets de la Croix*

BERAUD Laurent, de Pont Saint Esprit. Ancien catholique arrêté avec CHASSAGNE par le sieur de Montclus (en essayant de se sauver, il tire un coup de fusil sur ses poursuivants); ils faisaient partie tous deux d'une troupe de brigands qui assassinaient et pillaient dans le Nord du département du Gard actuel et le sud de l'Ardèche. La Baume (page 363) affirme qu'ils étaient "cadets de la Croix", et effectivement on lui demande dans un de ses interrogatoires "si le jour qu'il fut arrêté avec le nommé Chassagne ils n'allaient joindre d'autres scélérats soi-disant cadets et sous ce prétexte tacher de faire des vols et assassinats". Il est condamné à être pendu le 5 novembre 1704 à Nîmes, et exécuté avec CHASSAGNE le 10 à Bagnols.

Sources : ADGard B 2821 (Présidial), ADHérault C 183 la procédure

CHASSAGNE (LACHASSAGNE, CHATTAGNE, CASSAGNE) Antoine, de Bagnols. Ancien catholique arrêté avec BERAUD par le Sieur de Montclus; ils faisaient partie tous deux d'une troupe de brigands qui assassinaient et pillaient dans le Nord du département du Gard actuel et en particulier à Vallon Pont d'Arc.Condamné à être pendu pour "réparation des crimes de rebellion, vols, meurtres et assassinats" le 5 novembre 1704 à Nîmes, il est exécuté le 10 à Bagnols avec BERAUD.

Sources : ADGard B 2821 (Présidial), ADHérault C 183 la procédure


* Les cadets de la Croix étaient des "anciens catholiques", originaires essentiellement de l'est du diocèse d'Uzès et de la vallée du Rhône, qui profitèrent de la période agitée de la guerre des camisards, pour s'assembler en troupes parfois importantes. Sous prétexte de lutte contre les camisards, ils se livrèrent essentiellement au pillage des métairies tenues par des "nouveaux catholiques" aussi bien que par des "anciens catholiques".

Mémoires du notaire Borrely

Le notaire et son roi.
Etienne Borrelly (1633-1718). Un Nîmois sous Louis XIV.

Robert Sauzet a publié en 1998 un livre passionnant sur la vie à Nîmes de ce bourgeois catholique d'après les Mémoires, le livre de raison plus exactement, que celui-ci a tenu de 1654 à 1717, c'est-à-dire tout au long du rêgne de Louis XIV.

C'est une chronique savoureuse de la vie quotidienne, très vivante, d'une maisonnée, où sont rapportés les petits évènements de tous les jours, mais aussi les grands évènements dont il a pu avoir connaissance, et bien sûr ceux qui se sont passés dans sa région pendant la guerre des camisards. Robert Sauzet commente de façon approfondie cette vision catholique de la révolte. Malheureusement il ne publie en annexe qu'un extrait de ces mémoires consacré aux camisards : la réception à Nîmes de Jean Cavalier.

Nous avons voulu combler cette lacune (en tout cas pour tous les amateurs de l'histoire camisarde !) en publiant intégralement sur notre site la partie des mémoires concernant cette guerre (et même au-delà puisque notre transcription va jusqu'en septembre 1706). Un érudit du XIXe siècle, le docteur Puech, avait déjà publié ces Mémoires, mais de façon très incomplète et "rerédigée" (A. Puech, La vie de nos ancêtres d'après leurs livres de raison, Mémoires de l'Académie de Nîmes, 1984 à 1986).

Nous sommes partis pour cette transcription d'un tirage hélas de qualité très moyenne du microfilm effectué par les archives départementales du Gard à partir du manuscrit original coté 1E451. Nous avons légèrement modernisé la graphie, rajoutant accentuation et ponctuation, et corrigeant les fautes d'orthographes (les fautes de style ont été conservées). Nous avons conservé l'ensemble du texte de la période indiquée, même n'ayant pas trait directement aux camisards, car les renseignements concernant la vie quotidienne des bourgeois de cette époque nous ont paru très intéressants.

Ce document étant assez lourd (informatiquement parlant !), nous prions nos visiteurs de le télécharger ici

Les Cévennes catholiques

Histoire d'une fidélité. XVIe-XXe siècle
de Robert Sauzet

A partir de sources variées et dispersées -archives et bibliothèques parisiennes, archives départementales de l'Hérault et du Gard, archives communales, mémoires et papiers de famille-, Robert Sauzet a littéralement arpenté sur près de trois siècles la vallée du Rieutord ou les "Terres blanches".

Après avoir évoqué la situation des catholiques cévenols au travers des guerres de religion des XVIe et XVIIe siècles, l'auteur s'attache à la compétition entre protestantisme et catholicisme, à l'action des missionnaires, à l'attitude du clergé au moment de l'"étouffement légal" du protestantisme. Il insiste sur la vie des paroisses catholiques lors de la grande révolte des Cévennes (1702-1705). Enfin il examine la situation des Cévennes catholiques dans la longue durée..."
(extrait de la 4e de couverture)

Ouvrage publié chez Perrin dans la collection "Pour l'Histoire" (24 euros)

Robert Sauzet est professeur émérite à l'université de Tours, doyen honoraire du Centre d'études supérieures de la Renaissance. A publié de nombreux ouvrages, dont le Notaire et son roi (Plon)

Chronique des luttes religieuses en hautes Cévennes

1550 - 1740
Lamelouze et Saint-Martin-de-Boubaux
de Pierre ROLLAND, aux Presses du Languedoc

Au delà de l'histoire de la vallée du Galeizon, affluent du Gardon, et de deux de ses paroisses, Lamelouze et St-Martin-de-Boubaux, Pierre Rolland traite de l'histoire des Cévennes et du protestantisme. De l'émergence de la religion réformée, vers 1560, dans ce pays au peuplement très dispersé, jusqu'à la dernière assemblée surprise, en 1738, se forge un récit de sang et de violence.
Relativement préservées pendant les guerres de religion par leur situation géographique, les Cévennes reçoivent de plein fouet la conversion forcée de 1685, le départ des pasteurs et la démolition des temples. Les prédicants alors relèvent le courage des fidèles, n'hésitant pas à se servir de leurs armes pour châtier les délateurs ou protéger les assemblées. Vivent ou Brousson, les plus connus d'entre eux, ont longtemps occulté ces humbles personnages que sont François Pelet, Pierre Bastide ou Jean Dombres, d'autres encore qui, tous, finiront tragiquement aux galères, déportés aux "Iles", sinon pendus ou roués. Le prophétisme se répand ensuite, suivi bientôt de la terrible guerre des camisards qui embrase le pays. Toute une jeunesse prend les armes et une grande partie des Cévennes est anéantie par le "grand brûlement". Enfin, ce sera la lente reconstruction, les derniers prophètes laissant peu à peu la place aux ministres d'une Eglise officielle renaissante.
Ce livre, riche en évènements comme en informations sur la vie quotidienne, est écrit avec passion et nous rend très proches ces hommes et ces femmes, restitués dans leur dimension tragique et leur inébranlable espérance. D'importantes annexes, puisées dans les archives régionales, nationales, voire internationales, ne manqueront pas d'intéresser aussi bien les habitants de la région concernée que les spécialistes de l'Histoire cévenole.

Prix Public: 24 euros (157,43 F)
160 pages
Format 17 x 24 cm
Poids: 290 g.

Pierre Rolland partage son temps entre Saint-Martin-de-Boubaux, village des Cévennes lozériennes, et Lyon où le retient son activité professionnelle. Il a publié le Dictionnaire des camisards (1995) et collaboré aux trois volumes des Itinéraires protestants en Languedoc, XVIe - XXe siècle (1998 - 2000), ouvrages édités aux Presses du Languedoc.

Les premiers camisards, juillet 1702

d'Henry Mouysset , aux Presses du Languedoc

Depuis des années, Henri Mouysset, travaillant sur les archives et sur le terrain, s'est familiarisé avec les acteurs de l'insurrection camisarde, qu'il ressuscite ici avec passion, en retraçant les débuts de cette étrange révolte. Il bâtit son récit comme un film, chaque jour constituant un chapitre, avec, çà et là, des retours sur des événements marquants qui expliquent la colère des populations cévenoles, comme l'exécutions du prédicant David Quet ou de la prophétesse Françoise Brès.
Son récit débute le lundi 24 juillet 1702, où, dans l'après-midi, sur la montagne du Bougès, au lieu-dit Los Tres Faus, la conspiration se met en place à l'instigation d'Abraham Mazel, Salomon Couderc, Esprit Séguier et Jeam Rampon, et où, la nuit venue, les attroupés attaquent, au Pont-de-Montvert, la maison de l'abbé du Chaila qu'ils mettent à mort, vengeant ainsi les souffrances de tout un peuple. L'histoire se poursuit jusqu'aux vendredi 11 et samedi 12 août, qui sont marqués par l'exécution d'Esprit Séguier, Pierre Nouvel et Moïse Bonnet. Il nous est ainsi permis de suivre, dans une langue vivante et directe, la naissance de la guerre des camisards qui, jusqu'en 1704, tiendra le pouvoir en échec et ne s'arrêtera vraiment qu'en 1710 avec la mort de Mazel.
L'auteur a complété son texte par une liste des conjurés ayant participé aux événements de juillet 1702 ; on y retrouve nombre de ceux qui vont mener la lutte et deviendront des symboles de la résistance à l'intolérance et à l'oppression.

Prix Public: 22,5 euros (147,59 F)
144 pages
Format 17 x 24 cm
Ouvrage illustré d'une soixantaine de photos, cartes et fac-similés en couleur et N&B

Instituteur en Lozère depuis 1970, Henri Mouysset s'est toujours intéressé à l'histoire. Il a participé avec les élèves de son école à la réalisation de deux films vidéo, dont l'un est consacré à Jean Cavalier, et il a publié en 1987, une revue pédagogique sur les camisards.

Histoire des troubles des Cévennes

ou de la guerre des camisards sous le règne de Louis le Grand
Antoine COURT

L'Histoire des troubles des Cévennes, publié anonymement en 1760, en trois volumes, et réédité une seule fois, en 1819, occupe une place à part dans l'historiographie de la Guerre des camisards. Depuis le Refuge suisse comme au cœur du Désert cévenol, Antoine Court n'a cessé d'y travailler, et en a fait l'œuvre de sa vie. Il a visité les lieux, recueilli la mémoire orale, accumulé des dizaines de relations, mémoires, témoignages, notamment ceux des survivants (Corteiz, Bonbonnoux, Gaubert, La Valette…) ; il a lu, la plume à la main, chacun de ses devanciers, tant protestants que catholiques, et propose la première grande histoire moderne de la Guerre des camisards. C'est une histoire critique, soucieuse d'établir la vérité ou du moins la vraisemblance au milieu des excès ou des oublis des uns et des autres. Court se montre hostile aux violences, d'où qu'elles viennent, mais ne manque pas d'incriminer l'agression initiale, celle dont la monarchie catholique s'est rendu coupable en révoquant l'édit de Nantes et en privant les protestants de la liberté de conscience. À ce jour, son livre reste à la fois un ouvrage remarquable et un cri en faveur de cette liberté de conscience.

Nous avons tenu à offrir au lecteur, outre le texte complet en graphie modernisée, une véritable édition critique, enrichie de notes dues à Patrick Cabanel et Pierre Rolland, d'une chronologie de la vie de l'auteur, d'une bibliographie, et de trois textes de présentation rédigés par les spécialistes de Court que sont Otto Selles, Pauline Duley-Haour et Patrick Cabanel. Philippe Joutard signe la préface. Cette édition est appelée à constituer pour longtemps une référence incontournable.

En couverture : Cartouche de la carte Les Montagnes des Sévennes où se retirent les fanatiques..., Paris, J.-B. Nolin, 1703, 425 x 490 mm. Coll. D. Travier.

ISBN: 2-85998-260-4
Prix Public: 40 €
652 pages
Format 23,5 x 17 cm
Poids: 1130 g.
Collection: Bibliothèque Camisarde
Diffusion PL et CED

La bataille de Leyrisse

Le soulèvement camisard en Vivarais - 8 Juillet 1709

Localisation du lieu du combat et du cimetière présumé

par Pierre COULET et David DUQUENOY

Au printemps 1709, Abraham MAZEL, Daniel GUY dit Billard et Antoine DUPONT tentèrent de soulever le Vivarais avec l'aide de Jean JUSTET originaire de Vals qui recruta une petite troupe de jeunes gens pour soutenir leur action. Au mois de juin, après plusieurs combats qui avaient tourné à l'avantage des camisards, Basville et Roquelaure se rendirent en Vivarais pour diriger la répression. Les camisards furent défaits par Mirosménil le 8 juillet à la bataille de Leyrisse (près d'Alboussière, à une quinzaine de kilomètres de Valence, sur la route de Lamastre).

Les textes (voir plus loin, après les photos) dont on dispose relatant l'évènement sont peu précis, contiennent des erreurs de transcription toponymique et des invraisemblances géographiques.
Nous pensons avoir localisé avec précision le lieu du combat grâce à des archives familiales avec un acte notarié de 1857 mentionnant la vente d'un "coin de terre au serre de Camisard". Il s'agit de la partie nord du "serre des Fayolles" à la limite des communes d'Alboussière et de Champis en Ardèche, (carte IGN au 1/25 000 St. Péray N° 3036 Ouest.). Le cimetière où, selon la tradition orale, les Camisards tués au combat furent enterrés a pu être localisé avec précision sur une "terrasse" du domaine de Leyrisse au sud du corps de ferme. Le témoignage recueilli nous a paru pertinent quant à l'origine de la tradition orale et cohérent avec la topographie des lieux.

Pour plus de détails, se reporter à l'article de référence "Cahiers Patrimoine Huguenot d'Ardèche" N° 2, 2002, pp.14-18


Le vallon de Rosières situé entre la ferme de Rosières (en haut à gauche) et le hameau du "Pin de Barjac" (à droite) au delà du Duzon (rivière au niveau du rideau d'arbre au premier plan), par où les troupes royales de Mirosmenil sont probablement montées à l'assaut. Au sommet le "serre de Camisard", lieu du combat.


Le chemin de crête au sommet du "serre de Camisard", lieu présumé du combat
(actuellement GR 42 sur le serre des Fayolles). En arrière plan, on distingue le village de La Bâtie de Crussol.


Photo de groupe d'une sortie commentée de l'association "Patrimoine Huguenot d'Ardèche " prise sur l'emplacement présumé du cimetière des Camisards tués au combat de Leyrisse.


En Juillet 2009, une plaque commémorant a été posée sur les lieux de la bataille de Leyrisse par l'association Patrimoine Huguenot d'Ardèche


 Textes de l'époque relatant la bataille de Leyrisse.

Voici le récit que Brueys fait de la bataille (Histoire du fanatisme de nostre temps, tome IV, Montpellier 1713) :
" Mr de Miromenil ne dicontinua point de suivre les révoltez qu'il ne les eust découverts ; & il les joignit enfin à six heures du soir près d'un Lieu appelé Barjac. Ils estoient postez sur la cime de la montagne de Leiris, qui est fort haute, & de très difficile accés, au pied de laquelle coule la petite rivière de Bresson. Dans la saison où l'on estoit alors, il y avait encore assez de jour pour les combattre. Il passa ce Ruisseau à leur vûë, & commença à monter par leur droite pour les attaquer. Dés qu'ils s'apperçurent qu'on marchoit à eux, ils firent tout d'un coup un mouvement, qui fit croire qu'ils s'alloient jetter dans un Bois qui est de l'autre costé de la Montagne ; mais un moment après, on les vit revenir dans leur premier poste ; ils s'y rangerent en bataille, preparerent leurs armes, & se mirent à chanter leurs Pseaumes.
On estoit assez prés d'eux, pour juger qu'ils n'estoient alors qu'environ deux cent, les autres s'estoient retirez dans leurs Villages en quittant la Montagne d'Isserlets : Cependant quoiqu'ils fussent en si petit nombre, ils ne voulurent pas se servir de l'avantage de la hauteur, que nous n'avions pû encore gagner sur eux ; ils vinrent fierement à nous, s'approcherent à dix pas des Bataillons, & firent leur décharge un genouïl à terre, avec cette audace que le fanatisme donne à ceux à qui il a fait perdre la raison.
Nos Soldats essuyerent leur feu sans se rompre ; & quoiqu'ils eussent encore à monter, ils allerent sur eux d'une maniere si vive & si prompte, qu'ils ne leur donnerent pas le temps de recharger, mais les enfoncerent de tous costez la bayonete au bout du fusil, tuant tous ceux qu'ils pouvoient joindre.
Les Revoltez ne laisserent pas encore, quoiqu'accablez de toutes parts, de se deffendre jusqu'à la derniere extrémité, & de combattre en desesperez, les uns à coups d'épées, les autres avec des faux manchées à rebours,& ceux qui n'avoient pas d'autres armes se servoient de pierres, que le Champ du combat leur fournissoit abondament.
Ce fut alors qu'on vit faire à ce Justet(1) de Vals, dont j'ai déja parlé, une action, qu'on auroit de la peine à croire, si plusieurs n'en avoient esté les témoins : Cet homme feroce n'ayant plus d'armes à la main, & se voyant pressé par deux Grenadiers, qui ne lui donnoient pas le temps de lever des pierres, les saisit tous deux par les cheveux ; & comme il estoit extrémement fort, il se mit à les secoüer l'un contre l'autre, avec tant de violence, qu'il les auroit peut-estre assomez, si un de leurs Officiers n'estoit survenu, qui le perça de plusieurs coups d'épée au travers du corps, sans lui pouvoir faire lâcher prise, qu'aprés qu'il les eut entrainez tous deux par terre avec lui, & qu'il eut expiré sur eux.
Il y en eut plus de six-vingt de tuez sur la place, entre lesquels, outre ce redoutable Justet, on trouva aussi Dupont, dont il est parlé dans une des lettres que j'ai rapportées, & qui passait pour le plus habile de leurs chefs : Les trente Jeunes Hommes de Vals, qui avoient assassiné Mr de Vacance (2), y furent presque tous tuez : leur predicant fut aussi trouvé parmi les morts ; il estoit vêtu d'une longue robe noire, & il avoit esté vû dans l'action au milieu d'eux, les exhortant à combattre.
Par les dépoüilles des morts, dont les Soldats profiterent, on ne douta point que les principaux des Rebelles n'eussent été tuez : Le Champ de bataille se trouva couvert de leurs armes. Pour le nombre des blessez, il ne fut pas possible de le sçavoir : la plûpart se trainerent comme ils purent d'un costé et d'autre dans les Bois, & ceux qui ne purent pas fuir ne voulurent point de quartier.
Abraham leur général, ne combattit point : on sçut qu'il en avoit esté empêché par deux blessures qu'il avoit reçües au combat (3) du sieur de la Caze dont il n'estoit pas encore guéri ; mais il fut vû à cheval, escorté de vingt Hommes, au sommet de la Montagne, d'où il fut spectateur de l'action, & prit enfin la fuite avec le débris de ses Gens, dans les Bois du voisinage, où ils furent poursuivis jusques bien avant dans la nuit ...
... Mr le Chevalier de Miromenil, qui combattit à la teste des Bataillons, avec toute la conduite et la valeur possibles, y fut blessé d'un coup de pierre à la teste, & eut le bras cassé d'un coup de fusil : Les deux Capitaines des Grenadiers de son regiment y furent tuez : Il y eut encore deux autres Capitaines & trois Lieutenants blessés, dix soldats tuez, & une quarantaine blessez ...


Récit de la bataille de Leyrisse par un anonyme publié par Marius Tallon au siècle dernier sous le titre : Fragments de la guerre des camisards dans les environs d'Alais, Vernoux, le Cheylard (Privas, 1887).
Nous avons, grâce au manuscrit original déposé à la Bibliothèque nationale (Nouvelles acquisitions n° 6138), pu corriger quelques fautes de transcription. On remarquera la forte ressemblance avec le récit de Brueys.

" Quoique les troupes marchassent depuis 2 heures du matin, M. de Mirominis (4) suivit les camisards jusqu'à sept heures et demie du soir qu'il les joignit à un lieu appelé Base (dans le texte original on lit indiscutablement Basa) et les trouva postés sur la montagne de Legus (on lit distinctement sur le manuscrit Leyris) haute et difficile, au bas de laquelle est la petite rivière de Busson (pour Duzon). M. de Mirominis la passa et se mit en devoir de monter la hauteur par la droite des camisards. Ceux-ci parurent alors vouloir se retirer de l'autre côté de la montagne dans un bois. Mais étant tout-à-coup revenus sur la même hauteur que M. de Mirominis n'avoit pu gagner, ils firent prier et chantèrent des pseaumes, et ensuite ils vinrent à dix pas de deux bataillons, dominant sur eux par la hauteur qu'ils occupoient, firent leur décharge genou à terre, avec une audace incroyable pour des gens de cette espèce qui n'étoient guère plus de 160. Les bataillons l'essuyèrent et montèrent toujours à eux la bayonete au bout du fusil, d'une manière si vive et si prompte que les camisards n'eurent pas le temps de recharger leur fusil. Ayant quitté leurs armes, prirent des pierres. Mais il en périt des camisards plus de 80 sans compter les blessés. Deux de leurs chefs furent tués dont l'un s'appeloit Daniel (5) qui passoit pour le plus brave. Parmy les morts on trouva le ministre avec une robe noire qui descendoit jusqu'aux genoux, lequel étoit au milieu des camisards pendant l'action, les encourageant et les exhortant à bien faire. Abraham le premier chef n'apas combattu : il parut seulement à cheval au haut de la montagne avec 20 hommes qui l'environnoient, et s'enfuit au commencement du combat. Il fut pourtant blessé de deux coups de fusil. Ils furent poursuivis de l'autre côté de la montagne jusqu'à la nuit. Quercy (6) fit des merveilles dans cette action, mais sa bravoure lui couta deux capitaines de grenadiers. Deux autres furent blessés, de même que M. de Mirominis qui fut blessé d'un coup de pierre qui lui cassale bras ; 9 soldats tués et 20 blessé. Du depuis Abraham a été pris et tout fut dissipé. "


Une lettre adressée au maréchal de Montrevel le 9 juillet 1709, publiée par Eric Teyssier dans la Revue du Vivarais du 4e trimestre 1998, traite de cet épisode :
" Le sieur Dumolard, subdélégué de M. de Basville à qui tous les amis venaient en foule, servit de guide au chev. De Miromenil. Le soir du 8, environ sur les 5 heures et demi, ils découvrirent la troupe de camisards qui n'était que d'environ 160 hommes sur une montagne appelée de Leyris entre la paroisse de Boffre et celle de la Batie de Crussol. M. le chev. De Miromenil marcha le plus diligemment et dans le meilleur ordre qui lui fut possible à ces gens-là qui s'étaient fort bien postés à son approche. Sur les 8 heures ils firent mine de vouloir éviter le combat, ce qui leur était fort aisé, mais ayant tout d'un coup changé de contenance ils vinrent à la rencontre des troupes du Roy qu'ils chargèrent les premiers fort brusquement comme des furieux. Le combat fut très opiniâtre. Les camisards s'étant jetés après la première décharge tous au travers des troupes contre lesquelles ils se servaient de toutes sortes d'instruments pour les tuer, principalement des pierres dont ils faisaient pleuvoir une grêle jusqu'à prendre les soldats à bras le corps et par les cheveux pour les terrasser. Ils cédèrent pourtant au nombre et prirent la fuite par des pays inaccessibles à la faveur de la nuit. Cette affaire leur coûte plus de 50 hommes tués sur place et un plus grand nombre de blessés, parmi les premiers sont à coup sûr par tous les indices qu'on a, les principaux et plus déterminés de leurs chefs et de leurs combattants. Les troupes ne se servaient que de bayonnettes et on ne tira que sur les fuyards. Le chev. De Miromenil a eu le bras gauche cassé d'un coup de pierre, le droit aussi un peu blessé et un coup léger à la tête. Les camisards tiraient aux officiers par préférence, il y en a eu 8 de tués ou blessés, les deux capitaines de grenadiers ont été tués zsur place avec 9 ou 10 soldats et 30 blessés. M. le duc de Roquelaure marcha le lendemain après les fuyards, il visita le champ de bataille et fit faire des recherches très exactes des blessés qui pourraient s'être cachés dans les maisons du voisinage.... "


Henri Bosc (La guerre des Cévennes tome V page 947) a retrouvé aux Archives de la Guerre (SHAT A1 , vol. 2184, folios 104 et 108), deux courts billets du chevalier de Miromesnil :
" Ayant esté commandé le 11 juillet , par ordre de M. le duc de Roclaure et ayant été envoyé pour chercher les rebels de la province, j'ay eu le bonheur de les trouver, et les ayant battü de mon mieux, étant très persuadé que M ; le duc de Roclaure vous en aurat fait le détail, aussy bien que M. de Basville... "
1er août. " Je suis fort consolé d'estre estropié du bras gauche, puis que j'ay esté asses heureux d'esterminer les camisards. Les prisonniers faits jusques à présent se sont trouvés blessés dans cette action ; et nous découvrons chaque jour que non seullement ils perdirent dans cette journée les 2/3 de leur troupe morts ou blessés, mais encore les plus fermes et les plus scélérats. En sorte que ce quy en avoit eschapé ne fust pas en estat de résister à la moindre troupe "


Enfin Antoine Court (Histoire des troubles des Cévennes), donne bien après le combat un récit apportant des variantes importantes sur des détails, recueillies d'après lui auprès de témoins :
" On apprit qu'ils étaient, le 8 de juillet, sur la montagne des Isserlets près de Vernoux, où s'étaient assemblés quelques protestants du voisinage, pour assister à un exercice de religion qu'il y eut ce jour-là. On apprit de plus, que leurs chefs avaient hautement déclaré qu'ils y voulaient attendre les troupes ; et qu'ils avaient eu l'insolence d'envoyer ordre à tous les curés des environs, de sortir de leurs paroisses sous peine de la vie.
Il y eut aussitôt conseil de guerre : on y décida d'aller attaquer les camisards sur cette montagne, par trois différents endroits. Le chevalier de Miromenil avec deux bataillons du régiment de Quercy dont il était colonel, eut ordre de marcher à Vernoux ; le régiment de dragons du Languedoc, à Saint-Julien ; et le duc de Roquelaure avec le reste de la petite armée se rendit du côté du Cheylard et de Gluiras.
Ils sont attaqués par deux bataillons. Leur valeur étonnante( L.T.IV. pag.258. Mss. ) Les mécontents ne tardèrent pas à être informés de ces mouvements, et de cette résolution, et comme il y avait ce jour-là parmi eux grand nombre de femmes et d'enfants qui étaient venus assister à leur dévotions, ils ne voulurent pas les exposer au combat en les retenant, ni au danger d'être arrêtés par les troupes en leur donnant congé ; ils abandonnèrent donc cette montagne et escortèrent jusqu'en lieu de sûreté cette cohue désarmée de femmes et d'enfants. Ils se retirèrent ensuite sur la cime de la montagne de Leiris, qui est très haute et de très difficile accès, et au pied de laquelle coule la petite rivière de Bresson. C'est là qu'attaqués le même jour à six heures du soir, ils firent des actions de bravoure que leurs ennemis même élevaient au-dessus de celles des anciens romains : telle est l'idée que du Molard, présent à ce combat, en donnait à un gentilhomme protestant de qui je le tiens. En effet quatre-vingts hommes au plus, mal armés et presque sans munitions, ont l'audace non seulement d'attendre les troupes, mais même d'abandonner un poste avantageux pour aller au-devant d'elles, et de les attaquer ; et ils sont assez intrépides pour en venir avec elles à la mêlée et aux armes blanches, pour les enfoncer, pour les faire plier, et pour ne point abandonner le champ de bataille, qu'au moment qu'enveloppés de toutes parts, ils vont être accablés par le grand nombre.
Brueys, l'infidèle et le partial Brueys, n'a pu s'empêcher de convenir d'une partie de ces vérités : il mêle son récit de quelques mensonges, augmente le nombre des camisards d'un peu plus du double, et use de plus d'une réticence ; mais tel qu'est ce récit, il mérite d'être rapporté.... (suit le récit de Brueys)
...De tels aveux doivent avoir beaucoup coûté à un historien tel que Brueys ; et la bravoure des camisards doit avoir été bien au-dessus de celle qu'on exalte à l'ordinaire, pour avoir forcé cet auteur à en dire autant. Il ajoute un trait d'un de ces braves, qui fait bien voir ce que les troupes auraient eu à craindre, si le nombre des camisards eût été tant soit peu plus considérable ; et ce que les princes ont à redouter, lorsqu'ils ont à combattre des gens que la persécution a réduits au désespoir, et qu'ils réclament des libertés qui leur sont plus chères que la vie même.
( Mém. manusc. ) Pour être tout à fait sincère, l'historien aurait dû ajouter que ces deux malheureux grenadiers (7) expirèrent sous leur vainqueur ; que celui-ci avait percé plusieurs rangs pour se saisir d'un drapeau ; qu'il l'enleva à l'officier qui le portait, en le blessant ; qu'il se faisait jour de nouveau en faisant mordre la poussière à tout ce qui se présentait devant lui, lorsque étant aux prises avec ces deux grenadiers, il fut enveloppé de tous côtés et percé enfin de plusieurs coups d'épée au travers du corps.
Il fut heureux pour les troupes et malheureux pour les camisards, qu'Abraham, qui passait pour leur général, et qui ne cédait ni en force ni en bravoure au brave Justet, ne put pas combattre ce jour-là ; il en fut empêché par deux blessures qu'il avait reçues dans un combat précédent ( Brueys. Hist. du fan. t.iv. p.268. ), et il ne put qu'être spectateur de loin. Avec Justet les camisards perdirent Dupont un autre de leurs chefs, qui, selon Brueys, passait pour le plus habile, et une trentaine de leurs gens. Les autres se firent jour au travers la multitude qui les enveloppait : et le firent avec tant de résolution et de courage, qu'on n'osa pas les suivre dans leur retraite....
Cinquante à soixante mécontents échappent aux troupes : leurs marches et contre-marches. On fut plusieurs jours sans avoir des nouvelles certaines du reste des camisards. On apprit seulement qu'ils avaient paru du côté de Pierregourde ; qu'ils avaient passé dans la nuit la rivière d'Eyrieux, au nombre de soixante ; que Monteils, gentilhomme de ce canton, qui commandait une compagnie franche, avec un détachement de deux cents hommes, était après eux au pont des Oullières, et qu'il espérait de les joindre incessamment ".


(1) Brueys avait précédemment présenté ce Justet, disant qu'il avait été lieutenant de Cavalier, et qu'il avait amené à Mazel une trentaine de jeunes gens de la région de Vals. Sur la famille de ce Justet voir :H. CHAPON, Origine des guerres de religion dans le Vivarais (1618), Vals et la famille de Justet, Paris, 1911
(2) Claude de Vocance, seigneur de la Tour (paroisse de St-Pierreville), était haï des protestants pour ses persécutions (c'est lui, entre autres, qui avaient surpris l'assemblée du Creux de Veye en septembre 1701), et son exécution dans les bois de Rozet au mois de mai 1709 avait donné le signal de la tentative d'insurrection de Mazel dans le Vivarais.
(3) Lors d'une escarmouche près de St-Fortunat le 13 juin.
(4) On reconnaît l¹influence du patois (assez proche du franco-provençal dans notre région) dans la tansmission orale des noms :« Mirominis » pour Mirosménil. En patois on ne prononce pas le « l » final ce qui explique l'orthographe phonétique, de même pour « Basa » on ne prononce pas le c final dans « Barjac ». on dit en patois « Bardza ».
(5) C'est une erreur puisque Daniel Guy dit Billard fut tué plus tard, très probablement en septembre près de Vors (St. Etienne de Serre). Son cadavre fut exposé à Vernoux sur une roue. Une croix de mission catholique dite « croix de Billard » fut ensuite érigée à cet emplacement et se trouve encore aujourd¹hui à l¹entrée du village de Vernoux-en-Vivarais à gauche en venant de St. Péray ( route D 14). Mazel ayant pu s¹enfuir il semble que seul des trois Dupont ait été tué à Leyrisse .
(6) Miromesnil était colonel du régiment d'infanterie du Quercy.
(7) Ceux qui avaient été pris aux cheveux par Justet

Patrimoine Huguenot d’Ardèche: publications 2001

(Société d'Histoire du Protestantisme Vivarois)

Les visiteurs de notre site connaissent déjà l'association Patrimoine Huguenot d'Ardèche par le programme de randonnées 2001 et 2002 que nous avons mis en ligne.

Nous avons le plaisir aujourd'hui de présenter ses dernières publications, dont la qualité et la richesse de contenu intéresseront nous l'espérons nos visiteurs. On a trop souvent tendance à oublier que si le Vivarais ne fut pas au coeur de l'épopée camisarde, si la lutte pour la liberté de conscience y emprunta le plus souvent des voies non-violentes, des tentatives de soulèvement armé eurent cependant lieu, de celle de février 1704 noyée dans le sang à Franchassis, jusqu'à celle d'Abraham Mazel plus tardive. Ces publications nous le rappellent opportunément.

Pour commander ces ouvrages :

Patrimoine Huguenot d'Ardèche
Office de tourisme
Place Charles-de-Gaulle
07000 PRIVAS

Ouvrages disponibles également dans certaines librairies ardéchoises.
Pour tout contact avec l'association : 04 75 66 24 01


Six fascicules présentés sous coffret cartonné (mais pouvant être achetés séparément) composent ce guide thématique tout-à-fait réussi.

Le contenu, très pédagogiquement et agréablement présenté, décrit, pour cinq régions de l'Ardèche, des promenades et itinéraires à travers son passé -proche parfois- huguenot

Prix : 30,50€ + 5€ de port

Réveil-publications, Lyon 1998



Cette brochure de 72 pages A4 publie les documents et les textes présentés oralement lors des randonnées organisées par Patrimoine Huguenot d'Ardèche au cours de l'été 2000, avec entre autres les condamnations après l'assemblée du Creux de Veye (1701), Vors et les évènements camisards de 1709, les camisards vers Gluiras en 1704, etc

8€ + 4€ de port


Enfin une édition, intégrale de ces très importants Mémoires de Jean-Paul Ebruy, qui a probablement été camisard mais avait renoncé à toute action violente quand Mazel essaya de soulever le Vivarais en 1709. D'après l'original des Papiers Court à Genève. Présentation et surtout notes très bien documentées.

8€ + 4€ de port

Attention, publication en voie d'épuisement


Patrimoine Huguenot d'Ardèche a joué un rôle important dans la réédition en 2001 du classique de l'histoire protestante ardéchoise : "Le protestantisme en Vivarais et en Velay des origines à nos jours" de Samuel Mours par les Presses du Languedoc. En vente dans toutes les bonnes librairies !


Enfin, dernière publication de Patrimoine Huguenot d'Ardèche :
"Le peuple protestant en Vivarais entre la révocation de l'Édit de Nantes et la révolution". Les Journées du Fival, Saint Etienne de Serre, 11 mai 2000. Publication de Patrimoine Huguenot d'Ardèche. 2001.
Ce livre rend compte d'une journée organisée par Patrimoine Huguenot d'Ardèche sur le thème de la résistance du peuple protestant du Vivarais de la révocation de l'édit de Nantes à la révolution.
Il comprend, d'une part, 6 interventions fruits du travail de l'association, d'autre part, les réflexions de Philippe Joutard et de Philippe de Robert utilisant ce matériau pour essayer de comprendre cette histoire d'une population qui a su garder son identité face à un pouvoir royal qui a utilisé tant de moyens pour la faire disparaître.
Philippe Joutard s'interroge sur les formes de résistance actives et passives en Vivarais et sur la relation de cette résistance avec les actions du pouvoir tandis que Philippe de Robert met en relation le prophétisme biblique avec le prophétisme huguenot.
Les interventions portent sur
- les assemblées des inspirés notamment en 1689 (qui s'achèvent par le massacre du serre de la Palle)
- la construction de la route royale dite des dragonnades en 1691 entre Privas et Le Cheylard (pour assurer l'ordre dans ce pays qui vient d'être remué par les inspirés)
- les évènements camisards du Vivarais en 1704 et 1709 et les écrits qu'ils ont suscités.
- Les rapports entre Pierre Durand et le peuple protestant
- Les formes de résistance des protestants dans leurs actes d'état civil (dans les registres des curés, puis avec la mise en place d'un état civil clandestin par les pasteurs du Désert)
- L'assemblée de Jour du serre de Lès tenue en mai 1744
Le livre s'achève par la publication de quelques strophes de complaintes issues soit du dossier Chambon , soit du cahier Colanis que PHA souhaite éditer plus complètement prochainement.

159 pages. (10€ + 4€ de port)


Si commandes de plusieurs ouvrages groupées, port total limité à 6 €
(le port est indiqué en cas de commande à PHA)

Patrimoine Huguenot d’Ardèche: publications 2002

(Société d'Histoire du Protestantisme Vivarois)

Les visiteurs de notre site connaissent déjà l'association Patrimoine Huguenot d'Ardèche par le programme de randonnées 2001 et 2002 que nous avons mis en ligne et par ses publications de l'année 2001.

Nous avons le plaisir aujourd'hui de présenter sa dernière publication, le compte-rendu des randonnées qu'elle a organisées en Ardèche au cours de l'année 2001.

Pour commander cet ouvrage :

Patrimoine Huguenot d'Ardèche
Office de tourisme
Place Charles-de-Gaulle
07000 PRIVAS

Ouvrage disponible également dans certaines librairies ardéchoises.
Pour tout contact avec l'association :  04 75 66 24 01

Cette brochure de 72 pages A4 publie les documents et les textes présentés oralement lors des randonnées organisées par Patrimoine Huguenot d'Ardèche au cours de l'été 2001.
Deux de ces articles concernent les camisards :
- Le soulèvement camisard de 1709 et la bataille de Leyrisse
- Vagnas, le combat des camisards de Jean Cavalier

D'autres articles concernent divers haut-lieux du protestantisme ardéchois :
- Les environs de Privas
- Albon et Marcols
- Tournon
- Le Creux de Veye (assemblée de 1701)

8€ + 4€ de port

Jean Justet

JUSTET Jean, du Noujaret près de Vals. D'une famille aisée, probablement de la petite noblesse, cet ancien militaire, peut-être ancien camisard de CAVALIER (d'après Brueys), aide MAZEL, DUPONT et BILLARD dans la tentative d'insurrection du Vivarais en 1709 (Bosc V 901). Il meurt à la bataille de l'Eyrisse (8 juillet 1709) après avoir chèrement vendu sa peau si l'on en croit Brueys (IV 266). (Notice Dictionnaire des camisards)


Pierre Coulet, de l'association Patrimoine Huguenot d'Ardèche, nous envoie les compléments biographiques suivants, essentiellement tirés de : "Origine des guerres de religion dans le Vivarais (1618) - Vals et la famille de Justet" par H. Chapon (Revue Chrétienne, 83 Bd Arago Paris (1911 , 58ème année) pp. 1-47.

Jean JUSTET tué au combat de Leyrisse avait environ 26 ans en 1709 lorsqu'il rencontra Mazel, Billard et Dupont. Il avait un frère cadet Isaac qui selon l'interrogatoire de J.-P. Buis participa également au combat.

Histoire familiale de Jean Justet

Son père est décédé alors qu'il n'avait pas 5 ans. Il habitait avec sa mère (Marguerite Souchon) "Le Noujaret" près de Vals (actuellement Vals-les-Bains en Ardèche).
La famille avait été une famille protestante aisée de Vals jusqu'en 1628, date de la reddition de la ville où son arrière grand-père, Estienne de Justet, avait dû abandonner sa maison confisquée et devenue "bien d'église". Cet arrière grand-père s'était réfugié à l'extérieur de Vals au "Noujaret" une de ses deux propriétés gérée par son fermier Pierre Noujaret. Il y était venu avec un fils prénommé Jean qui épousa la fille du fermier, Esther Noujaret.
Ce couple eut un fils et une fille. Leur fils Anthoine mourut en 1688 laissant à sa veuve Marguerite Souchon une situation difficile.
Jean Justet que l'on avait surnommé "le Vaillant Justet" était le fils d'Anthoine et de Marguerite Souchon. Il passa son enfance au Noujaret élevé et instruit par sa mère. ".… il avait déjà sur les jeunes gens des hameaux voisins une autorité morale qu'il devait aussi bien à son instruction et à son intelligence, qu'à sa stature imposante et à sa force herculéenne".
Il allait souvent à Vals et fut remarqué par le capitaine commandant la compagnie de fusiliers qui y tenait garnison. Les sergents recruteurs tentèrent d'enrôler Jean Justet et le capitaine lui avait même promis la fonction de porte-étendard.
D'un caractère indépendant et compte tenu de l'histoire de sa famille, Il refusa toutes les propositions qui lui furent faites. Devant ce refus, le commandant de la garnison de Vals décida de l'enrôler de force et le fit saisir au Noujaret par une quinzaine de soldats. Justet tenta de fuir mais fut rattrapé.
Cette incorporation ne dura pas puisqu'il fut libéré quelques mois plus tard, le 14 juin 1703, muni du certificat suivant :
"Nous, capitaine d'une compagnie franche de fusiliers, donnons congé absolu au nommé Justet, soldat de ma compagnie, pour servir où bon lui semblera, n'étant pas en état de servir pour ses incommodités. Je prie tous ceux qui sont à prier de ne lui faire aucun trouble"
Fait à Vals, ce 14ème jour de juin 1703
Signé "Hillaire".

Justet réintégra le Noujaret où il aida sa mère à faire valoir l'exploitation. Six ans plus tard, en 1709 l'arrivée de Mazel, Billard et Dupont en Vivarais allait radicalement changer le cours des choses.