Tricentenaire – Le colloque

Les Camisards et leur mémoire (1702-2002)
25 et 26 juillet 2002, Le Pont-de-Montvert (Lozère)

Première journée, jeudi 25 juillet :
Nouveaux aperçus sur la guerre des Camisards

9h - 12h30: Président de séance : Hubert Bost
Robert POUJOL ( Montpellier), La mort de l'abbé du Chaila, 24 juillet 1702
Daniel VIDAL (CNRS, Montpellier), De l'insurrection camisarde : une prophétie entrée en révolte
Philippe de ROBERT (Univ. Marc Bloch, Strasbourg), Une guerre sainte ? Les fondements bibliques dans le discours camisard
Didier POTON (Univ. Poitiers), Les notables devant la révolte : l'exemple de la Gardonnenque
Chrystel BERNAT (doctorante Univ. Montpellier-III), La guerre des Cévennes : quel défi pour le clergé catholique ?

14h30 - 17h30 Président de séance : Didier Poton
Robert SAUZET (Univ. Tours), Les milices bourgeoises cévenoles pendant la guerre des Camisards
Pierre ROLLAND (Lyon), Porteurs de valises : des catholiques au service des Camisards
Greg MONAHAN (Eastern Oregon Univ.), Le rôle des femmes dans la guerre des Camisards
Hubert BOST (Institut protestant de théologie, Montpellier), L'affleurement religieux dans l'historiographie camisarde d'Antoine Court
Pauline DULEY-HAOUR (doctorante Univ. Montpellier III) et Otto SELLES (Calvin College, États-Unis), Un livre d'historien : l'Histoire des troubles des Cévennes, d'Antoine Court (1760)

18 h Inauguration de l'exposition "Guerre civile en Cévennes. Tricentenaire de la guerre des Camisards (1702-2002)"

Seconde journée, vendredi 26 juillet :
Histoire et mémoire des Camisards, du XVIIIe siècle à nos jours

9 h -12 h 30 Président de séance : Philippe Joutard
Claude LAURIOL (Univ. Montpellier-III), Tolérance civile et Lumières : le huguenot La Beaumelle et les Camisards
Eckart BIRNSTIEL (Univ. Toulouse-Le Mirail), La guerre des Cévennes ou la naissance du roman historique allemand
Olivier POUJOL (Bordeaux), Trois floracois soucieux d'apaisement religieux au XIXe siècle
Bruno DUMONS (CNRS, Lyon), Une bataille historiographique : les historiens catholiques et les camisards autour du bicentenaire (1902)
Patrick CABANEL (Univ. Toulouse-Le Mirail), La canonisation avortée de l'abbé du Chaila (1702-1914)

14 h 30 -18 h 30 Président de séance : Claude Lauriol
Marianne CARBONNIER (Institut protestant de théologie, Paris), La mémoire des Camisards au Musée du Désert (1911-1930)
Daniel TRAVIER (Musée des vallées cévenoles), Samuel Bastide : histoire camisarde et évangélisation dans l'entre-deux-guerres
Micheline CELLIER (Univ. Montpellier-III), André Chamson, entre Camisard romanesque et Camisard historique
Max CHALEIL (Montpellier), Éditer la guerre des Camisards au XXe siècle
Pierre LAURENCE (Montpellier), La mémoire orale contemporaine du temps des persécutions en Vallée française et pays de Calberte

Conclusion : Philippe JOUTARD (Université de Provence, EHESS), La légende des Camisards à la fin du XXe siècle : écriture d'un nouveau chapitre de la mémoire cévenole

Le brûlement de Monteils et de Mons

AD34, C184.252

Informations faites à l'instance du procureur du Roy en la commission contre Antoine Aberlenc du mas de Barjac paroisse de Monteils et autres

Du samedy quatorziesme avril mil sept cent trois dans la ville d'Alais maizon et pardevant nous Jean de Bertrand sr de la Bruguière docteur en droit Commissaire subdélégué par monseigneur le Comte de Basville Conseiller d'Estat ordinaire Intendant du Languedoc, heure de deux après midy

Louize Esperandieue filhe d'Estienne Esperandieu du lieu de Mons, agée comme a dit de vingt deux ans ou environ tesmoing assignée devant nous, après avoir promis et juré de dire vérité la main mize sur les saints évangiles

église de Monteils

A désnyé les généraux interrogatoires duement enquise dépoze estre veritable que le mardy sixiesme février dudit mois, estant au lieu de Monts dans la maison de Théodore Martin environ les neuf a dix heures de matin, elle y vit arriver une grande troupe de scélérats composée d'environ cinq ou six cents hommes, partie armés de fuzils ou pistolets, et l'autre partie de faux, aches et tridans de fer au bout de longues perches, parmy laquelle troupe il y avait six hommes à cheval qu'elle ne cogneu pas, à la réserve d'Anthoine Martin fils de Théodore dudit Montz, lesquels scélérats conduisoient le nommé Estienne Viala ancien catholique vallet du sr de Malérargues lié et garotté avec des cordes, ayant vu que Antoine Aberlenc du mas de Barjac paroisse de Monteils autre vallet du sr de Malérargues estait a la teste de lad troupe armé d'un fuzil qui fit ranger toute ladite troupe en brigades pour les faire manger et boire, ayant encore vu que ledit Aberlenc et autres scélérats de ladite troupe allèrent dans les maisons de André Job, Antoine Besse, Paul Job et Estienne Esperandieu père de la déposante, et du nommé Cabrieres antiens catholiques dudit lieu, d'où ils apportèrent du pain, du vin, du lard, des poules et d'huiles, et menèrent attachés avec des cordes ledit Besse, sa femme, la femme dudit Paul Job, que lesdits scéllérats conduisirent avec ledit Viala au devant la porte de l'église dudit lieu ou était pour lors le commandant de ladite troupe, ayant ensuite vue que partie d'iceux mangèrent dans la maison dudit Théodore Martin, et que le reste mangea hors ladite maison, estant au devant d'icelle, auxquels ledit Aberlenc porta du vin qu'il avait pris dans les maisons des susdits anciens catholiques et les fit boire, et ledit Aberlenc mangea et bu avec eux, après quoy toute la troupe desdits scélérats s'assembla au devant l'église dudit lieu ou ledit Aberlenc était portant son fuzil, ou ils chantèrent des pseaumes et ensuite enfoncèrent la porte de l'église et y mirent le feu [en marge : et entrèrent dans ladite église et y firent entrer les susdits Besse, sa femme, la femme du susdit Paul Job et ledit sr Viala], ayant ouy de l'endroit ou elle était audit lieu que lesdits scélérats tirèrent des coups de fuzils dans ladite église, et après que lesdits scélérats se furent retirés, elle alla à ladite église et trouva qu'on avait brulé le tabernacle, le confessionnal, les bancs, les tableaux, la croix, et qu'on avait brisé la pierre sacrée de l'autel et les fonts baptismaux, et vit partie des cadavres desdits Besse, sa femme, la femme de Paul Job et Viala qu'ils avaient attachés brulés, ayant vu sur le reste de leurs corps les ouvertures des balles des coups de fuzils qu'on leur avait tiré, ou des coups de baionnettes qu'on leur avait donné, ayant encore vu que ledit Théodore Martin fit le poil a quelques uns de la troupe desdits scélérats et qu'ils changèrent de chemises blanches dans sa maison, ayant encore reconnu a ladite troupe des scélérats Espérandieu de Monteils avec ses deux filhes lesquels commensèrent a entonner des pseaumes, deux fils d'Antoine Solairol cadissier de Monteils, l'un marié à Uzès s'appelant Jacques Solairol et l'autre Antoine Solairol demeurant avec son père audit Monteils, les deux fils de Dumas dit Vivarès dudit Monteils, Jean Reboul fils de Reboul dudit lieu, Claude Arnassan fils du mas de Barjac marié à Vézenobre, les deux fils de Brunel demeurant au logis du Cheval Vert appartenant au nommé Guiraud dans la paroisse de Vézenobre, le fils de Cavalier du mas d'Atgier paroisse dudit Vézenobre, Jean Barrafort du lieu de Montèzes paroisse de Saint-Cristol, le nommé Bélin du lieu de Baron, le fils de Monnezan dudit Mons, Guillaume Julian, la mère dudit Julian, Israel et Julien Desbaux, la femme dudit Julien, Pierre Felgeirolles, sa femme, Jean Felgeirolles, son fils marié et thomette Felgeirolles, ses enfants dudit lieu de Mons, le nommé Charles du lieu de St Maurice, filleul du sieur de Meyrières, demeurant par intervalle au chateau dudit Mons, qui conduisirent partie des scélérats dans les maisons anciennes catholiques dudit lieu avec françoise Martin et le fils de Jean Martin, ayant reconnu encore à ladite troupe deux fils dudit Théodore Martin, nommés savoir l'ainé Antoine qui était monté sur un cheval rouge comme elle a ci dessus dit et Thomas Martin son frère, laquelle troupe de scélérats en partant dudit Mons allèrent du coté du lieu de Cellas et plus n'a dit, lecture faite de sa déposition a dit contenir vérité, persisté en icelle et n'a su signer

[signé : La Bruguière cons]

[ajout en marge : Depose encore qu'environ la fin du mois de Xbre dernier ayant rencontré ledit Aberlenc qui venait de la chasse et qui portait deux perdrix et un lièvre, elle dit audit Aberlenc qu'elle le trouvait fort triste, sur quoi ledit Aberlenc lui dit qu'il le pouvait bien etre à ce qu'il venait de voir de terribles choses, que les scélérats avaient tué le sr Bimard capitaine de bourgeoisie et plusieurs soldats, et que le sr de Malérargues son maitre l'avait vu de même que lui]

 

Marie Job, fille de Paul Job du lieu de Mons, agée comme a dit de dix neuf ans ou environ, témoing assignée devant nous, après avoir promis et juré de dire la vérité la main mize sur les saints évangiles

église de Mons

A desnyé les généraux interrogatoires, devenant enquise dépose estre véritable qu'étant au lieu de Mons le sixième février dernier environ les neuf heures du matin elle vit arriver audit lieu une grande troupe de scélérats ce qui l'obligea de fuir pour n'être pas tuée par eux étant antienne catholique, comme lesdits scélérats avaient tué beaucoup d'autres anciens catholiques, et en fuyant elle vit de loing six ou sept hommes à cheval à la tête de ladite troupe, et reconnut Marie Felgeirolles dudit Mons, et Marie Julian veuve du nommé Canonge du lieu de Cellas qui vinrent audit Mons avec ladite troupe de scélérats, croyant encore avoir vu Antoine Aberlenc vallet du sr de Malérargues du mas de Barjac paroisse de Mons et qui marchait avec ladite troupe, et portait un habit café, ayant vu deux ou trois mois auparavant que ledit Aberlenc portait un habit de la même couleur, et la déposante ayant apris le même jour sixième dudit mois de février sur le soir que ladite troupe de scélérats s'était retiré dudit Mons et qu'ils avaient brulé l'église dudit lieu, tué sa mère, led antoine Besse, sa femme et Estienne Vialat valet du sr de Malérargues, antiens catholiques, et qu'on les avait brulé dans ladite église, elle y accourut de l'endroit ou elle s'était cachée, et étant arrivée à ladite église, elle y vit la teste de sa mère percée de deux balles, et son estomac de huit coups de baionnette, elle vit aussi ledit Antoine Besse sa femme et ledit Viala morts dans ladite église qu'ils avaient dépouillés, ayant oui dire le lendemain à Louise Espérandieu que ledit Antoine Aberlenc était venu audit Mons avec ladite troupe de scélérats, et qu'il avait passé devant la maison de la déposante avec ladite troupe, et plus n'a dit lecture faite de sa déposition, a dit contenir vérité, persisté en icelle et n'a su signer

[signé : La Bruguière]

 

Michel Chapier fils de Jaques Chapier baille du lieu de Monteils, agé comme a dit de vingt cinq ans ou environ, témoing assigné ainsi qu'a fait aparoir de sa copie a promis et juré de dire vérité la main mize sur les saints évangiles

A desnyé les généraux interrogatoires, devenant enquis dépose estre véritable que le dix septième janvier dernier environ les neuf a dix heures du matin estant au lieu de Monteils et à la fenestre de la maison de Jaques Solairol son beau frère il vit passer au devant de ladite maison neuf ou dix hommes armés partie de fuzils et les autres d'épées ou sabres qui marchaient de deux à deux, à trois ou quatre pas de distance les uns des autres parmi lesquels le déposant reconnut Antoine Aberlenc valet du sr de Malérargues lequel Aberlenc dit à celui qui était un rang avant que lui d'aller à la maison du nommé Reboul cordonnier dudit Monteils, et ledit Aberlenc et autres prirent le chemin de la maison dudit Reboul, et peu après il entendit chanter à la place des pseaumes et reconnut à la voix qu'il fallait qu'il y eut une grosse troupe de gens, ce qui l'obligea de sauter du toit de la maison dudit Solairol son beau frère et se jeta dans la basse cour de Espérandieu Audibort où il se cacha dans la crêche de ladite maison, et se jeta plusieurs fagots de sarments sur luy, ayant ouy qu'on donna plusieurs coups contre quelque porte ou fenestres dans ledit lieu, et environ deux heures après n'ayant plus entendu du bruit il sortit de ladite creiche et alla du costé de la place dudit lieu ou il trouva que les scélérats avaient brûlé l'église dudit lieu, et vit ensuite qu'on avait mis le feu aux greniers à foin de la maison de son père ou étant allé il trouva que les scélérats avaient tué Isabeau Chapier sa soeur, le nommé Vigouroux dudit Monteils, la femme d'Antoine Le Vieux consul, et un masson d'Alais tous anciens catholiques, qu'ils les avaient jetés après les avoir tués dans le feu dudit grenier à foing de sadite maison et qu'ils étaient presque tous brulés, et plus n'a dit, lecture faite de sa déposition a dit contenir vérité en icelle et n'a su signer

[signé : La Bruguière]

 

Jaques Solairol cardeur du lieu de Monteils agé comme a dit de trente ans ou environ témoing assigné devant nous après avoir promis et juré de dire vérité la main mize sur les saints évangiles

A desnyé les généraux interrogatoires, devenant enquis dépose estre véritable que le dix septième janvier dudit mois étant dans sa maison audit Monteils il entendit du bruit du coté de la rue, et s'étant mis à sa fenetre il y vit au devant de sa maison cinquante ou soixante scellerats attroupés, armés de fuzils, pistolets, epées et aches, ayant reconnu parmi ladite troupe Antoine Aberlenc du mas de Barjac parroisse dudit Monteils qui portait un mouchoir ou une coiffe sur la teste quy dit tels mots de deça a la maison du cordonnier, et dans le même temps ledit Aberlenc et toute ladite troupe prirent le chemin de la maison dudit cordonnier. Le déposant ayant reconnu que c'était une troupe de scellerats, il se retira de sa maison, et en passant par les rues dudit lieu il trouva plusieurs scélérats en nombre de trois cents pour le moins, l'un desquels le voulut arreter, mais lui ayant dit qu'il allait chercher une cornue pour faire boire des gens qui étaient venus dans sa maison, ledit scellerat le laissa passer, et ensuite le déposant s'alla cacher dans la maison de Jean Gazaigne dudit lieu dans une cuve de pierre ou il resta pendant deux heures et jusques a ce qu'il n'entendit plus de bruit dans le village, et ensuite étant allé à sa maison il trouva que lesdits scélérats lui avaient pilhé sa maison, et étant allé à l'église, il trouva qu'ils avaient brulé ladite église, et de la étant allé à la maison du sieur Chapier bailhe son beau père il trouva aussi que lesdits scélérats avaient brulé le grenier à foing dudit Chapier son beau père dans lequel ils avaient fait bruler quatre personnes antiennes catholiques nommés Jaques Vigouroux, catherine Legat femme d'Antoine Le Vieux consul dudit lieu, un masson de Vézenobre et Isabeau Chapière sa belle soeur, et plus n'a dit, lecture faite de sa déposition a dit contenir véritté, persister en icelle et s'est signé

[signé : Soleirol, La Bruyère cons., et une autre signature illisible]

Tricentenaire du début de la guerre des Camisards

22 juillet 1702 - 22 juillet 2002

"Les hautes Cévennes lozériennes et la guerre des camisards"

Par les dragonnades et la révocation de l'Édit de Nantes, en 1685, le protestantisme français a été proscrit, contraint à l'exil ou à la clandestinité. Sous le choc de la violence qui lui était imposée, la communauté réformée, privée de pasteurs, s'est réfugiée dans une piété pétrie de ferveur mystique, puis secouée par la vague du prophétisme. De la résistance non violente, assumée pendant près de dix-sept ans, la jeunesse cévenole est passée, en 1702, à la rébellion ouverte, au nom de la liberté de conscience.
Le 24 juillet 1702, le meurtre de l'abbé du Chaila, au Pont-de-Montvert, déclenche la guerre des Camisards. Pendant deux longues années, le conflit ensanglante les Cévennes et les plaines, jusqu'au littoral méditerranéen. En dépit de quelques batailles rangées, c'est une guérilla de paysans et de prophètes, qui parvient à inquiéter Louis XIV, contraint d'envoyer sur place ses grands maréchaux, et retient l'attention de l'Europe.
Soldats et populations civiles, protestantes et catholiques, ont payé un lourd tribut à ces années de violence. La royauté n'a pas hésité à recourir à des déportations collectives, ni, par le brûlement des Cévennes à l'automne 1703, à rayer de la carte des dizaines de villages. Mais la paix incomplète survenue en 1704 n'a pas rétabli le statu quo : si la liberté de conscience n'a pas été accordée, les autorités ont retenu que le protestantisme ne pouvait être éradiqué dans sa forteresse méridionale. Sa restauration allait commencer, entreprise en partie par d'anciens camisards devenus des prédicateurs pacifiques. L'identité cévenole, elle, a été marquée au fer rouge par le conflit : le pays le porte, depuis, dans sa mémoire. Et, à d'autres moments de crise, affaire Dreyfus ou régime de Vichy, il a su en retenir la leçon pour une résistance d'un autre ordre.
Le colloque du Pont-de-Montvert et les diverses manifestations qui l'accompagnent en cet été 2002, nous invitent à revisiter, dans la sérénité et le respect de chacun, une page tragique et fondatrice d'une identité et d'une mémoire. Ce parcours sera attentif à la légitimité de la rébellion contre l'oppression des âmes, et aux risques de toute violence religieuse ; à l'incarnation d'un moment de l'histoire dans les paysages superbes des hautes Cévennes, et à son retentissement dans la conscience européenne. Chacun pourra tirer son propre enseignement d'un conflit dont les échos ne sont pas éteints, trois siècles plus tard.

Programme des manifestations organisées du 22 au 30 juillet 2002

Lundi 22 juillet : Ouverture des manifestations au Plan de Fontmort.
17h au Plan-de-Fontmort : lectures publiques, équipe culturelle du SIVOM des Hauts Gardons.
18h au Plan-de-Fontmort : Lancement des manifestations : Hubert Pfister, interprétation du site, chant de Psaumes par la chorale Métamorphosis.

Mardi 23 juillet : St-Julien-d'Arpaon,
21h à St-Julien-d'Arpaon, au temple : conférence Henry Mouysset Les premiers camisards.

Mercredi 24 juillet : Randonnée pédestre et commémoration aux lieu dit "Les trois fayards".
8h départ pour trois randonnées accompagnées qui convergent aux "Trois fayards":
-Départ de Mijavols
-Départ du col du Sapet
-Départ de Chanlon-de-Bougès
Réservation centre d'information du PNC 04 66 49 53 01.
11h partie commémorative : intervention de Henry Mouysset, allocution de Philippe Joutard
12h repas tirés des sacs puis retour au lieux de départ respectifs.
18h buffet à Mijavols (10 euros), hommage à Marcel Chaptal, retour pédestre nocturne au col du Sapet pour ceux ayant laissé leur auto à ce col le matin à 8h.
Réservation obligatoire 04 66 45 09 04 avant le 20 juillet.

Jeudi 25 juillet : Pont-de-Montvert,
9h à 18h 1ère journée du colloque Les camisards et leur mémoire à l'écomusée du Mont-Lozère.
18h inauguration du sentier d'interprétation de Pont-de-Montvert et de l'exposition Guerre civile en Cévennes, tricentenaire de la guerre des camisards (1702-2002) à l'écomusée du Mont-Lozère.
22h 30 Spectacle audio-visuel en plein air, les Camisards… de Michel Verdier, (8 euros). Au temple en cas de pluie.

Vendredi 26 juillet : Pont-de-Montvert,
9h à 18h 2ème journée du colloque Les Camisards et leur mémoire à l'écomusée du Mont-Lozère.
18h 30 au temple, concert psaumes et divers par l'Ensemble vocal de Molezon.

Samedi 27 juillet : St-Julien-d'Arpaon - Barre-des-Cévennes,
15h 30 à St-Julien-d'Arpaon, au temple, assemblée générale de l'Association des amis de Napoléon Peyrat.
21h à Barre-des-Cévennes, salle polyvalente projection du film de René Allio, Les Camisards.

Dimanche 28 juillet : Assemblée de l'Hospitalet,
10h 20 culte au Désert présidé par le professeur Hubert Bost.
14h après-midi commémorative avec le professeur Hubert Bost.

Lundi 29 juillet : Vébron,
21h à Vébron, au temple, conférence de Patrick Cabanel : La guerre des Camisards : bilan trois siècles après.

A partir du 25 juillet : sentier d'interprétation de Pont-de-Montvert.

Du 25 juillet au 25 septembre, à l'écomusée du Mont-Lozère, exposition : Guerre civile en Cévennes, tricentenaire de la guerre des camisards (1702-2002), réalisée conjointement par les Archives départementales de la Lozère et l'écomusée du Mont-Lozère avec la participation du Musée du Désert. L'exposition sera à Mende aux Archives départementales du 1 octobre au 31 décembre 2002.

Antoine Court

Antoine Court (1696-1760), le "restaurateur du protestantisme" en France comme on l'appelle souvent, a joué un rôle important dans l'écriture de l'histoire des camisards. D'abord en écrivant un ouvrage fondamental et encore fort intéressant sur cette histoire, dont le titre complet est tout un programme : "Histoire des troubles des Cévennes ou de la guerre des camisars, sous le rêgne de Louis le Grand, Tirée de Manuscrits secrets et authentiques et des observations faites sur les lieux mêmes, avec une Carte des Cévennes", publié à Villefranche en 1760 par les soins de son fils Court de Gébelin (reproduction de la page de titre de l'édition originale ci-dessous). Ensuite, parce que pour écrire cet ouvrage, il passa une bonne partie de sa vie à recueillir des documents, mémoires, souvenirs sur cette guerre, à les susciter, à rechercher anciens camisards et galériens pour solliciter leurs souvenirs, à confronter ces souvenirs aux récits ou souvenirs publiés par d'autres camisards, etc.Il est bien certain que sans cette recherche qui dura plusieurs dizaines d'années, beaucoup de pièces très importantes auraient disparu, beaucoup de mémoires, comme le mémoire de Rampon qui est transcrit dans ce site, n'auraient même jamais été rédigés.

Les Papiers Court sont conservés à la Bibliothèque Publique et Universitaire de Genève (environ 140 volumes, dont aucun inventaire scientifique n'a été publié : le seul disponible est celui de Waddington en 1862, bien insuffisant). Une copie manuscrite des Papiers Court, réalisée au 19e siècle par le pasteur Gaidan, est disponible à la Bibliothèque de l'Histoire du Protestantisme, malheureusement incomplète, et parsemée de fautes de lecture, des noms de personnes et de lieux en particulier.

Quelques éléments de bibliographie sur Antoine Court :
- A. BORREL Biographie d'Antoine Court, auteur de la restauration du protestantisme en France après la Révocation de l'Edit de Nantes, ou Episode de l'histoire des églises du désert cévenol de 1713 à 1760, Toulouse 1863.
- Edmond HUGUES Histoire de la restauration du protestantisme en France au XVIIIe siècle d'après des documents inédits, Paris 1872
- E. COMBES Antoine Court et ses sermons, Lausanne 1896
Ces trois biographies anciennes sont à mon avis largement dépassées aujourd'hui, encore que celle d'Edmond Hugues soit accompagnée de documents en annexe très intéressants.

- PH. CARDON Antoine Court, Mémoire de maîtrise Paris IV 1981
- Les Mémoires d'Antoine Court, publiés une première fois par Hugues en 1885, ont été réédités par les Editions de Paris en 1995, dans une édition de Pauline DULEY-HAOUR intégrant les passages barrés par l'auteur et non repris par Hugues, et avec une introduction de Patrick CABANEL.
- H. BOST et C. LAURIOL Editeurs.Entre Désert et Europe, le pasteur Antoine Court (1695-1760), Actes du colloque de Nîmes, Paris, Champion 1998.

Sur le séminaire de Lausanne, fondé par Antoine Court :
- Claude LASSERRE Le séminaire de Lausanne (1726-1812), instrument de la restauration du protestantisme français, Bibliothèque historique vaudoise, Lausanne 1997

Sur l'œuvre de Court en tant qu'historien, consulter le chapitre V Un historien moderne : Antoine Court dans La légende des camisards de Philippe JOUTARD (Gallimard 1977).

L'ouvrage d'Antoine COURT Histoire des troubles des Cévennes a été réédité à Alès en 1819, et à Marseille en 1975 (Lafitte Reprints). Une nouvelle édition annotée et commentée devrait paraître prochainement aux Presses du Languedoc.

Quelques-uns des Mémoires camisards des Papiers Court ont été publiés :
- Les Mémoires de Corteiz (Papiers Court 17 H), publiés dans la biographie de Court par Hugues citée ci-dessus, puis en 1983 par la Société des Lettres, Sciences et Arts de la Lozère : Pierre Corteiz, pasteur du Désert (1683-1767), Mémoires et lettres inédites
- Les Mémoires de Bonbonnoux, publiés par le pasteur VIELLES : Mémoires de Bonbonnoux, Chef camisard et Pasteur du Désert, En Cévennes 1883, réédités en 1983 par les Presses du Languedoc avec les Mémoires de Mazel et de Marion qui eux ne sont pas conservés à Genève. Cet important ouvrage a été réédité par Les Presses du Languedoc en 2001.
- Les Mémoires de Jean Gaubert, publiés partiellement et d'après la copie de la BSHPF par Philippe JOUTARD, Journaux camisards (1700-1715), UGE 10-18, 1965. Le même ouvrage contient également des extraits des Mémoires de Marion et Mazel ainsi que les Mémoires de Bonbonnoux.

Enfin, je travaille à une édition des Mémoires concernant les fugitifs, prédicants, camisards, etc des Papiers Court, à paraître en principe en 2002. Cette édition présentera les textes intégraux mis en français, annotés et commentés des principaux textes inédits, ou partiellement édités (liste non exhaustive) :
- Le Mémoire Faïsse, la Relation sommaire, les Mémoires Bastide, Gout, Manuel, Gavanon, Bas, Fauché, Crébassac, Berger-Ragatz pour la période des prédicants
- Les Mémoires Massip, Rampon, Béchard, Gaubert, Colom, le manuscrit de St-Hippolyte, les mémoires de Calvisson et de Codognan, les Eclaircissements de Saltet pour la période camisarde
- La Relation Sallier, la Relation Ebruy, les Mémoires Roumegoux et Arsac pour le Vivarais, Martel pour le Dauphiné
- Peut-être quelques mémoires sur la période postérieure aux camisards comme le Mémoire de Combes ou celui du colporteur de livres Genouillac.

Pierre ROLLAND

Samuel Bastide

Samuel Bastide

Samuel Bastide est né à St-Jean-du-Gard en 1879. Après des études de théologie à Genève, il poursuit de pair une activité photographique et la lutte contre l'alcoolisme. Pour l'animation de ses soirées, il réalise à partir de 1908 des projections lumineuses, d'après les contes d'Alphonse Daudet d'abord, puis sur la Bible où l'histoire du protestantisme. Dans la dernière partie de sa vie, il publiera les séries consacrées à cette histoire : Les prisonnières de la Tour de Constance, Les galériens pour la foi, Les pasteurs du Désert, L'exode des huguenots, Les Camisards, La Tour de Crest. Certaines de ces brochures sont encore disponibles au Musée du Désert. Il meurt en 1962 à Lausanne.

Son oeuvre représente une quarantaine de montages qui totalisent près de trois mille vues. Les originaux des dessins relatifs à l'histoire du protestantisme ont été déposés au Musée du Désert, l'intégralité de ses montages audio-visuels (plaques et enregistrements des conférences) l'ont été au Musée des Vallées Cévenoles ainsi que son matériel et ses souvenirs.

Salomon Couderc

COUDERC Salomon, de la paroisse de Saint-André-de-Lancize, hameau de: Vieljouvès, né vers 1678.Listes Aff. Etrangères folio 189: "chef avec les attroupés, leur surnom : Couders dit les docteurs".
L'un des meurtriers de l'abbé du Chaila, camisard et prédicant inspiré, chef d'une petite troupe, il se rend le 30 septembre 1704 (Bosc IV 413) part en Suisse le 7 décembre (il est dit ailleurs 3 novembre). Il y touche la solde d'officier du régiment de camisards. En revient en février 1706 (Bosc V 538) est arrêté à Livron le 17 février 1706, et condamné "à faire amende honorable, nud en chemise, tenant en ses mains une torche ardente du poids de deux livres, au-devant la Croix de la place de l'Esplanade (à Montpellier) ...ensuite sera attaché à un poteau... et brûlé vif, son corps réduit en cendres et jetées au vent", sentence exécutée le 3 mard 1706 (Roschach Histoire du Languedoc tome XIV col 2038).Autres sources: Marion p178, Louvreleuil I.52, Bosc I 183, AD34 C189.491 (2e liasse) son interrogatoire. Voir l'affiche de sa condamnation sur notre site. Plusieurs membres de la famille des Couderc de Vieljouvès ont été impliqués dans la lutte pour la liberté de conscience : le frère de Salomon, David, blessé par une patrouille dirigée par l'abbé du Chaila en mars 1692 est amputé d'un bras à Alès. Il demeura 12 ans à la tour de Constance.

Il fut libéré le 2 novembre 1704 à la demande de son frère et partit avec lui en Suisse. Il mourut en route à Nantua. Un autre frère de Salomon, Jean, est mort à la bataille de Cessenades, un autre, Antoine, se rend en novembre 1704, pour ne parler que de ceux dont on est sûr de la parenté avec Salomon. (d'après Dictionnaire des camisards)

Antoine Aberlenc

ABERLENC Antoine, de la paroisse de Monteils (Mas de Barjac). "Chasseur" ou "valet" du sieur de Malérargues, plusieurs témoins affirment qu'il était à la tête des camisards dans l'attaque de Mons en février 1703. Il faisait partie d'un groupe de camisards sévissant en novembre 1702 dans les paroisses de St-Etienne de l'Olm et Deaux et qui en particulier supplicièrent la nommée Suzanne Bondurand à Deaux le 1er novembre 1702.

Il est condamné le 7 mai 1703 et rompu à Alès le jour-même, pour "crime d'assemblée illicite, Insandie, port d'armes, massacre".

Source: ADHérault C184.240 à 270, Bosc I . 287, le Livre de raison d'Henri Dumas. (D'après Dictionnaire des camisards)

Le mas Barjac
Le mas Barjac