Le nom de Canonge vient bien de chanoine, et remonte probablement au haut Moyen Age. Vers l?an mille, les chanoines de Notre-Dame de Nîmes avaient des propriétés en Cévennes (dons faits par des particuliers surtout), à St-Germain-de-Calberte par exemple, St-André de Lancize en 1019, la vallée de Dèze, le Pompidou, etc (voir Cartulaire de Notre-Dame de Nîmes publié en 1874 par Germer-Durand). Les chanoines du chapitre de Mende avaient eux aussi peut-être des propriétés en Cévennes (il y a d?ailleurs un Guillaume Canonge à Mende en 1303 (Feuda Gabalorum transcrit par Boullier de Branche). Bref de ces propriétés des moines plus que de leur présence concrète (rien ne prouve qu?ils aient habité les Cévennes), est originaire à mon avis le nom de Canonge donné d?abord à des lieux, et par extension à leurs habitants. Comme vous le savez probablement le lieu Canonge que l?on connaît en Cévennes est à St-Hilaire-de-Lavit (il y en a peut-être eu d?autres, mais je ne les connais pas). Ce lieu-dit Canonge semble exister depuis au moins 1343 (lieu-dit Canonia à St-Hilaire-de-Lavit qui est probablement le nom latin de Canonge, cité dans « En Cévennes St-Germain-de-Calberte » de N. Bastide et Maurice Canonge). Des Canonge habitent d?ailleurs toujours la Canonge vers 1550 (Vierne, Familles Cévenoles n° page 27).
Par ailleurs, pour citer une commune que je connais bien, au compoix de 1600, il y a huit Canonge inscrits comme propriétaires (sur 140).
Le protestantisme est arrivé en Cévennes (années 1550-1561) bien après les chanoines, et si l?abbé du Chayla s?est employé avec des méthodes pas douces à convertir ses habitants qui ne s?étaient convertis que très superficiellement au catholicisme, ce n?est pas en s?entourant de chanoines, mais de prêtres, venus pour la plupart de Mende et de la haute Lozère, et de ceux qu?il formait dans son séminaire de St-Germain de Calberte.
Pierre ROLLAND